Quand on pense à l’architecture de demain, on s’imagine surtout d’immenses buildings construits en béton et en verre. Seulement, ces derniers sont très peu adaptés aux enjeux climatiques d’aujourd’hui, que ce soient les tremblements de terre ou le dérèglement climatique. Le verre réfléchit les rayons du soleil, amplifiant la chaleur, et la production du béton consomme énormément d’énergie, participant au réchauffement climatique par ses émissions de carbone.
En réponse à ces enjeux internationaux, l’architecture vernaculaire, par ses aspects locaux et culturels, peut permettre d’apporter aux constructions modernes une dimension alliant enjeux environnementaux et préservation des connaissances traditionnelles.
Aspects de l’architecture vernaculaire
L’architecture vernaculaire se rapporte à une architecture qui s’appuie sur des techniques, des connaissances et des traditions puisées dans l’endroit de construction tout en utilisant des matériaux propres à l’environnement local. L’emploi de ressources trouvées dans l’environnement immédiat, incluant le bois, la terre, la pierre, et d’autres matériaux naturels, réduit la dépendance vis-à-vis des matériaux importés et diminue l’empreinte carbone associée au transport. L’architecture vernaculaire est ainsi une réelle architecture de l’endroit, enracinée dans l’identité, l’histoire et le savoir-faire de la région.
Elle est le reflet de l’ingéniosité de l’homme pour utiliser les matériaux disponibles, tout en offrant une réponse adaptée au climat changeant et aux besoins du peuple. Elle répond alors aux trois piliers du développement durable : pilier social, économique et environnemental.
Adaptation au climat
Les matériaux utilisés sont naturels et respectueux de l’environnement, mais permettent aussi de protéger les populations des extrêmes climatiques. Seront par exemples utilisés, des matériaux qui absorbent l’humidité de la nuit et la restituent par évaporation lors des très fortes chaleurs, permettant ainsi une ventilation naturelle. À l’inverse, dans les zones froides, l’utilisation de l’architecture vernaculaire se manifeste par l’utilisation de matériaux et de techniques conçus pour retenir la chaleur. Les habitants de l’Arctique, par exemple, utilisent la neige, seule matière première disponible, pour créer une structure incroyablement isolante.
Outre l’utilisation de matériaux permettant de réguler naturellement la température intérieure des bâtiments, ces derniers sont aussi conçus de manière à optimiser l’ombrage ou encore à favoriser la circulation de l’air.
Réponse aux besoins culturels et sociaux
En plus du fait qu’elle recourt à la main d’œuvre et les matériaux locaux, l’architecture vernaculaire est également l’expression de l’identité culturelle et du vivre ensemble. Les maisons creusées dans la pierre en Tunisie, telles que les habitations troglodytes, témoignent de la volonté des communautés de cohabiter en harmonie avec leur environnement, illustrant ainsi leur respect pour la nature.
Le processus dans lequel s’inscrit cette architecture comporte ainsi un élément social très important. En créant des structures en accord avec les exigences environnementales, sociales et familiales, cette approche renforce la cohésion communautaire. Elle place alors les communautés au cœur des décisions collectives, leur permettant de préserver leur identité culturelle et de renforcer leur autonomie.
Contribution à l’architecture de demain
L’intérêt renouvelé pour l’architecture vernaculaire est en partie dû à sa pertinence pour les défis écologiques contemporains et l’architecture durable. En raison de son utilisation efficiente de ressources locales et renouvelables, elle offre des leçons précieuses en termes de construction durable et encourage les pays à moins dépendre des matériaux industriels qui sont souvent coûteux et écologiquement dommageables à produire.
Par ses méthodes de construction moins énergivores, elle minimise souvent l’empreinte carbone ; défi crucial dans le contexte actuel de changement climatique et de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Le fait de rester à une échelle régionale permet également de perpétuer les compétences artisanales, mais aussi de stimuler l’économie locale, notamment en recourant à des matériaux produits localement et en faisant appel à une main-d’œuvre locale.
À cet égard, suite aux tremblements de terre qui ont frappé l’Afghanistan en octobre 2022, le Programme de Développement des Nations Unies (PNUD) a mis en place un projet visant à accompagner la population afghane dans la restauration de leurs maisons en utilisant l’architecture vernaculaire. Le PNUD ne donne pas seulement une solution à l’enjeu de la reconstruction. Il répond également aux besoins immédiats du pays, en employant des membres de la communauté contre rémunération, leur permettant alors de restaurer à la fois les entreprises et les économies locales. Plus particulièrement, cette initiative permet de donner aux femmes afghanes de nouvelles compétences et d’autres sources de revenu. Le fait de mettre l’accent sur la problématique du genre permet alors d’améliorer le statut social des femmes et de promouvoir l’égalité femmes-hommes en Afghanistan, un réel autre défi actuel.
En conclusion, l’architecture vernaculaire apparaît comme une source d’inspiration pour l’avenir de l’architecture, particulièrement dans le cadre de la recherche de solutions durables et respectueuses de l’environnement. Sa capacité à intégrer des aspects écologiques, économiques, sociaux et culturels en fait un modèle particulièrement pertinent pour l’architecture de demain.