Les garçons sauvages de Bertrand Mandico

Cette année, le film qui a ouvert la seizième édition du LUFF (Lausanne Underground Film & Music Festival pour les intimes) n’est autre que Les garçons sauvages.


Inspiré du roman du même nom Les garçons sauvages de William S. Burroughs, où des adolescents insoumis prônent le chaos avec une ‘’légère’’ touche de sadisme, frôlant presque la poésie. En somme, « des garçons du désert aussi timides que les renards et des garçons-rêves qui se voient dans leurs songes ».

Ce petit prélude extrait du livre convient tout à fait pour entamer une légère discussion autour du premier long métrage de Bertrand Mandico, récompensé et couronné à de multiples reprises pour ses courts métrages comme Notre dame des hormones (2015) ou Depressive Cop (2016). Le réalisateur français Bertrand Mandico s’attaque à une nouvelle approche visuelle, tout en conservant son univers habituel situé entre onirisme et gore, kitch et surréalisme. Il s’agit d’un travail complet et touche à tout de sa part, dans un mouvement d’éveil permanent, en appuyant cette idée de stéréoscopie : avoir deux images différentes dans chaque œil, et c’est là que commence la narration.

Trevor est dangereux

Pour parler du film ou du choix de la captation, mon lexique se retrouve pantois dans un piège à mots, suspendu au-dessus de deux lampes halogènes rouges aux visages renfrognés, tant le genre même est inclassable.

Mêlant phases en noir et blanc et phases en couleur, les sentiments dominants sont ceux de la rébellion, du chaos et du fantasme. Entre attirance sexuelle et désir macabre, nos cinq compagnons évoluent dans un monde théâtralisé et noir. Cinq garçons de familles aisées s’évadent dans les livres, les pièces de théâtre et les horreurs au nom de l’ennui, face à une vie trop calme et monotone, trop juste et trop douce. Invulnérables et fiers, leurs parents les envoient dans une expédition punitive sur un bateau, seuls avec le capitaine, leur chimère et Trevor. Confrontés à leurs mots dans une escalade amère et aveuglante de couleur, ces éphèbes vont découvrir l’île qui va les unir pour le meilleur et surtout pour le pire, à l’instar de Sa Majesté des mouches.

Après la projection, nous avons eu la chance de rencontrer Elena Löwensohn, actrice du film et surtout muse du cinéaste, pour échanger nos impressions et points d’intérêts. Pour des personnes qui aiment le cinéma, plonger ainsi dans cet univers  casse d’une part l’habituel vision du cinéma type therrine (cf. Les Orties) et d’autre part cette hiérarchie entre acteur et spectateur. Parler du film à chaud est une tâche compliquée tant le bain d’émotions et de sensations est brûlant. Derrière cette violente sexualité apparente, c’est l’innocence derrière chaque plan et chaque sonorité, fruit d’un travail particulier et envoûtant :

« On y va voir, et on en revient pantelant. » Bernard Delvaille, Combat (1973).

Jean-Konrad Mignon

 

Sources