Depuis maintenant un peu plus de 3 ans, Genève se mue en grande capitale mondiale de l’horlogerie durant le mois d’avril. En outre des grandes marques de montres qui ornent les bâtiments bordant les quais et nous rappellent à quel point l’horlogerie est importante pour la cité de Calvin, un évènement annuel particulier inscrit définitivement la capitale genevoise comme centre planétaire de l’horlogerie haut-de-gamme : Watches and Wonders.
Watches and What ?
Watches and Wonders est un salon horloger d’une semaine qui se tient à Palexpo chaque année au mois d’avril. Dédié initialement aux professionnels de la branche, il est également ouvert au public durant le week-end, et ce depuis 2022. Auparavant nommée Salon International de la Haute Horlogerie (SIHH), Il a été créé à l’initiative de plusieurs marques genevoises à la suite de la débâcle de Baselworld (anciennement le grand salon de l’horlogerie et de la joaillerie, se tenant à Bâle, qui a cessé d’exister en 2020 à la suite de la défection de nombreux grands acteurs). Le groupe Richemont (à qui appartient Cartier, Van Cleef & Arpels, IWC, Jaeger-LeCoultre, Panerai ou encore Piaget) était déjà présent depuis plusieurs années à Palexpo au sein du SIHH, et il a été rejoint par Rolex, Tudor, Patek Philippe, Chopard et Chanel en 2020, qui ont annoncé leur intention de ne plus participer à Baselworld. A la différence de ce dernier, qui était organisé par une entreprise privée, Watches and Wonders est chapeauté par une fondation, au sein de laquelle siègent, entre autres, le CEO de Rolex, Jean-Frédérique Dufour, et celui de Cartier, Cyrille Vigneron. C’est donc un salon par l’industrie, pour l’industrie qui s’est créé, afin de répondre aux besoins des marques horlogères.
Que se passe-t-il donc lors de ce fameux salon ? La raison principale de son existence est d’offrir aux marques d’horlogerie de luxe une plateforme afin de présenter et d’exposer leurs nouveautés et leurs collections, d’accueillir presse, influenceurs, détaillants et clients importants en un lieu unique. Du samedi au lundi, le salon est également ouvert au public (prix du billet entre CHF 50.- et CHF 70.-), ce qui permet aux amateurs et autres passionnés de montres de venir rêver l’espace d’une journée ou deux.
HEConomist s’est donc rendu, pour vous (et pour le plaisir personnel de l’auteur), au salon Watches and Wonders lors du dernier jour d’ouverture. Que vous connaissiez ou non l’évènement, nous vous proposons de plonger au sein du plus grand salon d’horlogerie du monde. Suivez le guide !
Palexpo version hôtel 5 étoiles
Si vous avez déjà foulé le sol du centre d’exposition Palexpo, préparez-vous à être dépaysé. Celui-ci se déguise l’espace d’une semaine en hall d’hôtel 5 étoiles, avec moquette couleur brun clair, jeux de lumière complexes, murs blancs habillés de poteaux majestueux, canapés, plantes ornementales et bars à champagne. La première chose qui frappe lorsqu’on passe la sécurité, c’est l’immensité et la démesure, tant physique qu’esthétique, des stands et du salon. Les plus grosses marques ont érigé de véritables petits immeubles, bijoux architecturaux à côtés desquels les visiteurs peuvent déambuler sans fin tant les mètres carrés s’enchaînent à n’en plus finir. Et des mètres carrés, il en faut pour permettre aux 54 marques exposantes de mettre en valeur chacun de leurs nouveaux modèles dans un univers qui leur est propre !
A l’intérieur du salon, le monde de l’horlogerie s’ouvre à vous. Chacune des marques présente possède son propre stand qui lui est unique, au sein duquel elle va chercher à transporter les visiteurs dans son monde et ses créations au travers d’une décoration et d’un aménagement spécifique.
