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Mobilité internationale en temps de Covid-19

Au printemps 2020, les vols internationaux chutent abruptement. Les restrictions internationales tombent. Les frontières des pays se matérialisent. Aux États-Unis notamment, c’est une drôle d’épreuve qui attend la communauté originaire de la zone Schengen. Impossibilité pour beaucoup de rentrer sur la terre-mère sous peine de se voir interdire le retour sur le sol américain. Alors qu’ils font face aux défis de la vie d’expatriés, ils se retrouvent également dans l’isolement forcé et dans l’incapacité de rentrer voir leurs proches. Comment se déroule une expérience à l’international en période de Covid-19 ? Nous avons interrogé sept jeunes diplômés d’universités suisses1, vivant aux États-Unis, en Afrique et en Asie. Ils nous exposent leurs défis, leurs ressentis sur place durant cette période troublante, ainsi que leurs conseils afin de jouir pleinement de cette expérience. Cet article est un condensé de leurs récits.

Les motivations du départ à l’étranger

Qu’est-ce qui pousse au départ ? Trois thématiques semblent ressortir de façon constante. La première, c’est la curiosité, l’envie de voyage, l’envie de découvrir des cultures différentes. Une Alumni de l’Université de Lausanne déclare : « J’avais envie de voyager, de découvrir autre chose. La seule façon de le faire en période de Covid, c’était via un travail à l’étranger ». La deuxième, intimement liée à la première, c’est la découverte de soi. On part pour se tester, se voir évoluer dans un contexte éloigné de ce que l’on a connu auparavant : « Je voulais comprendre comment j’évoluerais dans une immense métropole, à l’opposée totale de ce dans quoi j’ai grandi », nous confie un diplômé de l’Université de Saint-Gall, à New York depuis quatre mois. Et la troisième, c’est l’envie de se prendre une claque, de briser la bulle dans laquelle on a grandi, comme illustré par une ancienne élève de HEC Lausanne vivant en Asie : « Je voulais me prendre une claque et déconstruire de nombreux préjugés ».

Pourquoi est-il utile de s’interroger sur ces motivations ? Selon la Dr. Delphine Waniusiow, spécialiste en neurophénoménologie et experte des mécanismes cérébraux inconscients, il est important de s’interroger sur les raisons profondes qui entraînent le départ. Qu’est-ce que nous venons chercher à l’étranger ? Qu’attendons-nous de cette expérience ? Si mes bagages extérieurs sont prêts, mes bagages intérieurs le sont-ils tout autant ? A travers ces questions simples mais pas moins profondes, nous développons petit à petit la faculté d’auto-analyse de nos ressentis et de nos aspirations. Les prémices d’un travail d’introspection avant le départ permettent d’identifier et de décortiquer les motivations qui proviennent réellement de soi et non celles qui découlent, inconsciemment, d’une influence extérieure sociétale, éducationnelle, relationnelle ou encore familiale. Souvent, nous faisons des choix en fonction du regard et des attentes des autres, nous coupant ainsi de notre propre aspiration profonde et de notre cheminement personnel. Il est pertinent, pour une autonomie d’action, de prendre le temps de réapprendre à s’écouter et à comprendre ce qui nous fait réellement vibrer. A travers l’auto-analyse de nos ressentis physiques et émotionnels, il sera possible de se rendre compte que notre perception de l’autre, de l’écosystème ou encore de nous-même, est biaisée par toutes nos expériences vécues : nous percevons le monde au travers notre propre filtre. Cette compréhension de soi par l’expérience permet de se défaire de certaines croyances limitantes et de s’ouvrir à la vie avec un regard de découverte et d’émerveillement.

Le départ dans l’incertitude

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Pour une grande majorité, le départ de la Suisse se fait à la hâte, dû à l’incertitude globale. En effet, les restrictions engendrées par le virus de la Covid-19 sont hors du contrôle de tout un chacun. Impossible de définir une date fixe de départ, de savoir si son partenaire pourra rejoindre les lieux, ou encore de comprendre à quoi ressemblera son quotidien au travail. Ce flou ambiant empêche l’imaginaire de se développer. Les préparatifs se jouent en effet également dans le monde de l’imagination et sont graduellement modifiés à cause du contexte : « Avec la Covid-19, je ne me suis pas du tout projeté, mon devoir de préparation a été complètement différent », nous narre une Suisse depuis la Mongolie

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Une fois sur place, la première étape, ce n’est pas la découverte, mais la quarantaine. De 3-4 jours à plus de deux semaines d’isolement, les expatriés décrivent un moment où ils se retrouvent perdus dans leurs pensées, observant leur nouveau monde depuis leur fenêtre. Un temps utile pour se reposer et se défaire de son jetlag, moins pratique en revanche pour sillonner la ville et commencer à appréhender cet environnement étranger.

