Review: L’histoire de l’amour

De Radu Mihaileanu


Sortie au cinéma le 9 novembre 2016 – Durée 2h14

 

Par Alexia Malige

 

Le film le plus pleuré du monde

Sortez les mouchoirs ! Ce film est un véritable crève-cœur, capable d’enlever tout espoir à un éternel optimiste. Un troll en perdrait ses couleurs !

Leo est un vieil homme. Juif polonais, il a immigré aux Etats-Unis après la Seconde Guerre Mondiale, et est resté solitaire depuis. Cela fait soixante ans qu’il vit à New-York, mais il n’a toujours pas réussi à se détacher de sa vie d’avant. Une vie illuminée par la présence de la belle Alma à ses côtés, la fille la plus aimée au monde. Séparé d’elle à l’arrivée des nazis, Leo n’a jamais pu l’oublier. Chaque jour, il pense à elle et à leur idylle parfaite, se remémore leurs plus beaux moments passés ensemble. Il n’existe, finalement, qu’à travers ses souvenirs.

En dehors de ses pensées, Leo est un acariâtre de la pire espèce. Odieux en permanence, avec tout le monde. Jamais un mot gentil, jamais un sourire, jamais de politesse. Il se venge du sombre destin qui lui a été donné avec un humour noir extrêmement piquant, et se forge ainsi une carapace que personne n’est à même de percer.

De l’autre côté de la ville, une jeune fille, elle aussi prénommée Alma, vit ses premiers émois amoureux. Mais contrairement aux personnes de son âge, elle pose un regard obscur et désespéré sur les histoires d’amour. Elles n’existent que dans les livres. On les présente de façon merveilleuse aux enfants, mais ce n’est en réalité qu’un peu de magie pour beaucoup de mensonges.

C’est alors un roman qui va réunir ces deux personnages. Une histoire magnifique dont seule la beauté n’égale la tragédie. Un livre, qui va leur briser le cœur à tous les deux.

Adapté du roman éponyme de Nicole Krauss, le film est complètement bouleversant. Le scénario est très bien ficelé et les dialogues sont pointus et percutants. Si la joie a déserté, l’humour est encore bien présent. Les attaques grinçantes, l’ironie perpétuelle et l’absurde de certains personnages donnent un rythme soutenu à ce film qui ne connaît aucune longueur. Pas de moments creux. L’attention des spectateurs reste à son niveau maximal pendant plus de deux heures, avec des acteurs aussi touchants que surprenants. Derek Jacobi est fantastique en vieillard revêche ! Il nous fait rire et pleurer en quelques minutes, et son côté grognon est bien plus attachant que repoussant. La jeune Sophie Nélisse est quant à elle une jolie révélation. Sa simplicité et son honnêteté la rende charmante et sympathique, ce qui redonne un peu le sourire au spectateur, qui subit les désillusions de Leo comme si c’était les siennes. Autrement dit, le spectateur finit lui aussi par être au bout de sa vie !

Point faible du film, donc : votre orgueil va en prendre un coup ! Lorsque les lumières s’allument à la fin de la projection, il faut assumer les yeux rouges et exorbités, ainsi que les larmes encore tièdes qui n’en finissent pas de dégouliner. Tout au long du film, les glandes lacrymales sont en alerte ! Vos yeux viennent à peine de sécher qu’une autre scène vient de nouveau ravager votre visage. Chaque élément de la vie de Leo est déchirant, injuste et révoltant. Tout espoir est anéanti. Sa vie n’est qu’un enchaînement de situations dramatiques créées pour le détruire. S’il tient encore debout, son âme n’est quant à elle plus qu’un cadavre dans lequel on continue d’enfoncer des lames. Leo est à la veille de la mort, et à l’intérieur, il l’est peut-être déjà.