Review: SPLIT

De M. Night Shyamalan


Sortie au cinéma le 22 février 2017 – Durée 1h57

 

Par Alexia Malige

Split : élargissez votre esprit

 

Avec le thriller horrifique Split, M. Night Shyamalan signe son grand retour sur les écrans. Le réalisateur du Sixième sens s’intéresse ici au trouble de la personnalité multiple, avec ses richesses et ses dangers. On plonge alors dans la vie de Kevin, un individu doté de 23 personnalités, et peut-être même d’une 24ème…

James McAvoy endosse le rôle (ou ces rôles) avec passion. Aussi fantastique qu’effrayant, il mute d’un personnage à l’autre avec une facilité déconcertante. Une minute dans la peau d’un enfant de 9 ans, la seconde dans celle d’un homme psychorigide atteint de TOC, il parvient à jouer cette dissociation d’identités avec brio. Et si le pitch paraît terrifiant au premier abord…et au deuxième, le film n’est par pour autant dépourvu d’humour. Selon le visage qu’il arbore, notre ami Kevin sait se montrer cocasse (malgré lui). Split en vient même à faire rire assez souvent pour que l’on oublie qu’il est censé faire peur. Certainement une ruse pour mieux surprendre ensuite…

Les blagues ont beau détendre cette atmosphère malsaine, on ne se sent quand même pas très à l’aise dans ce sous sol délabré. Plus l’histoire avance, plus le suspens et l’angoisse augmentent. On en vient même à douter du dénouement heureux que l’on pensait déjà acquis. Le stress monte et le cœur bat plus fort à chaque tentative de fuite. Sur ce point là, la réalisation est réussie. Elle nous garde en permanence sous contrôle et ne nous permet jamais de lâcher un moment. Tout comme Kevin détient les trois jeunes filles dans une chambre, Split nous emprisonne dans son ambiance sordide. Impossible de s’en défaire, la narration est passionnante et le sujet tout aussi captivant.

Les troubles de la personnalité ont souvent été abordés dans les films, mais jamais avec pareille intensité. Ici, on ne sait plus si l’on a affaire à Kevin ou Jade ou Patricia ou Dennis : tantôt le personnage est monstrueux, tantôt attachant. Il suscite même parfois de l’empathie, voire de la peine. En comprenant une partie de ses antécédents, de son enfance, on ressent de la compassion et non plus de la haine.

Split cherche vraiment à développer tous les aspects de cette pathologie et ne se concentre pas uniquement sur la peur qu’elle peut engendrer. Le film essaie d’aller plus loin que cela, tout en restant, bien sûr, dans le genre de l’épouvante. M. Night Shyamalan pouvait se contenter de terroriser avec un scénario faiblard, effleurant la folie de Kevin. Au lieu de quoi, il s’emploie à en justifier chaque parcelle, jusqu’à la plus démente. Ce qui le rend, finalement, encore plus inquiétant…

 

Alexia Malige