La solitude exacerbée

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La solitude fait peur à tous les expatriés avec qui nous avons discuté et ce sentiment est exacerbé par le contexte actuel. Une Alumni de HEC Lausanne le résume ainsi : « La solitude ce n’était pas une peur, mais une angoisse profonde ».

Se recréer une sphère sociale à l’étranger, c’est un double défi. D’une part, notre muscle social est complètement atrophié après des mois de confinement ; d’autre part, recréer une bulle d’intimité sur place alors que les gens prennent des précautions pour éviter tout contact superflu n’est pas une mince affaire. A New-York, une expatriée décrit son quotidien ainsi : « Lorsque je suis arrivée, je vivais toute seule. J’allais au bureau deux fois par semaine avec une équipe réduite de moitié. Une fois l’hiver et le froid arrivés, toute la ville s’est reconfinée. Je ne pouvais explorer quoi que ce soit. Je me suis sentie vraiment seule ». Idem, de l’autre côté du Pacifique, où une jeune graduée raconte : « A cause du télétravail et du confinement, les trois premiers mois et demi de mon expérience, je n’ai rencontré quasi personne ». Le sentiment de solitude est exacerbé. Les contacts sont limités, les individus socialement bouleversés et la sphère du travail complètement modifiée.

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Il est utile de creuser quelque peu ce dernier point. La pandémie a engendré de profonds bouleversements au sein des structures de travail. Ainsi, c’est le télétravail qui fait désormais foi et qui s’impose (en tout cas partiellement) alors même que les taux de vaccination grimpent dans de nombreux pays. Les entreprises opèrent avec une force de travail réduite, due notamment au licenciement de la masse salariale. Une pression financière peut se faire ressentir. Certains travaux et projets peuvent tomber à l’eau, dans l’attente d’un je-ne-sais-quoi débloquant la situation actuelle. Les événements sociaux, apéritifs, networkings, conférences (physiques) se comptent sur les doigts d’une main alors que l’on assiste à un webinar de plus, depuis son lit. En conclusion, on est à la fois plus isolé, mais également confronté à une profonde transformation du quotidien au travail qui peut engendrer un sentiment d’inconfort. Il est ainsi plus difficile de créer le lien avec l’autre sur place.

Le maintien difficile du contact avec les proches

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Certains nous ont confié qu’ils éprouvent de la difficulté à conserver le lien avec les leurs. En effet, créer une nouvelle vie, débuter un nouveau travail, tisser des liens sociaux, tout en maintenant des relations solides avec ceux qui sont encore sur la terre-mère peut nécessiter une certaine énergie. « Je ressens une pression constante à devoir échanger avec mon entourage. Je dois partager toutes mes activités ordinaires, devenues extraordinaires, et ce avec une multitude de gens », nous explique une Alumni de l’Université de Genève, expatriée aux Etats-Unis. Le temps vient à manquer lorsque l’on jongle entre deux continents. L’échange virtuel peut être complexe, surtout lorsqu’il est maintenu à travers des zones de décalage horaire important.

Les restrictions de circulation mises en place par l’administration américaine sur la zone Schengen sont, elles aussi, toujours en place. Ainsi, on se retrouve également physiquement coupé de nos proches. Des combines, comme se retrouver dans un pays aux restrictions plus légères existent mais sont bien plus contraignantes et exigeantes au niveau du temps. Les happy fews qui se sont rendus au Costa Rica pour retrouver leurs proches européens le savent bien ! Aux États-Unis, certains n’ont même pas le luxe de quitter le territoire sous peine de ne pouvoir y remettre les pieds. Nombreux n’ont donc pas vu leur famille depuis plus de dix-huit mois, ce qui peut commencer à peser sur le moral.

Le choc culturel et la période de crise

La culture, selon Edward T. Hall (1976)2, serait similaire à un iceberg. Comme illustré sur l’image ci-dessus, seule une partie infime en est visible à l’œil nu. La culture s’exprime de façon claire et visible au travers de la nourriture, du langage, de la mode, de la musique, des arts, de la danse et de la littérature (liste non-exhaustive). Près de 90 % de la culture est quant à elle cachée sous la surface. C’est la culture profonde ! On y retrouve les expressions faciales, le langage corporel, les notions d’espace, l’amitié, les rôles sociaux, les comportements vis-à-vis des personnes âgées, etc. Afin de découvrir la culture profonde, il faut s’immerger au cœur de la culture : vivre et interagir en son sein. En observant ce modèle, on se rend compte que l’adaptation à une nouvelle culture est en réalité bien plus complexe qu’il n’y paraît. Nulle surprise alors que le choc culturel frappe rapidement après l’arrivée sur place. Ce dernier est décrit comme un état de stress et de désorientation vécu par une personne qui change de milieu et qui se retrouve sans repères.

