Le tatouage : d’art marginal à effet de mode

D’art ancestral à moyen d’expression moderne, le tatouage a connu bien des statuts au fil des siècles et parmi bon nombre de cultures. Souvent réservé aux marginaux ou utilisé comme signe de reconnaissance entre gangs, le tatouage est aujourd’hui devenu commun et s’est inséré dans les mœurs de notre époque. Dans cet article, nous explorerons ses origines ainsi que ses différents styles et les différentes visions culturelles portées sur cet art.

Les premières traces de tatouage dans l’histoire

Les plus anciens tatouages retrouvés à ce jour appartiennent à une momie appelée Ötzi, datant de plus de 5300 ans. Elle fut retrouvée dans les Alpes italiennes en 1991. Les Scientifiques ont déterminé que ses tatouages avaient probablement des vertus thérapeutiques, étant placés sur des articulations afin d’éventuellement soigner l’arthrose. Ils étaient faits par des incisions dans lesquelles on frottait du charbon de bois (probablement loin des mesures d’hygiène strictes d’aujourd’hui).

L’origine du mot

Le mot tatouage vient de « tatau » en polynésien. Cette pratique remonterait à -1300 avant J.-C. et était un rite initiatique visant à marquer les étapes importantes de sa vie à l’aide de dents de requin et d’os taillés. Il servait aussi de marqueur social, n’étant accessible que par les classes supérieures. Dans d’autres communautés comme les celtes ou les égyptiens, ces ornements avaient des significations similaires et pouvait aussi servir d’amulettes de protection contre divers maux.

Un art présent partout

Après son interdiction par l’Eglise en 787 pour ses connotations païennes et son interdiction dans l’Ancien Testament (Lévitique 19 :28 ; « Vous ne ferez point d’incision dans votre chair pour un mort, vous n’imprimerez point de figures sur vous. Je suis l’Eternel. »), le tatouage réapparaîtra grâce aux marins. Ceux-ci revenant de Polynésie, ils s’approprièrent cet art afin de raconter des histoires ou représenter des personnes rencontrées lors de leurs voyages. On peut prendre l’exemple de l’hirondelle, premier oiseau qu’un marin voyait à l’approche de la terre ferme. Il était de coutume de s’en tatouer une au début de son voyage au travers de l’équateur et de finir le couple lors du retour. Plus un marin en avait, plus cela montrait qu’il avait parcouru de longues distances.

Puis le tatouage redevient un art marginal qu’on retrouve principalement sur les criminels et les prostituées. Il servait même de casier judiciaire dans les goulags (les coupoles d’églises représentaient par exemple le nombre de séjour en prison).

Au Japon, le tatouage sera synonyme de punition pendant l’ère d’Edo (1600-1868). L’irezumi sera donc utilisé de force sur les personnes ayant eu affaire à la justice. Il se développera peu à peu comme un ornement, ce qui conduira à son interdiction en 1872 par le gouvernement. Il faudra attendre 1948 et l’occupation américaine pour qu’il soit à nouveau autorisé. Aujourd’hui encore, le tatouage est encore majoritairement attribué aux yakuzas (la mafia japonaise). Il est ainsi souvent interdit de se baigner dans des bains publics si l’on est tatoué, ce qui peut paraître archaïque pour des occidentaux.

L’histoire « moderne » du tatouage

Le tatouage rentra dans une nouvelle ère avec la création de la première machine électrique en 1891 à New-York. Celui-ci s’inspire du stylo électrique et révolutionne la pratique en permettant d’aller beaucoup plus vite. Les premiers salons commencent à ouvrir en Europe dans les années 1900. A partir de là, le marché du tatouage va continuer de croître et il se démocratisera encore plus avec les punks et les bikers dans les années 70. Il reste à ce moment-là porter par des communautés underground. Grâce aux stars de la pop culture, la pratique est démystifiée et les gens commencent à oser l’essayer jusqu’à arriver à le banaliser aujourd’hui. Le tatouage a autant de signification que de personnes qui le portent, qu’il ait des vertus protectrices, une signification particulière ou simplement une volonté purement esthétique.

Certains styles de tatouages

Je ne m’aventurerai pas à citer tous les styles de tatouages, ce qui serait tout bonnement impossible mais je vous propose une sélection des styles qui me semblent être assez variés pour donner une palette de la myriade de possibilités à votre disposition si vous souhaitez faire encrer votre corps.

1. Le style asiatique

Comme précédemment discuté, le style japonais et généralement attribué aux yakuzas et l’on peut retrouver sur leur corps quelques symboles récurrents. Par exemple le dragon, créature mythique du folklore japonais et synonyme de force, de bénédiction et de sagesse, les geishas (qu’on confond souvent avec des oirans), qui font office de muses et peuvent ainsi apporter l’inspiration. Enfin, la carpe koï est associée à la longévité, la persistance et la capacité à surmonter les épreuves de la vie en raison de son extraordinaire durée de vie (20 ans en moyenne).

2. Le style cartoon

Style récent, il est apparu dans les années 1990 avec la montée en popularité des dessins animées. Il s’amuse à caricaturer certaines figures emblématiques de télévision ou de jeux vidéo qui ont pu marquer notre enfance ou notre vie d’adulte. Il est caractérisé par ses couleurs très électriques et des traits plus ou moins précis.

3. Le tatouage Old-School

Très populaire en Angleterre, puisant son origine des marins comme expliqué précédemment, on retrouve souvent des lignes épaisses et une palette de couleurs restreinte (noir, vert, rouge, jaune et bleu). Ce style reste très populaire, notamment en Europe. Il est opposé aujourd’hui au style New School qui se veut son évolution avec les mêmes codes mais des couleurs plus vives et des traits plus détaillés, ce qu’on pourrait résumer grossièrement par une complexité accrue.

4. Le style polynésien

Encore aujourd’hui indicateur d’une classe sociale, ce style revêt principalement la forme d’animaux, chacun ayant sa signification. L’encre est exclusivement noire et les traits sont épais. On peut aussi retrouver des symboles représentant des tikis ou le soleil.

Conclusion :

Le tatouage est aujourd’hui rentré dans notre quotidien. Il est omniprésent dans les médias et c’est un secteur porteur pour de jeunes artistes, notamment ceux arrivant à se construire une communauté sur les réseaux comme Instagram. La compétition est rude mais, avec elle, la qualité augmente. S’il n’est pas rare de voir des pères de familles avec de grosses tâches noires sur le corps lors de vos vacances à la plage, je suis d’avis que la jeune génération de tatoueurs doit assurer une qualité irréprochable pour se faire une place dans ce monde ultra concurrentiel et que ce genre de pâté se fera rare à l’avenir. Qu’il ait un message, un but esthétique ou qu’il serve de thérapie, il ne faut pas oublier que le tatouage reste permanent et il faudra toujours bien réfléchir avant de sauter le pas (de porte du tatoueur).

Valentin Mermoud
Valentin Mermoud
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SOURCES (cliquez sur les titres pour en savoir plus),

Le tatouage, d’une culture ancestrale à un art démocratisé (arcgis.com)

Histoire et naissance du tatouage : Comment est-il devenu populaire ? – Mon Tatoueur (mon-tatoueur.fr)

L’histoire du tatouage dans le monde I International Lille Tattoo (lille-tattoo-convention.com)

Le tatouage, un art primitif devenu populaire (lemonde.fr)

Signification tatouage japonais [GUIDE COMPLET] – Shogun Japon (shogun-japon.com)

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