Ari Aster, le nouveau maitre de l’horreur (garanti sans spoiler)

Ari Aster, 33 ans, scénariste et réalisateur américain, est en train de s’imposer comme une des figures montantes du cinéma américain. En effet, avec seulement deux long-métrages à son actif, Aster fascine par la maitrise de sa réalisation et par l’originalité de ses scénarios. Ces deux films, Midsommar et Hereditary, ont été produits par la société de production américaine A24, jeune société indépendante en pleine croissance qui propose de nombreux films produits souvent par de jeunes réalisateurs peu connus. En plus de Midsommar et Hereditary, Ari Aster avait déjà marqué les esprits en 2011 avec son court métrage The Strange Thing About The Johnsons (disponible sur Youtube).

Voici un petit résumé de ces trois films qui laissent tous une trace dans l’esprit.

Midsommar (2019) :

Un groupe de jeunes étudiants américains est invité par une communauté suédoise à célébrer le Midsommar, le solstice d’été suédois, dans le village de la communauté en Suède. Petit à petit, ils vont comprendre qu’on ne les a pas fait venir pour la raison qu’ils croyaient.

Ce long-métrage de deux heures et demi se situe à la frontière de l’horreur, dans un climat très étrange. Midsommar nous plonge dans une ambiance fascinante et terrifiante assez unique. En effet, ce film, très esthétique, sort du lot avec de nombreux plans très épurés et des transitions soignées. Même la musique, à la frontière entre la musique traditionnelle suédoise et une musique classique de film d’horreur, reste tout à fait singulière. Pratiquement toute l’intrigue se passe de jour en été, et le blanc est la couleur prédominante du film. Ces deux éléments rompent complétement avec les films d’horreur/thrillers classiques où le noir est prédominant et où la majorité des scènes effrayantes se passe de nuit et souvent dans des endroits mal éclairés. Dans Midsommar, le blanc devient presque terrifiant, fascinant.

En bref, ce film, qualifié par Ari Aster de « rupture amoureuse » (je n’en dis pas plus), ne vous laissera pas indifférent.

Hereditary (2018) :

Au décès de sa mère, Annie commence à vivre des phénomènes étranges au sein de sa famille, réalisant peu à peu que certains schémas se reproduisent comme par hérédité.

Contrairement à Midsommar, Hereditary se situe bien dans la tranche des films d’horreur « classiques » avec des décors sombres et une intrigue qui se déroule souvent la nuit. Ce premier long-métrage d’Aster de deux heures et demi est purement et tout simplement terrifiant, les vingt dernières minutes du film sont tout simplement un pur condensé d’horreur. Cependant, comme dans Midsommar, Ari Aster parvient à nous déranger, sans utiliser de « screamer » ou « scare jump », ces scènes très présentes dans les films d’horreur classique où le spectateur va soudainement sursauter à cause d’un monstre à cinq têtes jaillissant soudainement des flammes de l’enfer afin de venir le torturer avec des exercices d’allemand. Les films comme les « Annabelle » ou comme les « Conjuring » en sont truffés. L’horreur chez Aster est bien différente : pas de sursaut, ni de cri : vous sentirez simplement dans votre nuque un sentiment glaçant de terreur face à des scènes extrêmement perturbantes.

The Strange Thing About The Johnsons (2011):

Ce court métrage, d’environ une demi-heure, réalisé en 2011, raconte l’histoire d’une relation incestueuse entre le fils du couple Johnson et son père. À nouveau, Ari Aster réussit à créer en nous un inconfort palpable, en traitant d’un sujet tabou depuis l’Antiquité : l’inceste parent-enfant. C’est ce genre de film qui nous fait réaliser que certaines choses, bien qu’interdites, comme les meurtres, la torture etc., dérangent bien moins lorsqu’elles apparaissent au grand écran qu’un film traitant d’inceste même sans aucune scène explicite.

Nous prenons donc conscience que certains éléments sont ancrés dans nos esprits comme des sortes d’archétypes, nous faisant considérer un acte comme tabou. Ce n’est pas pour rien que Sigmund Freud, avec sa théorie de l’Œdipe, choqua et choque toujours autant.

Voilà, j’espère vous avoir convaincu de regarder, pendant le confinement, toute l’œuvre (brève mais intense) de Ari Aster. Ce que j’adore avec ce réalisateur, outre l’absence de « screamer », c’est qu’il arrive à créer des ambiances et nous faire nous questionner sur notre vision des choses. Enfin, tout comme Inception ou encore American Psycho, les films d’Aster font partie de la catégorie de films « où on va regarder une explication sur internet parce qu’on a pas compris la fin ».

Jean Loye
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