Les marques du groupe Richemont
Ce sont les marques du groupe Richemont qui sont tout d’abord à l’honneur. Les onze marques du groupe sont reliées entre elles par un majestueux hall commun à l’aspect luxueux. A. Lange & Söhne, marque de haute horlogerie allemande, nous en jette pleins les yeux avec un modèle « XXL » (et fonctionnel !) de sa nouveauté, un chronographe tourbillon calendrier perpétuel (si vous n’êtes pas expert, cet alambiquage signifie une montre très compliquée et très chère) en or, qui permet d’admirer sans loupe chacun des détails de la montre. La marque allemande en profite pour démontrer son expertise en matière de mouvements mécaniques, dont on peut apercevoir les différentes déclinaisons derrière une vitre.
Quelques mètres plus loin, nous trouvons le stand de Jaeger-LeCoultre, autre spécialiste de la montre compliqué. La marque nous propose une nouvelle démonstration de savoir-faire, avec un petit film retraçant son histoire, diffusé sur deux grands écrans, au-dessus d’un grand socle imitant une forge, effets pyrotechniques à l’appui. Aux quatre coins du stand, des horlogers sont affairés à décorer des pièces afin de proposer un aperçu du savoir-faire de la maison devant les yeux admiratifs des visiteurs. Autre expérience proposée, une dégustation d’amuse-bouche concoctés en collaboration avec un chef étoilé, afin de ravir ses papilles après en avoir pris plein la vue.
Juste en face se tient le stand du joailler Van Cleef & Arpels. La marque de la place Vendôme nous convie dans un univers à mi-chemin entre forêt enchantée et jardin luxuriant, exhibant tout son savoir-faire de bijoux et montres à motifs floraux. En plus d’exposer des modèles de montres et pendules d’une grande poésie, Van Cleef a pris l’habitude de proposer un des plus beaux, si ce n’est le plus beau stand du salon. C’est une attraction à ne pas manquer lors des prochaines éditions de Watches and Wonders !
Quelques mètres plus loin, la marque Schaffhousoise IWC a posé ses valises. Le thème de cette année tourne autour de la mesure du cycle des marées et de la lune. Afin de mettre en avant sa dernière nouveauté, une montre capable d’afficher la bonne date jusqu’à la fin du calendrier grégorien (c’est-à-dire pendant 400 ans) et dotée d’une phase de lune (affichage du cycle de la lune), IWC a disposé ses modèles sur un grand plateau rappelant le cadran de sa nouveauté phare, recouvert d’une fine couche d’eau, le tout surmonté d’une lune géante.
Lorsque l’on s’aventure du côté de ce que le groupe Richemont possède de plus haut-de-gamme, Vacheron Constantin nous offre la montre avec le plus de cmplications jamais produite, qui ne compte pas moins de 63 complications (une complication est une fonction supplémentaire de l’affichage des heures, minutes et secondes) et 2’877 pièces, tandis que Roger Dubuis nous propose une démonstration de tour de magie en faisant léviter montres et mouvements dans des tubes en verre servant de présentoir. Ressemblant plus à une version miniature d’une horloge astronomique sortant tout droit du XVIIIème siècle, la création de Vacheron Constantin, un modèle unique commandé par un collectionneur, n’en demeure pas moins impressionnante, ne serait-ce que par les 11 années de recherche et développement qu’elle a nécessité.
En parlant de magie, c’est également le thème choisi par Cartier, qui nous accueille dans un stand façon luxe à la française, très épuré. La marque parisienne expose cette année quelques pièces historiques « mystérieuses », jouant d’illusions d’optique et de mécanique bien pensée afin de tromper l’œil du spectateur, en plus de ses nouveautés. A l’opposé, la marque Ulysse Nardin a décidé de ne pas se cacher en habillant le sol de son stand d’une immense montre (bien que la lecture complexe de l’heure la fasse plus ressembler à un vaisseau spatial qu’à une montre de poignet), qui se réfléchit dans un gigantesque miroir incliné à 45 degrés au plafond, ce qui permet des photos quelque peu insolites.
