Que s’est-il passé le 9 novembre ? Au fils des années, cette date reste marquante. Qu’elle ait changé le monde ou un pays, elle reste dans les souvenirs de tous. Des événements tragiques ont eu lieu. Alors que demain, un nouveau 9 novembre prendra place, découvrez l’histoire de ses prédécesseurs.
Le 9 novembre 1799
Pays : France
Depuis 10 ans maintenant (1789), la révolution française fait rage. La société très inégalitaire, entre l’aristocratie, le clergé et le tiers état, est remise en cause. La monarchie héréditaire doit être remplacée pour un régime républicain. La France doit faire face à une grave crise économique et politique.
Le Directoire, avec ses 5 directeurs à sa tête, dirige le pays. Deux assemblées législatives l’aident pour accomplir cette lourde tâche, le Conseil des Cinq-Cents et le conseil des Anciens (ancêtre du Sénat français)
Emmanuel-Joseph Sieyès, membre des Cinq-Cents, veut mettre un terme à la constitution de l’an III. Seulement, il a besoin de l’armée. Aidé de Lucien Bonaparte, le président de cette assemblée, il fera appel au général Napoléon Bonaparte, le frère de Lucien. Le général est devenu très populaire grâce à ses nombreuses batailles gagnées. Il rentre alors d’Égypte, où il avait été envoyé dans le but de contrarier la puissance coloniale britannique.
Sieyès a besoin de Bonaparte pour changer le régime, par surprise et avec la force. Il veut tenter un coup d’État.
Le 9 novembre, Sieyès et Lucien Bonaparte organisent le déplacement des deux assemblées. Ils partent de Paris pour Saint-Cloud. Ils leurs donnent la découverte d’un attentat comme raison officielle, il faut les protéger du danger. Mais officieusement, ils veulent isoler les deux assemblés ainsi que les encadrer par des militaires.
Le but de cette manœuvre est de les obliger à voter pour le changement de régime voulu par les organisateurs du coup d’État. Seulement, les débats prennent du temps, et personne n’est prêt à signer pour le changement.
Les débats se révèlent vifs et tendus. Finalement, le lendemain, Napoléon Bonaparte donne un discours mais reste très maladroit. C’est donc son frère qui fait appel aux militaires pour qu’ils chassent les députés. Finalement plusieurs membres signeront.
Ce coup d’État met fin à la période du Directoire. Napoléon Bonaparte surprendra tout le monde en devenant le consul principal, avec Emmanuel-Joseph Sieyès et Roger Ducos comme les deux autres consuls. La révolution française est terminée. La période du Consulat commence puis la prise de pouvoir totale de Napoléon introduira une nouvelle politique.
Le 9 novembre 1923
Pays : Allemagne
La Première Guerre Mondiale s’est terminée sur une défaite pour l’Allemagne. Un nouveau régime naît, la République de Weimar. Mais elle est très contestée. Certains lui reprochent d’avoir accepté le diktat de Versailles. Elle serait à l’origine de tous les malheurs du pays.
La santé de l’Allemagne est affaiblie. Les quatre années de guerre et les conditions imposées par les vainqueurs sont dures. De plus, elle a perdu des territoires importants pour son économie. Ils constituaient une richesse essentielle. Des grèves apparaissent partout et les licenciements se font importants. L’instabilité politique provoque aussi une flambée des prix. Il faut plusieurs dizaines de milliards de marks pour s’offrir un dollar américain ou une baguette de pain.
Tous ces facteurs encouragent l’agitation révolutionnaire. Ils profitent aux partis d’extrême droite, comme le NSDAP (parti national socialiste allemand), fondé en 1919 et dirigé par Adolf Hitler depuis 1921.
A Berlin, le président de la République Ebert et le chancelier Stresemann imposent l’état d’urgence. Mais la Bavière refuse et proclame son propre état d’urgence. Un triumvirat voit le jour. Le commissaire d’État Gustav Von Kahr, le général Otto Von Lossow (commandant de la Reischwehr) et le colonel Hans Von Seisser (chef de la police) ont des pouvoirs dictatoriaux.
