UNITED STATES - DECEMBER 15: The U.S. flag hangs on the facade of the Federal Reserve Bank of New York headquarters in New York, U.S., on Monday, Dec. 15, 2008. The Federal Reserve Bank of New York hired executive search firm Korn/Ferry International to help find a replacement for its bank president Timothy Geithner. (Photo by Daniel Acker/Bloomberg via Getty Images)

Made in HEC : Antoine Martin

Antoine Martin est diplômé d’un Master en Economie de HEC Lausanne et d’un Doctorat en Economie de l’Université du Minnesota. Il est aujourd’hui Senior Vice President à la Federal Reserve Bank of New York. HEConomist a eu la chance de le rencontrer lors de la conférence « Mise en œuvre de la politique monétaire avec une large offre de réserves » organisée par l’association des Alumni HEC.

Son parcours et son travail

Après un Bachelor et un Master en Économie à HEC Lausanne, Antoine Martin décide d’approfondir ses connaissances en partant aux Etats-Unis pour commencer ses recherches en économie. C’est en 2001 qu’il obtient son Doctorat (PhD) à l’Université du Minnesota, le menant à une place d’économiste à la Federal Reserve Bank de Kansas City. Après 4 ans à ce poste, il rejoint la Federal Reserve Bank de New York où il occupera plusieurs positions avant d’être nommé Senior Vice President en 2016.

Son travail se situe entre la recherche et la pratique, ce qui lui permet d’informer et de conseiller les divers départements de la Fed sur des questions économiques comme la mise en œuvre de la politique monétaire. Ses articles académiques sur la politique monétaire et la finance ont été publiée dans de nombreuses revues scientifiques.

Le fonctionnement de la Fed

La Federal Reserve (« Fed ») est la banque centrale des Etats-Unis. Son système est décentralisé et composé de 12 banques régionales, chapeautées par un Board of Governors à Washington DC. Comme la BNS en Suisse, elle ne fait pas partie du gouvernement et préserve son indépendance. La Fed a deux objectifs : maintenir la stabilité des prix à long terme et maximiser l’emploi, ce qui équivaut à garantir une inflation et un taux de chômage bas sur le long terme. Avec ses 22’350 employés (dont 2’700 pour la banque de New York), elle représente un employeur de choix pour beaucoup d’économistes.

La conférence portait sur la mise en œuvre de la politique monétaire avec une large offre de réserves. Les réserves de la banque centrale sont le « cash électronique » que diverses institutions, comme les banques commerciales, peuvent détenir via un compte auprès de la Fed. Il s’agit donc d’un passif pour la banque centrale, qui peut acheter des actifs en augmentant ses réserves. Depuis 2008, l’argent détenu sur ces comptes est rémunéré par un taux d’intérêt que la Fed peut modifier. En cas de crise, comme en 2008, la banque centrale peut ainsi effectuer d’importants rachats d’actifs en augmentant ses réserves monétaires, ce qui permet de faire sortir un pays d’une crise plus rapidement en relançant l’économie et la croissance. Le nouveau système de rémunération des réserves, introduit en 2008, permet donc un meilleur contrôle et plus de flexibilité dans ce genre de situation.

Interview avec Antoine Martin

Q : Faut-il un doctorat pour travailler à la Fed ?

R : Pour le département de recherche où je travaille, oui. Mais dans d’autres département comme celui de marché ou de supervision, il n’y a pas besoin de doctorat.

Q : Quelle différence entre votre recherche et la recherche universitaire ?

R : Une banque centrale permet de donner des idées de recherche et d’être sûr de répondre à des questions importantes. Des questions économiques concrètes se posent constamment à la banque, tandis que la recherche universitaire peut paraître plus abstraite. Par notre activité et notre contact avec des décideurs, nous savons que notre contribution sur des sujets parfois nouveaux permettra de résoudre d’importants problèmes auxquels les chercheurs académiques n’ont simplement pas accès.

Q : Que conseilleriez-vous à un étudiant/gradué HEC qui souhaite faire carrière aux Etats-Unis ?

R : J’ai pu faire mon entrée aux Etats-Unis avec mon PhD, et je pense qu’il s’agit du meilleur moment pour y commencer sa carrière. Nous sommes beaucoup de Suisses aux Etats-Unis, et beaucoup d’entre nous ont pu commencer par leur doctorat, après un parcours dans une université suisse. Ce n’est pas facile, il faut envoyer son dossier à de nombreuses universités. Il est bon de rester quelques années là-bas et d’y travailler un moment pour se créer un réseau.

Q : De façon générale, quels conseils donneriez-vous aux étudiants actuels ?

R : Je crois en deux choses :

  1. Il faut faire quelque chose qui vous passionne.
  2. « Play to your strengths » : Focalisez-vous sur l’amélioration de vos forces plutôt que sur vos faiblesses, car il est bien plus simple de vous passionner pour un domaine où vous êtes déjà bon, et où vous pourrez devenir encore meilleur.

Toute l’équipe HEConomist remercie vivement Antoine Martin de nous avoir accordé son temps, ainsi que l’équipe des Alumni HEC pour l’organisation de cette conférence !

Alex Oktay

Crédits images

  • Bloomberg (Daniel Acker)
  • Alumni HEC Lausanne