C’est à l’occasion de notre 4e édition du Focus que l’équipe de HEConomist a décidé d’organiser, ce lundi 19 avril, un Webinaire sur « Les enjeux de l’écriture inclusive et épicène ». À cette occasion, Mme Noémie Schorer était l’invitée exceptionnelle de la rédaction. Diplômée en sociologie et études de genre, elle est aussi chargée de projet chez « DécadréE », un institut de recherche et de formation et laboratoire d’idées sur l’égalité dans les médias.
Mais tout d’abord, pourquoi une conférence sur l’écriture inclusive ? Comme l’a expliqué Jean Loye, l’un des organisateurs du FOCUS, en tant que rédacteur, on en vient souvent à se poser la question de la manière d’écrire nos articles. Qu’est-ce que l’écriture inclusive peut apporter aux articles d’HEConomist ? L’objectif est toujours d’offrir aux étudiants un journal qui parlera au plus grand nombre, d’où notre logo.
Et c’est dans l’optique de répondre à ces questions que Mme Noémie Schorer est venue nous parler de l’écriture inclusive.
Personnellement, je dois bien admettre avoir eu beaucoup d’aprioris sur l’écriture inclusive avant cette conférence. En effet, je n’ai vraiment commencé à entendre parler de l’écriture inclusive que depuis quelques années. Et les débats autour de cette thématique m’ont toujours paru trop manquer de subtilités. C’est pourquoi j’étais impatient de voir mes idées reçues confrontées par une personne qui a une vraie expertise à offrir.
Voici les deux principaux points qui m’ont personnellement le plus marqué.
Nos mots définissent notre compréhension du réel
L’écriture épicène permet de déterminer les champs de ce qui nous semble « possible ».
« La société influence l’écriture, l’écriture influence la société. »
En effet, le langage est avant tout une construction sociale. Noémie Schorer donne l’exemple du terme « philosophesse » qui, comme vous l’aurez deviné, décrit une femme pratiquant la philosophie. Loin d’être un terme nouveau, c’est en fait une ancienne expression qui existait déjà dans la langue française et qui s’est graduellement effacée devant son équivalent masculin. La conséquence en est qu’à la disparition de ce mot, c’est aussi l’acception de l’idée qu’une femme puisse être philosophe qui disparait. Plus globalement, ce sont les femmes elles-mêmes qui sont progressivement invisibilisées. D’où l’importance de redonner à la langue sa richesse d’antan, et par la même occasion, la représentation de la gent féminine.
L’écriture inclusive n’est pas un dogme
Encore une idée reçue qui donne mauvaise réputation à l’écriture inclusive. Ça n’est pas une Académie française 2.0 qui va instaurer des règles strictes et rigides pour imposer un lexique dégénéré. Au contraire, l’écriture épicène reconnaît la nature très flexible de notre langage, et de fait, il n’existe pas une seule manière de faire de l’écriture neutre, mais plusieurs. L’utilisation bien connue des points et des tirets à la fin des mots en est simplement une forme parmi d’autres.
Avis personnel
Vous l’aurez remarqué, cet article n’a pas spécialement été écrit en utilisant une forme ou une autre de rédaction épicène. D’ailleurs, l’un des rares journaux romands à utiliser l’écriture épicène est « Le Courrier ». Alors pourquoi pas moi ? Simplement parce que démasculiniser du jour au lendemain son lexique de termes et expressions que l’on a longtemps intériorisés toute sa vie semble pour le moins difficile. Mais petit à petit, il n’est pas impossible que j’acquière, à force d’effort et d’apprentissage, à rédiger mes articles dans un langage qui correspondra à l’ensemble de nos lecteurs et, osons-le pour cette fois, de nos lectrices.