Le 9 novembre, Hitler va s’inspirer de la marche sur Rome de Mussolini (1922) pour organiser un putsch à Munich et ensuite marcher vers Berlin.
Ce jour-là, les trois dirigeants de Bavière sont dans une brasserie, le Bürgerbräukeller. 3000 bourgeois les écoutent. Les militants du parti nazi investissent alors le lieu. Hitler monte sur l’estrade et entraine les dirigeant bavarois avec un révolver à la main dans une arrière-salle. Il veut leur pouvoir. Les politiciens font mine de céder pour pouvoir rentrer chez eux.
Le putsch parait avoir réussi. Mais le lendemain, alors qu’Hitler mobilise ses troupes et les fait défiler dans la rue pour faire plier Von Kahr, la police se prépare. 2000 partisans d’Hitler se retrouvent face à une force de police importante. 16 militants sont tués.
Finalement, Hitler est arrêté et condamné à cinq ans de prison. Il se sert alors de son procès pour gagner en notoriété. Il ne fera que neuf mois enfermés. Et il écrira en prison son célèbre manuscrit, son projet politique. Mein Kampf. Ce putsch sera commémoré par les nazis chaque année jusqu’à la fin de la Seconde Guerre Mondiale.
Le 9 novembre 1938 :
Pays : Allemagne
Hitler est au pouvoir depuis 1933. La situation des Juifs se détériore. En 1935, ils perdent leur citoyenneté allemande et sont privés de nombreux droits. Après l’annexion de l’Autriche en 1939, Hitler sent que l’Allemagne est sure d’elle, forte sur le plan militaire. Il reprend alors une politique antisémite plus intense.
L’événement qui déclenchera tout se passe le 07 novembre, à Paris. Un diplomate nazi, Ernst Von Rath, se fait assassiner. Le meurtrier est un jeune Juif Allemand de Pologne, Herschel Grynszpan.
Hitler veut profiter de cet événement pour toucher les Juifs. Il veut encourager leur exil et s’emparer de leurs biens en même temps. Tout un programme est préparé et encadré par les nazis.
Le 9 novembre, la SA (Sturmableitung), la SS (Schutzstaffel), le SD (Sicherheitsdienst) et la Gestapo ont pour ordre d’incendier des synagogues. Les appartements et commerces juifs sont saccagés. La police ne doit pas intervenir contre les incendiaires et les pompiers doivent s’assurer que seules les propriétés non juives aux abords des synagogues ne prennent pas feu.
Environ 100 Juifs sont assassinés, 25’000 envoyés en camps de concentration. 267 synagogues et 7500 commerces sont détruits. Dans certaines villes, la population aide à frapper et humilier les juifs. Les nazis font croire à un mouvement populaire.
Cet événement est aussi appelé la nuit de Cristal, dû aux morceaux de vitrines cassées qui jonchaient les rues.
Selon les historiens, cette explosion de violence a signé le début de la campagne d’extermination des Juifs par le régime nazi. La Solution Finale sera mise en place peu de temps après.
Le 9 novembre 1989 :
Pays : Allemagne
Après la Seconde Guerre Mondiale, l’Allemagne est divisée. Les États-Unis, l’Angleterre, la France et l’URSS se partagent le pays.
Après quelques années, un conseil parlementaire Allemand est constitué pour l’Allemagne de l’Ouest, regroupant trois zones (Américaine, Britannique et Française). Konrad Adenauer est à sa tête. C’est la République Fédérale Allemande, RFA.
En face, l’URSS favorise la proclamation de la République Démocratique Allemande, RDA.
Berlin est à l’image de l’Allemagne. D’abord divisé en quatre, le bloc de l’ouest se regroupe. Seulement, la délimitation n’est pas seulement dans les esprits. Elle prend la forme d’un mur bien physique. Le mur de Berlin, séparant l’Est, influencé par l’URSS et l’ouest, influencé par les États-Unis.