« Il y’a énormément de bruit, les gens klaxonnent à tout bout de champ », « On me regarde comme un ovni, ici je fais partie d’une minorité », « Les gens expriment leurs émotions de façon complètement différente », « Les gens mettent une réelle distance entre nous car je suis blanche » sont autant de propos recueillis lors de notre discussion avec les expatriés3 et autant de situations qu’il faut réussir à appréhender. S’ajoutent à cela les différences liées au climat, à l’infrastructure, à la religion, à la langue et aux modes de fonctionnement. Chaque ville possède également sa propre horloge interne. Notre rapport au temps est modifié lorsque l’on change de pays : « A New York, tout bouge tout le temps. Il y a une diversité incroyable et des opportunités à chaque coin de rue. Le temps file à une vitesse incroyable. Le revers de la médaille, c’est qu’on a beaucoup de mal à s’enraciner », témoigne une Genevoise.

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Le terme « choc culturel » est popularisé en 1954 par l’anthropologue canadien Kalervo Oberg4 (1901-1973). Il décrit quatre étapes au travers desquelles tout individu transplanté dans une nouvelle culture passe. La première, la phase de lune de miel, se caractérise par la joie, l’excitation et l’énergie. Ce sont les premières semaines où l’exploration et la rencontre sont de mise. Les expatriés sont émerveillés par la nouveauté et idéalisent leur nouveau milieu. En second lieu vient l’étape de la confrontation ou de la crise : c’est la phase la plus délicate. Les différences entre le pays d’origine et d’adoption apparaissent au grand jour. On peut se sentir déstabilisé par la langue de son nouveau pays ou encore par sa position sociale dans un nouveau milieu : on peut faire partie d’une minorité ethnique ou raciale, avoir un statut économique au-dessus (ou en-dessous) de la moyenne ou encore, se retrouver face à des contextes historiques difficiles dans lesquels on peine à comprendre quel type de comportement adopter. Globalement, le nouvel environnement est perçu comme étrange, froid et hostile. Les sensations ressenties sont la fatigue, l’incompréhension, la frustration et même l’anxiété. Certains critiquent sévèrement leur nouvel habitat. C’est une désillusion après la phase de lune de miel. Fort heureusement, cette phase turbulente est (plus ou moins) remplacée par la phase dite d’adaptation. C’est durant cette période que le décodage de la nouvelle culture s’effectue et que les différences entre les deux milieux sont acceptées et digérées. Les routines se créent. C’est une période où l’on trouve enfin son équilibre. On n’est pas encore totalement à son aise, mais on commence à prendre ses marques. Finalement, on finit par s’acclimater réellement et après quelques années, c’est l’aisance biculturelle.

Pour la Docteure en neurosciences D. Waniusiow, changer d’écosystème est l’opportunité d’une profonde transformation intérieure et d’une découverte de soi face à l’inconnu. Certaines sensibilités ou peurs, existantes en nous, vont être mises en lumière face aux différences culturelles, comportementales, sociales, relationnelles… En partant à l’étranger, quelque chose en nous va être bouleversé. Il faut s’attendre à ce que les nouvelles expériences vécues à l’étranger impactent durablement notre perception du monde ainsi que nos relations. Notre quotidien sera lui aussi vécu différemment, enrichi par une ouverture d’esprit plus grande et par un accès facilité à la tolérance, sous couvert que la phase d’adaptation soit initiée et intégrée corporellement. Il est à noter que plus nous nous accrochons à ce que nous connaissons au détriment de la nouveauté, plus l’adaptation se fera tardivement avec ce sentiment d’être dans un sas anxiogène entre le connu et l’inconnu. Cette habileté à traverser ce sas peut être développée avant le départ à l’étranger pour limiter l’anxiété intérieure au profit d’un discernement serein.

La perception du temps distortionnée

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Notre rapport au temps est différent. Dans une ville hyperactive comme New York, il défile à une vitesse incroyable. On y vit beaucoup et on y vit intensément. Le temps nous coule à travers les doigts, comme de l’eau qu’on essaye de retenir. A l’inverse, dans d’autres écosystèmes, le temps est comme ralenti par rapport à nos habitudes, comme le témoigne une Alumni de l’Université de Lausanne : « Ici, les gens ont une notion très différente du temps et de la distance ».

