Suite à l’introduction la semaine passée de la Fondation Beyeler, nous présentons cette semaine un musée se situant cette fois-ci plus proche du campus. En effet, il s’agit du mudac (musée de design et d’arts appliqués contemporains), implanté juste à côté de la cathédrale de Lausanne. Le bâtiment, sobre, dresse néanmoins fièrement sa tour comme pour mieux orienter le visiteur. La maison abritant la collection et datant de l’époque médiévale est connue aussi sous le nom de la « Maison Gaudard », car elle fut réaménagée notamment par le lieutenant Baillival éponyme. Le dernier étage de cette ancienne bâtisse nous offre une vue imprenable sur la vieille ville de Lausanne.
Comme son acronyme l’indique, ce musée entend présenter l’aspect artistique du design et des arts appliqués au public. Il se définit ainsi comme un « musée de la création transversale ». Car dans le domaine du design, « les plasticiens, designers, stylistes et graphistes contemporains s’influencent les uns les autres ». C’est justement à ce grand laboratoire virtuel, où d’importantes interactions et échanges d’idées ont lieu, que le mudac s’intéresse.
Les arts appliqués, un art mineur ?
Un créateur d’arts appliqués, plus communément appelé designer, doit respecter de nombreuses contraintes telles que le respect d’un cahier des charges, des délais parfois courts, des souhaits de clients exigeants, un mode de production spécifique, tant et si bien qu’il se retrouve souvent à résoudre des problèmes techniques et à travailler en équipe, à la différence d’un artiste qui travaille la plupart du temps seul. Une fois le projet du designer achevé, celui-ci se retrouve bien souvent dans l’usage quotidien et, à la différence des arts plastiques, les arts appliqués ne sont pas exposés et sont souvent même un peu négligés. Ceci est d’ailleurs tout à fait normal en soi, car un bon design est, selon Dieter Rams, un design qui s’oublie, qui se fait discret : tout produit utile, fonctionnel, n’est ni un objet décoratif, ni une œuvre d’art. Par conséquent, il se doit d’être neutre, sobre, afin de laisser au mieux l’imagination de l’utilisateur s’épanouir.
C’est donc bien pour sortir de cette optique-là que le mudac veut nous montrer les choses : le design reste malgré tout, à l’origine, une œuvre d’art sur la feuille ou dans la tête du designer. Une idée, si fragile soit-elle, d’un produit industriel peut être transcendée en un objet iconique, à la façon d’une œuvre d’art : le briquet Zippo ou le stylo-bille Bic sont deux exemples parmi d’autres.
Les expositions du musée
Au mudac, comme dans la plupart des musées, on distingue les expositions temporaires de l’exposition permanente. Cette dernière est en réalité constituée de deux collections permanentes : l’art du verre contemporain au deuxième étage du musée et la collection Jacques-Édouard Berger au sous-sol du bâtiment, qui présente différentes pièces d’art ayant appartenu à l’historien, principalement venant de l’Égypte et de Chine. Concernant les expositions temporaires, le mudac en propose plusieurs par année, organisées en trois catégories : les expositions thématiques (abordant des sujets actuels), les cartes blanches (donnant une liberté totale à un designer) et les expositions invitées (expositions créées par d’autres musées).
Un futur proche de la gare
L’avenir du mudac s’écrira désormais dans un autre lieu que la Maison Gaudard. En effet, dans la cadre du projet Plateforme 10, le mudac ira s’installer d’ici quelques années aux abords de la gare de Lausanne, avec le Musée cantonal des Beaux-Arts (mcb-a), le Musée de l’Élysée et les Fondations Toms Pauli et Félix Vallotton, sur une surface de quelque 22’000 mètres carrés. Avant cela, il est toujours possible et recommandé de visiter le musée sur le site de la cathédrale. En ce moment, c’est une exposition temporaire sous la forme d’une carte blanche qui nous est proposée : le Studio Wieki Somers, actif dans le domaine du mobilier et du design industriel, expose sa vision du monde et des traditions sous un angle singulier et éclairé, parfois sortant de l’ordinaire. L’exposition s’intitule en effet « Out of the Ordinary », à visiter jusqu’au 11 février 2018.
Le bâtiment signé par le bureau d’architectes Aires Mateus (Lisbonne) abritera le mudac et le Musée de l’Élysée.
Alexandre Lachat