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À la recherche de la valeur commerciale de l’art

Les plus anciennes traces d’art que nous ayons remontent à l’âge glaciaire, lorsque l’homme primitif représentait ce qui s’offrait à lui, ce qu’il pouvait observer dans son quotidien, essentiellement les animaux et la chasse. Cependant, la première œuvre d’art à proprement parler pourrait être le « Löwenmensch » ou homme-lion, sculpté dans de l’ivoire et datant de l’Aurignacien (il y environ 40’000 ans). Au fil du temps, des œuvres d’art devinrent précieuses, appréciées et échangées. Toutefois, le marché de l’art tel que nous le connaissons aujourd’hui, a fait son apparition au XVIIIe siècle. Avant cela, les peintures, fresques et sculptures étaient commandées directement auprès des artistes surtout par des personnes nobles ou riches (e. g. les Médicis) ou encore par l’Église catholique.

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Der Löwenmensch

La maison de vente aux enchères Christie’s a été fondée en 1766 et c’est ainsi que de riches marchands amenèrent acheteurs et vendeurs à se rencontrer. De nos jours, ceci a pris une dimension considérable et d’après un rapport de Clare McAndrew, une économiste spécialiste du marché de l’art, les ventes d’art dans le monde se sont élevées au total à 64 mds de dollars en 2015. Comment donc les acteurs de ce marché évaluent et apprécient la valeur d’une œuvre ? Y a-t-il d’autres facteurs que l’offre et la demande qui régissent ce marché ?

Au commencement

Tout d’abord, la valeur commerciale d’une œuvre est basée sur l’intention et l’accord collectif d’y prêter une quelconque qualité. Sa valeur d’échange ou de marché est supérieure à sa valeur intrinsèque (comme, par exemple, au même titre qu’un billet de banque dont la valeur nominale est supérieure à sa valeur intrinsèque). Si l’on considère une série de nouvelles œuvres produite par un même artiste de différentes tailles, alors le prix sera influencé en fonction des dimensions de chacune : plus une œuvre est de grand format, plus elle sera coûteuse (et ce même avant qu’elle ne soit mise sur le marché et même appréciée par les collectionneurs et le public). Il en va de même pour la qualité des matériaux utilisés : une huile sur toile sera plus chère qu’un dessin au fusain sur papier car la durabilité du premier support est nettement supérieure au second (et ce même si le dessin est réalisé sur un format supérieur à celui de la toile). Ainsi, et contrairement à ce que l’on pourrait croire, le coût des matériaux en peinture et en dessin n’entre pas en ligne de compte dans le prix d’une œuvre.

Sur le marché secondaire

Outre l’achat d’une œuvre d’art directement chez l’artiste ou chez son galeriste, tout autre achat relève du marché secondaire (que ce soit des maîtres de la peinture flamande, des peintres impressionnistes ou des chefs-d’œuvre cubistes). Dans ce marché secondaire donc, on assiste à des ventes qui, par analogie, pourraient se comparer à des vêtements de seconde main. Or, dans le cas de vente d’objets d’occasion, on s’attend à ce que ceux-ci perdent de la valeur car ils ont été usés ou détériorés. Ce n’est évidemment pas le cas pour le marché de l’art qui réagit essentiellement en fonction de l’offre et de la demande.

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À combien évaluez-vous cette œuvre de Mark Rothko ?

S’orienter dans l’appréciation de la valeur d’une œuvre

D’accord, mais dans ce cas, sur quoi essentiellement se base la demande, comment justifie-t-elle son engouement pour telle ou telle œuvre ? S’il est tout à fait possible pour certains d’acheter parfois sur un coup de cœur ou de tête, voici quelques critères sur lesquels se baser pour établir la valeur d’une œuvre :

  1. L’œuvre est-elle authentifiée ?
  2. Quelle est la place de l’artiste dans l’histoire de l’art (s’applique moins aux artistes contemporains) ?
  3. L’œuvre s’inscrit-elle dans une période et un contexte favorable au sein de la carrière de l’artiste ?
  4. Le sujet représenté est-il particulièrement caractéristique ou représentatif de l’artiste qui l’a produit ?
  5. Est-ce que l’œuvre n’a pas subi de dommages ? Est-elle en bonne condition ?
  6. Provient-elle d’une ancienne ou réputée collection ? Qu’en est-il de sa traçabilité ?

Il reste enfin la partie la plus essentielle : la valeur non financière d’une œuvre. Prendre le temps de contempler « The Weeping Woman » de Picasso ou le portrait de la mère de Rembrandt, c’est reconnaître que ces peintures sont des chefs-d’œuvre. En tant que spectateur, on est invité à prendre part à l’œuvre, à la faire vivre à travers notre regard et c’est sûrement là que se trouve la vraie valeur de l’art.

Alexandre Lachat