L’étudiant HEC, cet être vil et ignorant

Lettre ouverte à tous les étudiants de l’UNIL faisant preuve d’un peu d’humour

Ami lecteur, bonsoir.

« L’étudiant HEC n’est pas des plus aimés.

On lui reproche de mépriser les autres facultés,

De ne penser qu’à l’argent.

Le capitalisme, dont il est un partisan plus que fervent,

Lui fait détruire la planète

Et fait de lui un parfait malhonnête. »

Adam Smith

Voilà en gros (et en très caricaturé) ce que pensent de nombreuses personnes sur la faculté des HEC (dont nous sommes le journal pour ceux qui n’avaient pas compris).

POURTANT, il est temps pour moi de rétablir la vérité : ces reproches ne sont pas injustement fondés.

Il est vrai qu’une partie assez conséquente de notre faculté peut être qualifiée assez facilement de « vils petits capitalistes » (je mets des guillemets car je tiens à ma propre place dans la faculté). Ceux-ci ont choisi HEC parce « que papa/maman m’a dit que c’était la meilleure chose à faire », ou parce que « mon objectif premier dans la vie est d’avoir un compte en banque bien fourni », ou encore parce que « je ne savais pas où aller ».

Ces étudiants peuvent être qualifiés aisément de « sans âme » et ce n’est pas moi qui vais vous dire le contraire

De plus, de nombreux problèmes (réchauffement climatique, pauvreté etc.) sont dus, entre autres, à de grandes multinationales irresponsables qui recrutent principalement des personnes sortant d’écoles telles que HEC.

Alors oui, pour chaque stéréotype il y a une base de vrai, et ce n’est pas les étudiants en lettres qui nous diront le contraire ! (Je plaisante, bien entendu…)

MAIS, (car il y a bien un « mais ») : la réalité est souvent bien plus complexe (ce n’est pas les étudiants en lettres qui nous diront le contraire !).

Les étudiants HEC sont très nombreux (un total d’environ 3000) ; la faculté comporte huit masters, axés chacun sur des branches relativement différentes. Alors forcément avec toute cette diversité, on trouve de tout.

Bien sûr que nos études sont centrées essentiellement sur le monde de l’argent, mais cela nous permet de mieux comprendre cette société étrange dans laquelle nous vivons (et qui tourne principalement autour de l’argent). Cela nous permet également d’identifier précisément les gros défauts du capitalisme pour pouvoir le changer de l’intérieur (Même si c’est une phrase bateau, j’en suis intimement convaincu).

Cependant, pour avoir cette vision-là, il faut une dose assez conséquente d’esprit critique (et d’humour !). Malheureusement tout le monde n’a pas ce recul nécessaire…

De plus, contrairement aux idées reçues, nos études ne nous ouvrent pas QUE les portes de grosses multinationales, bien au contraire : en sortant d’HEC il est possible de travailler dans des startups, des organisations internationales, des ONG, des entreprises à but non-lucratif et même chez l’État !

Surtout, les mentalités changent de plus en plus. Les jeunes diplômés sont de moins en moins attirés par les grosses entreprises, comme l’explique bien cet article du Temps : « Les multinationales ne font plus rêver les jeunes.[1] »

« Le message des grosses entreprises ne passe plus. Les slogans sur la rentabilité actionnariale, l’esprit d’équipe, l’engagement des troupes et l’avenir radieux dans un monde hyper-compétitif, tout cela sonne de plus en plus faux pour la nouvelle génération. Elle veut désormais des entreprises qui soient en ligne avec leurs valeurs personnelles : développement durable, responsabilité sociale, transparence et éthique. »

Le monde change et les étudiants d’HEC avec (enfin pas tous).

Alors oui, nous avons fait un choix en optant pour cette faculté. Et ce choix ne regarde que nous. Et il en va de même pour tous les étudiants de l’UNIL ! (Ce n’est pas les étudiants en lettres qui diront le contraire) & (oui je sais : je ne ressource pas mes vannes).

N’oubliez pas que chacun a le droit d’être passionné par un sujet (même si c’est des maths financières).

Rousseau disait : « La raison et le jugement viennent lentement, les préjugés accourent en foule. » Ainsi, avec mon fin esprit d’analyste littéraire je ne peux vous dire qu’une chose : c’est pas faux !

Je ne sais pas si ce sentiment d’être un peu « à part » est le même dans toutes les facultés, mais en tout cas il est très présent dans la faculté des HEC.

Je trouve fort dommage que nos interactions avec les autres facultés soient limitées entre autres à cause de préjugés ; mais aussi à cause du peu de cours inter-facultaires que l’on nous propose.

Je pense que des échanges entre les différentes facultés nous permettraient d’aiguiser notre esprit critique en entendant d’autres avis et surtout, cela nous permettrait de mettre en commun nos savoirs pour essayer de créer un monde meilleur (ce n’est pas les étudiants en lettres qui diront le contraire) !

Alors, vivent les étudiants de l’UNIL, l’avenir est à nous !

Un étudiant marxiste anonyme