28 ans après la construction de ce mur, le peuple n’en veut plus. Il manifeste tous les jours, exigeant un changement radical de politique. Il veut pouvoir circuler librement à l’Ouest, sans condition. « Demokratie – jetzt oder nie » (démocratie maintenant ou jamais).
La Tchécoslovaquie et la Hongrie servent de passage pour des Allemands de l’Est qui veulent rejoindre la RFA. Chaque jour des milliers d’Allemands fuient. Face à cet afflux d’émigrants, la Tchécoslovaquie menace de fermer ses frontières. La RDA doit autoriser un passage direct vers la RFA.
Le 9 novembre, Gerhard Lauter, le directeur du service central des Visas, décide d’aller au-delà de ses compétences et rédige un texte de loi. Celui-ci accorde la libre circulation vers l’Ouest, sans conditions de durée et sans préalable. La demande doit juste être faite officiellement, et les autorisations seront délivrées rapidement.
Ce papier est transmis dans l’après-midi au Politburo. Le comité central du SED (parti communiste dirigeant en RDA) organise une réunion. Egon Krenz, le secrétaire général du parti la soumet à l’auditoire. Tout le monde l’approuve, sans poser de question. La nouvelle réglementation entrera en vigueur le lendemain,10 novembre, à quatre heures du matin.
Schabowski est membre du Politburo, en charge des relations avec les médias. Il arrive en retard à la réunion et est absent lors des discutions sur cette nouvelle réglementation. Il est le porte-parole du comité. Une conférence de presse internationale est prévue et il doit présenter les dernières décisions. Krenz lui donne une feuille résumant l’ouverture des frontières pour la conférence en début de soirée. Seulement, il omet de lui indiquer la date d’entrée en vigueur.
La conférence de presse est longue, Schabowski oublie la feuille. Un journaliste italien, Riccardo Ehrmann intervient. Il questionne le porte-parole sur le projet de séjour à l’étranger. Il fait référence à une loi passé le 6 novembre puis avortée. Elle autorisait un séjour de 30 jours maximum à l’étranger. Schabowski se souvient alors de la feuille remise par Krenz et la lit à voix haut, comme s’il la découvrait pour la première fois. Il annonce que les visas pour voyager ou émigrer à l’étranger seront délivrés sans condition préalable. Le journaliste italien demande alors à partir de quand. Schabowski n’a pas la réponse, il improvise « Immédiatement ».
Toutes les télévisions allemandes et radios partagent l’information. C’est l’euphorie.
Tout le monde se rue aux frontières, pour enfin passer ce mur. Les gardes-frontières sont confus, ils n’ont reçu aucun ordre. Finalement, face à la masse d’Allemands, il n’y a pas d’autre solution que d’ouvrir les portes.
Les jours suivant, la population commencera à détruire le mur à coup de pioches. Mstislav Rostropovitch improvisera un concert au pied du mur. La réunification de l’Allemagne suivra, ainsi que la fin de la guerre froide.
Le 9 novembre 2019
Demain, nous serons le 9 novembre 2019. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il y a 30 ans de cela, un mur s’est écroulé. Des amis ont pu se revoir après 28 ans, des enfants ont pu enfin rencontrer des membres de leur famille. Un pays a pu se réunifier.
Des événements terribles se sont produits, beaucoup se produisent encore maintenant, et malheureusement, trop se produiront. Mais nous pouvons changer les choses. Nous pouvons faire de nos 9 novembre futurs des jours à célébrer, telle cette chute du mur.
Et si nos différences politiques, physiques, morales, ne devaient pas nous séparer, mais plutôt nous rapprocher ? Faisons de demain un 9 novembre inoubliable, fait de respect, d’amour et d’ambition pour un monde meilleur.
Olivia André
Le 9 novembre 1799 :
Le 9 novembre 1923 :
https://www.herodote.net/9_novembre_1923-evenement-19231109.php
Le 9 novembre 1938 :
Le 9 novembre 1989 :
Sources photos :
https://www.tracesofwar.com/sights/12941/Plaque-Killed-Policemen.htm