Review : Patients

De Grand Corps Malade, Mehdi Idir


Sortie au cinéma le 01 mars 2017 – Durée 1h50

 

Par Alexia Malige

Patients : l’histoire d’un « espoir adapté »

 

Un plongeon mal évalué, un virage mal négocié, une balle mal placée, et la vie passe soudain de deux pieds à quatre roues. Un destin tragique et irréversible qui arrête soudainement l’existence pour y laisser sa marque indélébile. Ben, Farid, Toussaint, Samia, Steeve et les autres, ont été cassés par ce coup de hasard, ce coup de malchance. Patients d’un centre de rééducation, ils doivent chaque jour s’accrocher à leurs rêves et à leurs espoirs placés en réévaluation permanente.

Réalisé par Mehdi Idir et Grand Corps Malade, le film est adapté du roman biographique éponyme du slameur, paru en 2012. Les heures de soins, la solitude, l’isolement, la dépendance, il a vécu tout ça. Après un accident dans une piscine, Grand Corps Malade est resté tétraplégique incomplet, mais à force de détermination et d’exercice, il a pu retrouver sa mobilité.

Avec ce tout premier long-métrage, il explore le quotidien de ces hommes et ces femmes abimés, pour qui les gestes les plus simples deviennent des obstacles insurmontables. Presser la touche ON de la télécommande semble être un jeu d’enfants, mais pour eux, c’est un défi permanent. S’habiller, manger, uriner, pour nous une formalité, pour eux une difficulté. Et tous ces petits gestes, Patients nous les montre et les décortique de façon subtile. On ne tombe jamais dans un pathos lourd et larmoyant, mais plutôt dans la découverte d’un monde qui nous est totalement étranger.

Si Intouchables abordait aussi le handicap et la perte d’autonomie, Patients cherche à approfondir le côté psychologique avec le suivi complet de Ben, de son accident à sa sortie du centre. Parfois filmé à la manière d’un documentaire, le film regorge d’une sincérité touchante, à la fois empreinte d’une grande tristesse et d’une immense beauté. Leurs projets s’écroulent, leur ambition et leurs désirs s’effritent, mais il reste une volonté de se battre pour progresser. Le corps a beau être inerte, le cœur est intact. C’est ce qui les fait tenir. La solidarité, l’amitié, l’amour et bien sûr les vannes ! Car loin d’être un austère drame hospitalier, c’est une véritable comédie où les blagues sur les handicapés sont plus qu’appréciées ! On rit alors de bon cœur avec ces jeunes en fauteuil, dont le vrai moteur reste l’humour.

La batterie n’est pas infaillible et il y a parfois des pannes. On retrouve alors la sombre réalité dans toute sa laideur. Le combat est parfois trop dur, et certains sortent du ring. Chacun son handicap, chacun son caractère. Rêve de s’en sortir ou de finir six pieds sous terre, la bataille n’est pas la même pour chaque blessé de guerre. Patients offre une vision globale, avec un réalisme qui fait souvent mal. Un véritable travail de groupe, emmené par un Pablo Pauly authentique et attachant, dont le sourire illumine le film à chaque instant.

 

Alexia Malige