Lausanne Racing Team, une écurie de course made in EPFL

Passionné de courses automobiles ou simplement curieux d’en apprendre plus sur des événements du campus frère de l’Unil? L’équipe HEConomist vous propose de découvrir la Lausanne Racing Team, une association de l’EPFL qui a pour objectif de concevoir une voiture de course dans le but de participer à la compétition internationale “Formula Student” qui oppose des équipes de nombreuses universités du monde entier. Pour avoir sa place dans cet événement, une équipe de 50 étudiants motivés a construit une voiture de course de A à Z durant l’année. Nous sommes ainsi allés à la rencontre du responsable technique Pierre Dussaux, pour en savoir plus. Au cœur de leur atelier de Saint-Sulpice, il se livre sur ce projet ambitieux.

Pour commencer, peux-tu te présenter toi ainsi que l’association en quelques mots ?

Je m’appelle Pierre Dussaux et je suis étudiant à l’EPFL en dernière année de master en génie mécanique. Je suis le Chief Technical Officer de la Lausanne Racing Team. Ce poste consiste à gérer une équipe de cinquante étudiants et à assurer la communication entre tous les membres. Je m’occupe également des relations avec les fournisseurs, les partenaires et les sponsors.

L’idée de créer une association pour concourir à la Formula Student a été lancée par une de nos professeures qui a mentionné la course en cours. Cela a retenu l’attention de deux étudiants qui ont tout de suite été intéressés par le projet. En quelques semaines, l’engouement a été très fort et on a rapidement été rejoints par une équipe motivée.

La Formula Student, c’est quoi au juste ?

Créée en 1981 aux États-Unis, la Formula Student est une compétition internationale d’ingénierie regroupant des équipes d’étudiants qui collaborent pour construire une voiture de course et la faire concourir contre d’autres universités. La première étape est de comprendre les règles afin de les appliquer à la lettre car nous sommes sévèrement jugés sur cet aspect lors des 4 premiers jours de la compétition. Nous devons également passer les qualifications de chaque épreuve afin de pouvoir y participer. Ces qualifications consistent essentiellement en un test de la compréhension des règles de la compétition ainsi que de la matière théorique en général. Nous avons ainsi réussi à nous qualifier pour les circuits de Hockenheim (Allemagne) et de Montmeló (Espagne) sur lesquels nous affronterons les équipes des autres universités.

Avant même le début de la compétition nous serons évalués sur le business plan, la voiture en tant que tel ainsi que sur les coûts de production. Une fois arrivés sur le circuit, la compétition est divisée en 4 catégories principales. Nous serons donc jugés sur la rapidité, l’endurance et la versatilité de notre voiture.

Pourquoi s’investir dans un tel projet ?

Lorsque tu as une opportunité comme celle-ci, tu apprends énormément sur le plan humain et technique. C’est enrichissant d’acquérir une expérience pratique qui n’est pas forcément proposée lors des cours. À l’EPFL, tu apprends beaucoup de concepts mathématiques très utiles à des fins d’ingénierie mais c’est à toi de faire l’apprentissage pratique de ton côté et c’est ce que je recherchais lorsque j’ai entendu parler de l’association. Je voulais vraiment m’investir dans un projet concret qui pouvait me tenir en haleine.

Qui pilotera la voiture le jour de la course ?

Un étudiant ! Nous sommes obligés de choisir un étudiant pour rester conformes aux règles de la compétition. Nous sélectionnons le pilote selon son implication dans la création de la voiture ainsi que ses performances sur circuit. Il est important que tous les membres du projet et tout particulièrement les pilotes aient une idée très précise du fonctionnement de la voiture afin de pouvoir remplir leurs rôles respectifs.

T’es-tu découvert une vocation lors de la conception de cette voiture de course ?

Je pense qu’il faut réinventer l’industrie automobile et je me vois travailler dans une boîte de mobilité – voiture ou aviation – qui développerait de nouveaux prototypes de drones électriques. J’aime les projets futuristes et compliqués à réaliser. J’aimerais travailler pour une entreprise qui développe des technologies innovantes.

Avez-vous également des étudiants avec un background non technique au sein de l’équipe ?

Oui, absolument ! Nous avons recruté des membres en HEC dans les domaines du sponsoring, de la communication ainsi que pour créer un business plan que nous présenterons lors d’une des épreuves statiques à un panel d’investisseurs fictifs.

Il s’agit là d’un travail crucial et conséquent qui demande une implication importante de la part des étudiants

Quel est le plus gros challenge dans la réalisation de ce projet ?

Avoir le soutien de l’EPFL car c’est est une grande école qui ne peut pas accepter n’importe quel projet. On a mis un certain temps à gagner sa confiance. Elle a mis un an avant de nous accepter comme association. Pendant ce temps, trente personnes travaillaient sur un projet qui n’était pas sûr d’être retenu parce que tu concoures au nom de ton université dans ces compétitions et elle doit te soutenir. Après avoir été acceptés, l’EPFL nous a débloqué un certain financement et nous a mis des infrastructures à disposition.

Notre association est subdivisée en plusieurs divisions qui s’occupent chacune d’une partie spécifique de la voiture. Nous nous sommes rendus compte qu’un des plus gros challenges de la construction d’une voiture était l’intégration des différents composants dans la voiture. La communication a donc constitué un important défi dans l’aventure. Il faut à la fois s’assurer que les informations soient transmises et qu’elles soient bien comprises entre les équipes.

Quel est le meilleur souvenir que tu gardes de cette aventure ?

Le Roll Out ! C’est la première fois que nous avons pu voir et présenter le fruit de longues nuits passées à l’atelier. Le sentiment d’accomplissement était magique et le fait de pouvoir échanger avec nos partenaires autour de la voiture enfin dévoilée valait toutes les heures investies dans ce projet.

Plus généralement, comment vois-tu l’avenir de la mobilité ?

Électrique. C’est discutable mais je suis sûr que la seule source d’électricité qui peut nous fournir assez d’énergie est le nucléaire. Il y a des technologies sans danger qui peuvent être développées. Les batteries au lithium ne sont pas du tout écologiques et seulement 5% des cellules sont recyclées. Il y a aussi le facteur humain qu’on ne considère pas assez car le cobalt et le lithium viennent de Chine, du Chili et de la République démocratique du Congo. C’est très connu que les choses ne se passent pas de manière très éthique lors de la collecte de ces matières. Je suis aussi très intéressé par les cellules à hydrogène qui constituent une autre façon de stocker l’énergie. Je pense que c’est l’avenir. Si l’hydrogène pouvait bénéficier du même effet de mode que Tesla, je suis persuadé que ça pourrait marcher. Cependant, cela demande beaucoup de R&D et de ressources.

Quelles sont vos plans pour l’avenir ?

Pour cette première édition de la compétition, nous avons pour objectif de récolter un maximum de données et d’expérience sur la manière la plus efficiente de créer une voiture de course apte à se mesurer lors de l’épreuve. Lors des éditions suivantes nous nous focaliserons sur l’amélioration de la performance de la voiture tout en partant sur les bases solides acquises les années précédentes.

Merci à toute l’équipe de la Lausanne Racing Team pour cet entretien. Pour en savoir plus sur l’équipe, vous pouvez vous rendre sur leur site.

Salomé Godonou et Bernhard Bieri