De façon générale, une expérience à l’étranger bouscule notre perception du temps. En période de Covid-19, l’arrivée dure une éternité. Pourquoi ? La quarantaine vient nous voler des bribes précieuses de notre expérience outre-mer. Lorsque l’expérience à l’étranger dure seulement six mois, ces deux semaines sont perçues comme une éternité. Lorsque l’on est en phase de lune de miel ou en phase d’adaptation, le temps défile très rapidement, et il semble alors nous échapper. Juste avant le départ, le manque de temps se fait cruellement ressentir. Une phase plus douloureuse émotionnellement, comme la phase de confrontation, peut sembler durer une éternité. Ces variations dues à notre perception biaisée du temps viennent accentuer l’intensité de notre ressenti sur place.

Quelques conseils pratiques pour une mobilité internationale douce

Comment parvient-on à surmonter ces problématiques ? L’auto-analyse, apprise avant le départ, peut être un bon accompagnateur tout le long d’une expérience à l’étranger, tout en facilitant l’adaptation et en réduisant les sentiments d’isolement en terres autrefois inconnues. Une bonne préparation fera également la différence et nous permettra, par exemple, de pouvoir aligner ces attentes avec la réalité en effectuant des recherches au préalable et en entrant en contact avec des gens vivant dans notre destination.

Depuis la maison

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  • Dénichez des contacts sur place

Il s’agit d’une ressource inestimable. Avant de partir, contactez votre réseau et trouvez des gens qui vivent déjà dans votre destination. Collègues de boulot, amis d’amis, ou encore des gens recensés sur des groupes Facebook : « Il y a un 1001 groupes Facebook où on peut rencontrer du monde ! C’est une très bonne ressource », confie une ancienne élève de HEC Lausanne. Ces contacts pourront vous offrir un premier aperçu de la vie sur place et vous apporter un soutien lors de vos préparatifs (logement, coût de la vie, mobilité). Une fois que vous aurez déménagé, vous aurez déjà un point de repère. C’est avantageux, et ça permet également de surmonter l’isolement ou la solitude qui peut vous envahir une fois arrivé.

  • Organisez-vous pour votre logement

Deux options s’offrent à vous : trouver votre logement avant de partir, ou alors, louer un Airbnb pendant deux semaines (voire un mois) afin de vous familiariser avec la ville, découvrir ses réalités et réaliser vos visites en personne. « J’ai déménagé trois fois en trois mois. C’était assez fatiguant et je souhaite à tout le monde de trouver rapidement un logement agréable. Ça a un impact important sur notre expérience ici », témoigne une Alumni de l’Université de Lausanne depuis les Etats-Unis. Vous pouvez également vous interroger sur vos préférences au préalable : désirez-vous vivre seul, avec des expatriés, des locaux, etc. ?

  • Déménagez sur place deux semaines avant le début de votre stage/échange

Vous aurez ainsi le temps de prendre vos marques. Dû à l’incertitude liée au Covid-19, nombreux ont témoigné avoir déménagé à l’étranger trois à quatre jours avant le début de leur stage. Une Alumni de HEC Lausanne, actuellement en Côte d’Ivoire, déclare : « Ce qui m’a manqué lors de mon arrivée, c’est le temps ». Vous débutez une nouvelle vie, octroyez-vous le luxe – si vous pouvez vous le permettre – de la débuter tranquillement, après avoir digéré la période de jetlag.

  • Réglez les questions administratives avant le départ

Comptes bancaires, assurance internationale, vaccins, adresses, forfaits téléphoniques… Il s’agit de petites questions administratives à régler avant de partir qui vous éviteront de nombreuses heures de perdues à l’étranger (et de cheveux arrachés – de frustration !).

  • Renseignez-vous sur votre destination

Se renseigner sur votre nouvel écosystème présente de nombreux avantages : Ruben Dario Alves López et Alicia de la Peña Portero écrivent au sein d’une revue académique que la connaissance du nouveau pays réduit le choc culturel5. Il convient donc de se renseigner sur le climat, le coût des logements, les transports, la langue, la culture, la nourriture, les conventions ou normes sociales, les règles de politesse, la religion, etc. Cela vous permettra de mieux vous intégrer et de mieux comprendre la culture locale. En plus de cela, vous renforcez ainsi votre curiosité et votre envie de découvrir le pays, et vous pourrez mieux vous connecter avec les gens sur place. Si vous débutez un stage, renseignez-vous sur la culture d’entreprise sur place. Les attentes et les attitudes peuvent en effet également différer d’un pays à l’autre. C’est d’ailleurs la règle plutôt que l’exception.

