Mardi se tint la Career Networking Fair du Centre de Carrière HEC. En bon juriste, éternellement boudé par ces job fair dont la coutume est de n’avoir d’yeux que pour nos chers voisins de la faculté des HEC, je m’attendis à ce sempiternel sentiment saumâtre. Celui-ci a ceci de singulier qu’il surgit déjà le soir précédent, lorsque ces grandes planches blanches ornent le désert nocturne d’un Internef d’hiver. Puis, le lendemain, celui-ci se mue en bougonnerie matinale devant l’exfiltration nécessaire et désespérée de cette cohue pour rejoindre les bancs de l’université.
Mon goût pour les citations, qui me vient très certainement d’un des livres de ma mère – Le Dictionnaire des citations du monde entier de Karl Petit – me conduisit une fois de plus à percevoir les choses sous un angle nouveau. « Les problèmes sont des opportunités en vêtements de travail ». Aussi, l’industriel américain Henry J. Kaiser me conseilla-t-il de sortir de l’amphithéâtre et de faire bonne besogne de cette satanée journée. Il fallut tenter tant bien que mal de transformer une situation désagréable en une source de satisfaction.
En troisième année de bachelor, j’ai eu la chance de rejoindre une Étude de la place lausannoise en qualité de juriste après quelques stages d’été et d’hiver. D’y découvrir et y apprendre la profession d’avocat de la plus pragmatique des façons et sous les ailes d’un formateur expérimenté et investi. C’est cet esprit que j’ai souhaité insuffler dans le projet ARCH lors de sa fondation. Qu’il soit le terreau fertile d’opportunités de relations professionnelles et de l’acquisition d’un savoir-faire. Qu’il pallie le manque de pratique du cursus académique. Qu’il profite à tous les étudiants en droit désireux de saisir leur chance.
Quel endroit plus épanouissant qu’un lieu, le temps d’une journée, dédié à la culture d’opportunités ? Alors j’arpentai l’Internef et ses nombreux exposants. L’administration fédérale et son armée de juristes. L’État de Vaud et ses nombreux départements ainsi que son ordre judiciaire. Les banques et leurs secteurs compliance, fiscalité ou juridique. Les compagnies d’assurance. Les big four et même celui qui se revendique le cinquième. Alors pourquoi bouder les étudiants en droit ? Je remarquai que tous ou presque furent intéressés par tous les étudiants.
Stand après stand, représentant après représentant, goodies après goodies – car personne ne saurait y résister – c’est auprès de tous que je reçus la bonne parole : juristes, vous êtes les bienvenus. Et plutôt que de résonner selon le même son de cloche, je m’intéressai à chacun et chacune, sans la moindre intention de candidatures à l’horizon – ne serait-ce que parce qu’elles ne fussent préparées. Puis, je me surpris à apprécier tant la préparation que la liberté dans la présentation de leur employeur, les témoignages de ces travailleurs et travailleuses et les visions que chacun et chacune partageait au sein des employés.
C’est donc avec un sentiment tout autre que je repartis de cette job fair, et un avis tout aussi différent. Je tirai alors la conclusion, suivie par la suite par l’ensemble des membres du comité d’ELSA Lausanne, que nous aussi, juristes, devrions nous atteler à la tenue d’un tel événement pour les étudiants en droit.
Alors, que ferez-vous le 11 mars ?
Baptiste Favre