La représentation médicale dans les médias : l’exemple Raoult

Dans notre monde actuel, les médias, la télévision et l’avènement des réseaux sociaux engendrent des fake news qui sont souvent au centre de l’information. Les médias ont cet énorme pouvoir de modifier comme bon leur semble ce qu’ils vont écrire. Vu que les informations sont faciles et rapides à trouver, la société se croit ‘’cultivée’’ alors qu’elle ne l’est pas vraiment. Cette même société a donc la critique bien plus facile ou, au contraire, idéalise sans vraiment connaître les véritables enjeux mis en place, sans avoir un avis totalement critique.

C’est exactement ce phénomène que je vais vous présenter, avec le professeur Raoult en guise d’exemple.

Cet exemple démontre parfaitement les deux facettes du monde des médias, l’amour et la haine, ou autrement dit, l’idéalisation et la critique.

Didier Raoult est un chercheur et professeur microbiologiste français, qui a également fait des études de médecine. Sa grande notoriété médiatique vient en 2020 lorsqu’il affirme dans les médias qu’un remède à base d’hydroxychloroquine est un remède efficace face à la COVID-19 et pourrait donc mettre fin à la crise sanitaire. Les études produites par la suite ont toutes été défaillantes et encore aujourd’hui, aucune preuve concrète démontre l’efficacité du traitement. Avec cette prise de position, Raoult devient l’une des personnalités les plus suivies dans les médias et même sur les réseaux sociaux.

Rapidement, une polarisation apparaît : on l’aime ou on le déteste.

Du côté ‘’pro’’, Raoult est adoubé par des personnalités très influentes comme Elon Musk ou le président brésilien Bolsonaro. Son traitement miracle donne espoir à la population, il est vu comme la solution pour sortir de la pandémie qui vient à peine de commencer. Que ce soit dans la presse à sensation, sérieuse ou sur les réseaux sociaux, on ne parle que de lui. Il est souvent invité sur les plateaux télés, pour toucher toutes les parties de la population.

Pour crédibiliser ses propos, la presse qualifie souvent Raoult comme ‘’star de la microbiologie’’ ou ‘’sauveur’’. Il est mis en avant avec des images de lui en blouse blanche, dans son cabinet, ce qui nous rappelle son métier et ses fonctions.

De plus, Raoult représente parfaitement l’image de l’anti-système. En effet, il est très apprécié par les personnes réticentes au vaccin, au confinement ou au pass sanitaire. Raoult représente la résistance et l’espoir face au système politique mis en place. Il incarne également l’opposition au lobby pharmaceutique, en proposant une solution bien moins chère que la vaccination.

Tous ces éléments amènent donc le professeur Raoult sur le devant de la scène. Dans la situation de panique que l’on connaît en 2020, Bolsonaro ira même jusqu’à proposer la chloroquine comme traitement de base, alors que, comme déjà cité, aucune preuve valable ne lie le médicament à la guérison de la maladie.

Nous pouvons donc souligner ici l’incroyable force de la médiatisation. En l’espace de quelques semaines, une simple affirmation sans preuve concrète a fait trembler le monde médical, qui se devait de réagir.

D’un autre côté, nous avons donc le milieu médical qui croit en la médecine basée sur les faits (Evidence Based Medecine) et qui se voit donc dans l’obligation de réfuter les propos. De nombreuses études et analyses mettent en évidence l’inefficacité, voire la dangerosité du traitement dû à ses nombreux effets secondaires.

Raoult finira même devant l’Ordre des médecins. On l’accuse d’avoir manqué à son devoir confraternel. Il met en danger ses confrères vis-à-vis de leur patient réclamant ce médicament.

Cette polarité démontre donc parfaitement le problème actuel : dans cette période spéciale, les médecins deviennent des ‘’stars’’, des personnalités publiques et l’image d’un seul médecin peut influencer l’image de toute la profession. Il est important de souligner que le problème de la médiatisation de la profession médicale existait déjà bien avant le 21ème siècle, comme en témoignent les nombreux tableaux représentant les médecins comme des diables.

En conclusion, nous pouvons voir qu’il est très facile de manipuler l’opinion du lecteur. Le pouvoir médiatique est énorme. Il a la capacité de montrer ce qu’il juge important d’être montré et de cacher ce qu’il ne veut pas dévoiler. On en vient même à se poser la question suivante : la critique individuelle n’est-elle pas le simple reflet de ce que les médias affirment ?

Tristan Bochatay
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