  • Préparez-vous mentalement

Comme un Alumni de l’Université de Saint-Gall l’affirme, il est important d’aligner ses attentes avec la réalité. Ainsi, accumuler des informations sur sa destination sera non seulement pratique mais également utile pour se projeter. On peut donc se préparer en comprenant quelles seront les principales difficultés sur place, que ce soit la barrière de la langue, le climat ou l’infrastructure. Les nombreux défis rencontrés en période de Covid-19 et racontés dans cet article servent également à cela !

Sur place

  • Ne vous laissez pas abattre par les inégalités

« Plutôt que de se laisser abattre par les inégalités sur place et culpabiliser de ses propres privilèges, il vaut mieux mettre son énergie dans quelque chose qui a du sens pour nous », conseille une expatriée en Mongolie. Revoir ses standards et ne pas s’attendre à ce qu’ils soient similaires à ceux en Suisse est également important. Être prêt à déconstruire de nombreux préjugés l’est tout autant. En tant qu’expatrié, on a toujours le choix de pouvoir rentrer chez soi.

  • Créez votre sphère sociale

Sans contact social, on dépérit. Trouver un espace où l’on se sent en sécurité et où l’on peut recharger ces batteries, c’est essentiel. Cela impactera durablement toute expérience à l’étranger. Une Alumni de l’Université de Lausanne recommande intelligemment de faire abstraction des barrières de l’âge. « Les premiers Suisses que j’ai rencontrés ici avaient l’âge de mes parents », nous confie-t-elle. Souvent, on s’impose des limites par rapport aux différences intergénérationnelles. On peut passer ainsi à côté de nombreuses richesses et opportunités d’apprentissage.

  • Remettez-vous en question

Lors de nos interactions, certains nouveaux comportements sociétaux, culturels ou relationnels vont nous bousculer de façon abrupte. Dès lors, la Dr. Delphine Wanusiow nous rappelle qu’il est important d’accueillir la blessure intérieure qui se manifeste et de ne pas projeter ses peurs, colères, ou frustrations sur l’autre. Si une émotion négative se déclenche en nous durant un échange ou un évènement, une solution possible est de la ressentir pleinement et de s’interroger sur ce que cette émotion révèle sur nous. De fait, l’autre personne nous offre une opportunité d’apprentissage pour découvrir et transformer une limite intérieure qui vient d’être touchée. Nous retrouvons donc le fameux travail d’auto-analyse, utile quotidiennement pour faciliter l’adaptation et s’ouvrir à la tolérance. De façon plus générale, lors d’un départ à l’étranger, il faut être prêt à déconstruire de nombreux préjugés et idées préconçues sur le monde que nous avons construit mentalement pour accepter le monde réel qui s’ouvre à nous.

Le retour chez soi

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À l’étranger, il est difficile de se rendre compte de son évolution. C’est une fois que l’on retrouve le monde qu’on a laissé derrière soi qu’on se rend compte qu’on n’est plus tout à fait la même personne. Au retour, c’est le second choc culturel

Merci à Jérôme C., Léonie M., Fadri R., Joséphine E., Clémence C. & Emilie F. 

 Un grand merci également à Delphine W. 

Yasmine Starein

Ambassadrice Alumni HEC Lausanne à New York

Précisions & Sources:

Précisions :

1 Lorsque je ferai référence au groupe des 7 personnes que j’ai interviewé, je dirai par souci de facilité « les expatriés », bien que ce terme ne soit pas tout à fait correct, puisque la moitié du groupe ne réside (lieu de résidence primaire) pas à l’étranger, mais s’y trouve pour une période délimitée dans le temps. 2 Source 3 Ce terme n’est pas tout à fait adéquat, puisque j’ai également interrogé des stagiaires qui se sont déplacés pour une période de temps réduite (ex : 6 mois) dont le lieu de résidence se trouve encore en Suisse. J’utiliserai cependant par facilité le terme « expatrié ». 4 Oberg, K. (1954). Culture Shock and the Problem of Adaptation to New Environments, http://spartanhistory.kora.matrix.msu.edu/files/6/32/6-20-90F-116-UA2-9-5-5_001301.pdf 5 Alves Lopes, R. & de la Peña Portero, A. (2013).  “Cultural shock: adaptation strategies”. Revista Nebrija de Lingüística Aplicada a la Enseñanza de Lenguas. Issue 13, p92-107. 6p.