En regardant autour de soi, on peut aisément constater que notre paysage urbain souffre d’incohérences plus ou moins bénignes : immeubles aux façades luxuriantes flanqués de pâles bâtiments sinistres en béton brut de décoffrage, arbres miséreux dans leur caniveau de fortune, plates-bandes assaillies par le goudron, et, plus grave encore, à l’intérieur de demeures d’un âge tout à fait respectable —parfois— du mobilier contemporain suédois (néanmoins avec toutes mes honorables pensées pour ce pays).
Cependant, restons concentrés un instant sur cette première incohérence (apparemment inévitable), qu’est le patrimoine culturel bâti. Mais quel est donc cette étrange confusion qui semble nous envahir au fur et à mesure que l’humanité progresse ? A-t-on besoin de mettre en place davantage de garde-fous pour lutter contre la démolition de certains bâtiments ancrés dans le paysage et notre vie quotidienne ? Sans compter les dépravations du temps, il s’avère que la tâche n’est pas aisée lorsqu’il s’agit de la conservation du patrimoine culturel bâti. Car en effet, ce qui définit d’abord le patrimoine culturel bâti en suisse, ressort tout d’abord de la responsabilité des cantons.
Il n’est pas anodin de dire que le patrimoine culturel bâti fait partie intégrante de notre vie quotidienne. Ces espaces bâtis sont des lieux de rencontre, d’échange et par conséquent, nous rattachent fortement à des souvenirs, des émotions. Plus largement encore, ce sont des ouvrages qui témoignent jour après jour de notre passé historique et tissent à la fois un lien très fort avec notre présent. La Confédération octroie, via différentes mesures, son soutien à la conservation de ce patrimoine :
« La protection du patrimoine consiste, au sens de la Constitution, à ménager et protéger les paysages et les sites construits historiques ainsi que les sites archéologiques et les monuments culturels. »
Car tout comme de véritables œuvres d’art, nos monuments nécessitent un entretien rigoureux afin qu’ils puissent continuer à porter témoignage au travers du temps. Qu’il est dommage de voir quelque ancienne bâtisse se faire éventrer sans pitié, pour laisser place à un sarcophage éhonté, désormais lieu de sépulture ! Heureusement, les vivants semblent s’en accommoder rapidement, et la vie reprend bien vite le dessus. Mais qu’en est-il des souvenirs, des lieux de mémoire ? L’humain erre, seul, avec ses réminiscences, rattaché à la poussière d’un lieu dorénavant annihilé et dans un dernier effort ekphrastique, ne pourra constater qu’une sombre épiphanie : l’échec du renouvellement avec son passé.
Images :
http://www.michelbonvin.ch/projects/architecture/a16-transjurane-jura-suisse/