Retour sur le workshop de la fondation Jean Monnet pour l’Europe : « PRINCIPLES FOR OUR DIGITAL FUTURE: SIMULATING THE NEGOTIATION OF A GLOBAL DIGITAL COMPACT »

En ce jeudi 9 novembre 2023, la Fondation Jean Monnet pour l’Europe organisait un workshop : « Principles for our digital future : simulating the negociation of a global digital compact », auquel la rédaction a assisté. Le workshop portait sur les enjeux de la négociation d’un pacte numérique mondial, et était coorganisé avec l’organisation non-gouvernementale suisse-maltaise Diplo.

Diplo en quelques mots

Diplo est une organisation non-gouvernementale suisse-maltaise spécialisée dans le renforcement des capacités dans le domaine de la gouvernance de l’Internet et des politiques numériques. Fondée en 2002, Diplo travaille notamment à améliorer le rôle des petits pays et des pays en développement dans la diplomatie mondiale. Depuis 2014, Diplo gère la Plateforme Internet de Genève (GIP), qui offre un espace neutre et inclusif pour les débats sur les politiques numériques, la surveillance et l’analyse des politiques numériques, ainsi que le renforcement des capacités. Ses activités comprennent des briefings et des événements, des recherches politiques et l’observatoire en ligne Digital Watch, qui sert de guichet unique complet pour les derniers développements, tendances, événements, acteurs, instruments et autres ressources en matière de politiques numériques.

Diplo organise des cours et des programmes de formation en diplomatie contemporaine et en affaires numériques, en particulier pour les pays en développement. Les domaines thématiques incluent la diplomatie multilatérale et bilatérale, les langues et la diplomatie, ainsi que des sujets orientés vers la technologie tels que la cybersécurité et la gouvernance de l’Internet.

C’est donc Madame Sorina Teleanu qui nous a présenté ce workshop. Madame Teleanu est directrice de recherche à la DiploFoundation. Elle travaille dans le domaine de l’internet et de la politique numérique depuis près de 15 ans, notamment dans les domaines de l’élaboration des politiques, de la recherche, du développement des capacités et de l’engagement des parties prenantes.

Le Workshop

Le workshop était divisé en deux parties. Une première partie plus théorique, où Sorina Teleanu ainsi que le doctorant Yung-Hsuan Wu nous ont introduit le sujet. Et une deuxième, où les participants étaient invités dans une simulation de négociations d’un pacte numérique mondial, par le biais de plusieurs sujets.

Nous avons commencé au commencement, à savoir par les prémices d’internet et comment celui-ci s’est développé pour devenir omniprésent dans notre société actuelle. N’oublions pas non plus qu’internet n’est que la pointe de l’iceberg dans la myriade de nouvelles technologies et qu’il est impératif de trouver des solutions pour réguler tout cela. Nous parlons de biotechnologie, d’intelligence artificielle, d’ordinateur quantique, de réalité augmenté ou virtuelle, de métaverse, des cloud et d’impression en 3D.

Les intervenants ont également souligné l’importance de comprendre les différentes couches qui composent internet :

La couche physique : les infrastructures de télécommunications
La couche d’applications : le contenu et les applications
La couche de transport : les protocoles (TCP/IP, DNS, etc.)

Les trois couches sont indissociables, et la couche physique peut rapidement être politisé. Notamment par le biais des entreprises possédant des câbles sous-marins et qui peuvent influencer l’accès à Internet dans différents pays. Ou encore l’entreprise Starlink, avec à sa tête Elon Musk, et qui là aussi peut influencer l’accès à internet. Sûrement une coïncidence si l’Iran, la Chine et la Russie ne sont pas couverts par les satellites Starlink. Internet est donc un enjeu mondial, et il est important de garantir que l’accès à Internet soit équitable et que les citoyens ont accès à l’information et aux services dont ils ont besoin.

Mais en 2023, c’est l’essor de l’intelligence artificielle qui inquiète le plus. L’IA est l’une des technologies les plus prometteuses, cependant elle soulève des préoccupations d’éthiques et de sécurité. Nous nous sommes rendu compte qu’il était difficile de donner une définition universelle de l’IA, les définitions varient, ce qui rend la réglementation difficile. Il est donc important de définir clairement l’IA afin de faciliter sa régulation et son utilisation éthique. Les intervenants ont également abordé la question de la réglementation versus la gouvernance de l’IA. La réglementation est un ensemble de règles et de lois qui régissent l’utilisation de la technologie, tandis que la gouvernance est le processus de prise de décision qui détermine comment ces règles sont mises en œuvre. Nous avons également discuté de la prédiction de modèles à l’aide de l’IA, en utilisant l’exemple des drapeaux.

Ce cheminement de pensée nous a amené à nous interroger sur la gouvernance numérique. C’est un sujet complexe qui nécessite une définition claire des principes de gouvernance. Madame Teleanu a insisté sur l’importance de la protection des droits de l’Homme, de la sécurité, de la technologie et de l’économie dans la gouvernance numérique. Les gouvernements doivent travailler ensemble pour élaborer des politiques qui protègent les citoyens tout en favorisant l’innovation et la croissance économique. Il faut également faire attention aux inégalités qui vont en découler, et ne pas laisser le sujet de côté.

Les organisations internationales telles que l’Internet Governance Forum (IGF) et le Geneva Internet Platform (GIP) jouent un rôle important dans la promotion de la coopération internationale en matière de gouvernance numérique, et ce, depuis 2003. Ils ont pour objectif de sortir leur rapport sur l’IA d’ici la fin de l’année, même si cela semble irréaliste. En effet, il existe de nombreuses frictions entre les différents acteurs concernant l’IA, certains pensent par exemple qu’il serait préférable de créer une nouvelle organisation dédiée. La négociation d’un pacte numérique mondial est cruciale pour garantir le fait que les technologies émergentes soient utilisées de manière éthique et sécurisée. Mais en attendant qu’un consensus se créé, rien n’est fait. Ne serait-ce pas là, le gros défaut de la politique ?

Si les évènements de la Fondation Jean Monnet vous intéresse, ne ratez pas la prochaine conférence qui se tiendra le mercredi 22 novembre 2023 de 17h30 à 19h30. Le sujet qui y sera abordé concerne la future architecture du continent et quel sera le rôle de la nouvelle communauté politique européenne.