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QUAND LES « GREEN BONDS » VOLENT AU SECOURS DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

Les mutations que connait le climat aujourd’hui sont une lapalissade. Depuis 1850, la concentration de CO2 dans l’atmosphère s’est accrue pour passer de nos jours de 280 à 400 ppm (partie par million). Dans le même temps, la température mondiale moyenne a augmenté de 0,85°C depuis 1880 (1,8°C environ depuis 1864 en Suisse). Le réchauffement climatique ainsi commencé se poursuivra au cours du XXIe siècle, même si nous parvenons à réduire les émissions de gaz à effet de serre. On ne va sans doute pas s’arrêter sur cette image assez larmoyante. En posant clairement le problème et ses implications, on se rend compte, fort heureusement, qu’un bal est donné en l’honneur des solutions. Les marchés financiers eux aussi se joignent à la danse de solutions à trouver pour une économie bas-carbone.

La position du problème

Le marché de l’énergie est en constante évolution : les prix augmentent de façon exponentielle. L’une des raisons fondamentales de la hausse des prix de l’énergie, c’est justement que les transitions climatiques impliquent que les acteurs et producteurs d’énergie fossile (de pétrole par exemple) produisent moins et ne font plus d’investissements. En effet, faire des investissements massifs dans des nouvelles sources d’extraction d’énergie fossile est un mauvais pari sur l’avenir pour les sociétés de ce secteur quand on sait que ledit avenir se tourne progressivement vers une baisse d’utilisation de ce type d’énergie. De plus, n’occultons pas les objectifs de réduction des émissions de carbone qui pèsent sur ces entreprises. Donc, du côté de l’énergie fossile, on a moins d’investissements et par là même, moins d’offre avec à contrario en face, une demande forte. Le cas échéant, il devient quasi normal que les prix montent. Au monde de se tourner vers des alternatives.

À ce propos, le Directeur de l’Agence de l’Énergie Internationale préconise des investissements dans les énergies renouvelables beaucoup plus importants que ce qui se fait maintenant pour assurer une meilleure transition des énergies fossiles aux énergies renouvelables parce qu’à court terme, la réduction de la production d’énergies traditionnelles, qui entraîne avec elle l’augmentation des prix, aura potentiellement pour conséquence de déboucher sur une crise énergétique.

La solution des « green bonds »

À l’écoute des alternatives, les gouvernements réagissent. Ils investissent. Pour investir, il faut avoir de l’argent lequel est trouvable sur les marchés financiers. C’est ainsi qu’ils (les gouvernements) émettent des obligations en les orientant vers le soutien des projets d’énergies renouvelables : on parle donc de « green bonds ». Comme l’indique leur nom, ce sont des obligations vertes dont les fonds reçus sont utilisés pour la réalisation des projets verts, c’est-à-dire des projets qui sont liés à la transition climatique tels les projets sur les énergies renouvelables. Il s’agit d’une initiative volontaire. Et pour garantir que les fonds sont véritablement utilisés pour les projets verts, le développement du marché a donné lieu à des standards. Ainsi, désormais, les émetteurs de « green bonds » sont régulièrement certifiés et audités par des auditeurs externes qui, au départ, valident si les projets sont véritablement des projets verts et, par la suite, vérifient annuellement que les fonds sont bel et bien utilisés pour lesdits projets verts. Précisons que cet audit est volontaire mais son absence rend sceptiques les prêteurs de l’obligation en question.

Une autre particularité de ce type d’obligation verte est la différence entre son prix d’émission et celui d’une émission d’obligation traditionnelle. Le prix de la première est généralement plus élevé et donc son rendement est un peu plus bas. En clair, avec une rentabilité des obligations vertes légèrement inférieure à celle des obligations classiques, on gagne moins en prêtant une obligation verte. On n’assiste pas à une dissuasion pour autant. La pression politique de la participation au processus de transition climatique, et l’image positive qui en découle pour les institutions qui s’y adonnent, l’emportent sur la légère perte qui en résulte. L’Allemagne est un pionnier en la matière ; une institution comme le FC Barcelone a également émis ce type d’obligation verte pour la rénovation de son stade ; la ville de Tokyo aussi pour la construction d’un de ses métros.

C’est dans ce sens que l’Union européenne (ci-après entendu comme l’UE) vient d’émettre pour 12 milliards d’euros de « green bonds » sur le marché, soit la plus grosse émission d’obligations vertes jamais enregistrée, juste après le Royaume-Uni qui avait, il y a peu, émis son premier « green bond » pour 10 milliards d’euros. C’est ici le lieu de rappeler que cela fait partie du programme global de reprise post-COVID mis en place par l’UE avec pour objectif de dépenser pour stimuler l’économie et ressortir de la crise COVID-19. Sur les 800 milliards d’euros d’investissements à financer, les obligations à hauteur de 12 milliards ont été émises sur les marchés financiers par l’UE et les bénéfices seront ensuite distribués aux États membres pour des projets verts, en l’occurrence des projets d’énergies renouvelables.

Seulement, l’inactivité de la Suisse dans ce domaine d’investissement surprend quelque peu (ou pas en réalité, considérant sa grande aversion à la dette) surtout quand on sait qu’elle fait elle aussi face à des problèmes d’énergie vu qu’elle produit de l’énergie nucléaire que les adaptations aux changements climatiques recommandent de remplacer à un moment donné. Dans son programme colossal de transition climatique, il serait peut-être temps d’y intégrer – qui plus est maintenant avec des taux d’intérêts bas – ce type d’émissions de « green bonds » pour soutenir les projets sur les énergies renouvelables.

À l’arrivée, nous espérons le pari de la transition énergétique, réussi.

Vivien Bekam Kengne
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