Mr.Robot

De Sam Esmail


Date de sortie saison 3 : 11 Octobre 2017


Une énième série de l’ère des antihéros? Mr. Robot se démarque et sort du lot. Du casting à la réalisation, en passant par les références cinématographiques, le chef-d’œuvre de Sam Esmail est en route pour une troisième saison.

Elliot Anderson est technicien d’une entreprise de cyber-sécurité le jour, hacker cyber-justicier la nuit, toxicomane et victime de phobie sociale. Difficile de s’imaginer dans la tête d’un tel personnage mais pourtant, grâce à des artifices très bien opérés tels que sa voix-off, la série va nous mener dans l’évolution de ce personnage singulier que « F-Society », le collectif de hackers anarchistes, va tenter de recruter. Son ennemi numéro un est le conglomérat E Corp pour lequel travaille l’entreprise de cyber-sécurité où Elliot est employé.

Du point de vue de sa réalisation, Mr.Robot a hérité de l’influence que Stanley Kubrick a eu sur son réalisateur, Sam Esmail. Des plans lourds, joués avec les gros plans et l’espace, sans oublier l’attrait du légendaire réalisateur pour les antihéros. L’atmosphère de la série baigne parfaitement dans la bande originale préparée par Mac Quayle, un univers électronique et sombre.

Une réalisation particulièrement travaillée.

Plus qu’un clin d’œil, le masque de F-Society, inspiré d’un film d’horreur imaginaire, se place comme un calque sur le modèle de ces hackers politisés. Référence à peine voilée au masque de Guy Fawkes, popularisé par le film V for Vendetta, et qui est devenu maintenant le symbole des hacktivistes d’Anonymous.

Les références cinématographiques sont d’ailleurs nombreuses à venir s’y glisser de manière plus ou moins déguisée. Que ce soit le glacial Tyrell Wellick, faisant penser fortement à Patrick Bateman dans American Psycho, la voix-off nous invitant à visiter l’esprit du protagoniste comme dans Taxi Driver, le mauvais trip d’Elliot façon Requiem for a Dream, la perception entre rêve et réalité de Vanilla Sky, la référence musicale à Fight Club avec une version piano de Where is My Mind ou encore un cameo de l’extraterrestre Alf, pour ne citer que celles-ci. À se demander si Sam Esmail a voulu faire plaisir au plus grand nombre ou justement apporter un jugement acerbe sur cette pop culture.

F-society

Mr. Robot se rapproche de la réalité pratique du hacker. Loin des séries de police criminelle ou celle des génies de l’informatique de Scorpion, Elliot utilise ici des technologies et des outils existants qui ont été étudiés avec l’aide d’un ancien hacker. Fini les zooms sur des images basse résolution qui révèlent une empreinte digitale analysable. Les technophiles apprécieront de voir enfin un vrai hacker dans une fiction.

Cependant, l’image du misanthrope asocial crée, certes, un personnage intéressant, mais ce stéréotype dépassé ne reflète plus la réalité du hacker moderne, qui a tout avantage à être socialement actif afin de se rapprocher de ses « proies ». Mais difficile de se plaindre du personnage d’Elliot, interprété avec brio par un profond Rami Malek.

Rami Malek est bluffant !

La performance des acteurs n’est d’ailleurs pas passée inaperçue. Rami Malek a été récompensé d’un Emmy Award pour son interprétation d’Elliot, un rôle qui l’a dévoilé au grand jour pour ceux qui ne le connaissaient pas encore. Il interprétera d’ailleurs l’illustre Freddie Mercury dans le biopic Bohemian Rhapsody, attendu en 2018. De son côté, Christian Slater a suffisamment impressionné le réalisateur Santiago Mitre par son jeu dans les longs dialogues pour que ce dernier lui offre un rôle dans le film politique El Presidente. De plus, lui aussi a obtenu une récompense avec le Golden Globe du meilleur second rôle dans une série.

Mais ce serait réducteur de ne considérer que la performance de ces deux personnages tant chaque acteur apporte un personnage riche et mis en valeur, que ce soit via l’art de la prestation, la complexité de son personnage ou encore le talent du réalisateur, permettant ainsi de leur attribuer un certain poids au milieu des géants.

S’il fallait toutefois retenir un bémol de cette série, il s’agirait du rhytme imposé. Des scènes longues et lourdes, voulues par les réalisateurs, mais qui risquent de faire décrocher rapidement ceux qui n’ont pas encore croqué dedans. Les deux premières saisons prennent du temps avant d’exploser en rythme dans leurs derniers épisodes, ce qui récompensera les plus patients.

De quoi se réjouir de la saison 3, dont le premier épisode est annoncé au mercredi 11 Octobre 2017.

Raphaël Jud

😀
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