Hall principal
Un peu plus loin, nous trouvons le hall principal de Watches and Wonders, qui gagne en hauteur de plafond et en taille des stands. C’est ici que nous retrouvons les plus grandes marques, dont les édifices comprennent jusqu’à 3 étages et abritant salons, salle de réunions, expositions ou encore bars à cocktails.
Rolex, Patek Philippe, Chanel, Chopard, les visiteurs pourront admirer dans cette partie du salon les nouveautés des marques les plus reconnues du secteur. En ce qui concerne l’aspect visuel des stands, l’ADN de chaque marque a ici pris le dessus sur l’ambiance feutrée et homogène constatée auparavant. Les structures se parent de couleurs, décorations et autres éléments esthétiques spécifiques aux différents acteurs présents dans cet espace. L’immense stand Rolex scintille, recouvert de lumières, alors que le stand Tudor adjacent affiche un combo rouge et noir résolument plus sportif. Le stand de Patek Philippe en face se pare d’une façade en verre tandis que Chopard a décidé de recréer une boutique digne d’un flagship de centre-ville huppé. Au milieu de tout cela, la foule se presse pour admirer les nouveautés de la marque à la couronne, no 1 du secteur, alors qu’une file se forme afin de participer à la visite de l’intérieur du stand Tudor. Lors de cette dernière, on nous indique le travail requis pour assembler le stand : sept semaines pour le montage et quatre pour le démontage, impressionnant.
Juste avant la fermeture du salon, il est indispensable d’aller jeter un œil dans le coin des plus petites marques indépendantes. C’est en effet là que l’on trouve les acteurs les moins connus de l’industrie, mais également les plus exclusifs et innovants. Dans un espace un peu à part, les petits stands de quelques mètres carrés se côtoient en offrant à la vue des montres d’une technicité et d’une beauté peu égalée.
Et en dehors des vitrines ?
Si vous désirez voir en détail chaque nouveauté et pouvoir en discuter un peu avec le personnel présent sur les stands, une journée complète ne sera pas de trop. En revanche, si le lèche-vitrine vous lasse rapidement, qu’y a-t-il d’autre à faire à Watches and Wonders ?
En plus des visites guidées organisées par les marques ou par le salon, plusieurs conférences ont lieu chaque jour. Celles-ci se penchent entre autres sur les tendances du marché, les défis à venir, des questions de passionnés, le fonctionnement de certains mécanismes ou encore l’histoire de l’horlogerie ; en résumé, il y en a pour tous les goûts. Certaines marques organisent également des animations sur leur stand : quizz, jeux concours, workshop, ainsi que les très demandées sessions de touch and feel (qui permettent de toucher et manipuler les nouveautés) sont accessibles à tous les visiteurs. Pour les férus de technologie, un espace est spécialement dédié aux projets de nouvelles technologies liées à l’horlogerie, au sein duquel on peut entendre parler blockchain, laser, design avant-gardiste et réalité virtuelle. Une exposition photo se tient également dans l’enceinte de Watches and Wonders.
En conclusion
Bien que certaines marques permettent de toucher et prendre en main leurs modèles, pouvoir manipuler des montres reste tout de même relativement rare. S’il est impératif pour vous de pouvoir essayer les produits, une expérience en boutique sera bien plus valorisante, surtout au vu du prix des billets d’entrée au salon. En revanche, si vous êtes un passionné d’horlogerie, de mécanique, de luxe, ou juste très curieux, je vous recommande vivement de tester l’aventure Watches and Wonders. La beauté des stands et de la décoration justifie presque à elle-seule de venir une fois au salon, si l’on rajoute ensuite le nombre exceptionnel de montres exposées, nous avons de quoi régaler n’importe quelle personne un tant soit peu intéressé par l’horlogerie. Tout ceci explique le succès de Watches and Wonders, qui a accueilli cette année pas loin de 50’000 visiteurs venant des quatre coins du monde.