Suisse

La Suisse : dernier pays d’Europe à demander un congé paternité plus ou moins équitable ?

Dans nos sociétés contemporaines, on parle de plus en plus de l’égalité des sexes de la femme par rapport à l’homme. Mais cette égalité devrait être recherchée par défaut dans les deux sens. Il devrait y avoir aussi une égalité de l’homme par rapport à la femme, ce qui n’est pas toujours le cas non plus. La Suisse est à présent le dernier pays d’Europe à avoir obtenu un congé paternité officiel. Malgré la lente progression entourant celui-ci, il y a des cantons en Suisse qui montrent qu’il y a une volonté de briser cette rigidité entourant cette politique publique et qui veulent se montrer ouverts aux propositions. De plus, avec l’arrivée du coronavirus, on s’est rendu compte à quel point les pères jouent un rôle essentiel dans les familles.

Depuis 2006, on a pu constater à l’échelle fédérale que, malgré plus de 26 interventions faites en faveur du congé paternité ou parental déposées au Parlement, nulle n’a abouti. Le 4 juillet 2017, une coalition d’associations a lancé une initiative populaire, soit : « Pour un congé de paternité raisonnable – pour toute la famille » visant l’introduction dans la loi d’un congé paternité de quatre semaines. Le Conseil fédéral a recommandé au Parlement de rejeter cette initiative, craignant que les coûts soient trop élevés. Toutefois, suite à l’acceptation de la nouvelle loi par l’Assemblée fédérale le 27 septembre 2019, l’association « Le congé paternité maintenant ! » a décidé de retirer cette initiative afin de de se concentrer sur un congé parental, ce qui pourrait garantir plus de succès que de se focaliser uniquement sur le congé paternité. Même si ce n’est que pour dix jours, ce contre-projet indirect à l’initiative populaire a été accepté et est favorable aux pères de famille. La décision du Parlement a donc fait l’objet d’une demande de référendum facultatif et c’est suite à ceci que les Suisses ont été invités à se prononcer aux urnes et voter le 27 septembre 2020. Cette votation a été acceptée à 60,3%, ce qui signifie que les pères de famille peuvent dorénavant prendre deux semaines de leur congé paternité prescrit par la loi.

Attention ! Il y a quelques conditions à respecter si les pères de famille veulent bénéficier de 80% de leur salaire (maximum 196 CHF/jour).

D’abord :

  • Ils doivent prendre leur congé paternité dans les six mois suivant la naissance (mais cela peut se faire sous forme de bloc ou de jours isolés).
  • Les pères de famille doivent exercer une activité lucrative au moment de la naissance de leur nouveau-né.
  • Ils doivent avoir travaillé au moins cinq mois pendant les neuf derniers mois.
  • Les pères sont affiliés depuis au moins neuf mois à l’Assurance-vieillesse et survivants.

Certainement, il y aura une augmentation des coûts, par exemple pour l’AVS. L’Office fédéral des assurances sociales estime les coûts liés au congé paternité à 230 millions de francs par an, ce qui est assez raisonnable en comparaison du nombre des jours dont ces derniers ont le droit de profiter lors de la naissance de leur nouveau-né.

Le but principal de cet article est de nous rappeler qu’il ne faudrait pas oublier que l’égalité des sexes devrait être demandée pour les femmes comme pour les hommes.

Nous ne le savons que trop bien, la femme a été, pendant des siècles et jusqu’à ce jour encore, défavorisée pour plusieurs sujets dans de vastes domaines. Cependant, il ne faut pas non plus négliger le fait que les hommes ont aussi été défavorisés dans certains domaines. Le congé paternité en fait partie. On a aussi tendance à parler de la Suisse comme d’un pays progressiste et novateur, mais comme on a pu le voir brièvement, elle ne l’est pas pour le congé paternité. Comme mentionné plus haut, elle est le dernier pays d’Europe qui introduit un congé paternité et, en plus de cela, un congé paternité de seulement dix jours.

Si on prend le congé paternité que l’on trouve en Suède, par exemple, on constate que les Suédois bénéficient d’un congé parental indemnisé d’une durée totale de 480 jours qui peuvent être répartis entre les deux parents. Sur ceci, 60 jours sont par défaut réservés pour le père et 60 jours pour la mère. Ces jours ne sont pas transférables. Maintenant, si l’on parle du taux d’indemnisation, ils bénéficient de 80% de leur revenu pendant 390 jours et, suite à cela, 60 couronnes sont versée pour les 90 jours qui restent. D’après une étude réalisée par Global finance, la Suède est en 18ème position des pays les plus riches au monde. Ce qui peut vouloir dire que le congé paternité peut être aussi un gain et non pas une perte pour l’économie d’un pays.

Grâce à la votation du dimanche 27 septembre 2020, on espère que dorénavant les pères pourront utiliser ce nouvel outil pour leur profit au sein de leurs familles et que cela pourra les encourage à lutter encore pour une égalité hommes-femmes.

Suisse
Gabriela Baechler
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