Alexandra Post Quillet

Made in HEC : Alexandra Post Quillet

Alexandra Post Quillet est diplômée d’HEC Lausanne en gestion d’entreprise. Actuellement, elle siège au sein de plusieurs conseils d’administration. Alexandra s’est prêtée au jeu de l’entretien pour HEConomist.

Alexandra Post Quillet

Pouvez-vous me décrire votre expérience à HEC Lausanne ?

Alexandra : C’était de très belles années. Au départ j’avais fait une année à l’EPFL et ça ne m’avais pas tellement plu. Par contre c’était très rigoureux et matheux et ainsi quand je suis arrivée à HEC j’avais déjà un peu les bases de la première année.

Mes plus belles amitié-e-s aujourd’hui sont des personnes que j’ai rencontrées pendant les études. Et puis ça m’a fait un super réseau !

Qu’est-ce qui vous as le plus marqué durant vos études ?

Alexandra : Il y avait le cours de comptabilité de M.Stettler , qui m’avait beaucoup plu (j’étais une des seules d’ailleurs), même si aujourd’hui ce n’est absolument pas mon domaine !

Il y avait aussi le professeur M. Goetschin, qui nous enseignait la gestion d’entreprise avec beaucoup de business cases. C’était ce qui se rapprochait le plus de ce qu’on retrouve en entreprise après.

Puis au niveau des associations ce qui m’a le plus marqué était mon expérience à la junior entreprise mais aussi le fait que grâce à l’AIESEC, j’ai pu partir en Afrique du Sud après mes études.

Auriez-vous des conseils à donner aux étudiants ?

Alexandra : Mon premier conseil, est d’essayer de faire le plus de stages que possible, de sortir hors de sa zone de confort, même si l’envie n’est pas toujours là. Non seulement cela aide pour le CV mais cela ouvre aussi l’esprit et permet de voir ce qui nous motive.

Cela fait 12 ans que je suis membre du jury pour le prix Strategis et cette expérience pour les étudiant-e-s est très formatrice. J’encourage de mettre le plus d’enseignement possible en pratique.

Et mon dernier conseil, c’est d’avoir du plaisir, parce que quand on a du plaisir à faire ce que l’on fait, on est meilleur-e-s !

Quel a été votre premier travail et pouvez-vous me décrire votre travail aujourd’hui ? En quoi consiste-t-il exactement ?

Alexandra : J’ai commencé chez Nestlé dans l’audit international, puis chez Unilever et j’ai eu l’opportunité de partir à l’étranger.

J’ai choisi des grands groupes dans des postes de marketing et de vente parce que je trouvais ça très formateur.

J’ai travaillé et vécu en Pologne et au Vietnam et quand on est jeune c’est des superbes expériences, c’est là qu’on apprend vraiment ! Lorsque j’étais en Pologne j’ai eu la chance de diriger une filiale, à 33 ans, la courbe d’apprentissage est exponentielle.

Lorsque je suis revenue en Suisse, j’ai décidé de créer une entreprise de conseil en marketing avec une collègue. Puis cela va faire 6 ans que j’ai commencé à prendre des mandats de conseil d’administration, et je suis aujourd’hui administratrice indépendante. Je siège dans des conseils d’administration. Nous sommes nommé-e-s par les actionnaires. Selon le code des obligations, le conseil d’administration a pour responsabilité d’assurer la pérennité de la société. En ce qui concerne nos tâches principales elles sont les suivantes :

  • S’assurer qu’il y ait une stratégie.
  • S’assurer de la surveillance en termes de tout ce qui est gestion financière, gestion des risques et conformité.
  • Et nommer et révoquer la direction générale.

Actuellement je siège dans le conseil d’administration de 7 entreprises. Notamment aux CFF, chez Emmi à Lucerne, chez la banque Landolt, et chez Schenk qui est une magnifique entreprise vitivinicole. J’ai beaucoup de mandats très intéressants.

Ce n’est pas un emploi au quotidien, on a entre 4 et 12 réunions par an par entreprise, en présence de la direction générale.

Pour effectuer mon travail, il est nécessaire de faire une carrière dans l’opérationnel au préalable afin d’amener de la valeur. Vous ne pouvez pas parler de stratégie si vous n’en avez jamais fait une. Vous ne pouvez pas parler de finance et de gestion des risques si vous n’avez jamais été dans une entreprise et n’avez jamais fait de matrice de gestion des risques ou un exercice de clôture des comptes. Il s’agit plus d’un aboutissement de carrière. Un plus dans ce métier, c’est que chacun/chacune amène ses propres compétences, on ne doit pas tout savoir, c’est le conseil d’administration dans sa globalité qui doit disposer des compétences nécessaires.

En parallèle, j’ai une école de formation avec 2 associés, l’ACAD, l’académie des administrateurs, et nous donnons des séminaires pour former des administrateurs et administratrices à la bonne gouvernance.

Dans mon travail je m’ennuie rarement, c’est très varié, je suis active dans de nombreux domaines différents. Un des apports des administrateurs, c’est la transversalité. Si vous êtes dans un secteur comme l’industrie ferroviaire vous pourrez apprendre d’autres industries lourdes. Il y a des pratiques communes à plusieurs industries comme des pratiques dans la gestion des investissements, les appels d’offre, etc.

Je trouve vraiment cette transversalité très intéressante.

Pouvez-vous me décrire une journée type ?

Alexandra : C’est compliqué car il n’y pas de journée type ! Il faut savoir que dans les conseils d’administration vous avez souvent des comités qui vont en profondeur sur des sujets et qui vont faire un préavis pour le conseil. Il y a le comité de nomination et de rémunération quand il y a des discussions sur les politiques salariales ou sur des recrutements, le comité d’audit et de risques sur les sujets financiers.

Dans une journée type je peux avoir, comme en ce moment, des recrutements de dirigeants, c’est-à-dire faire un ou deux entretiens le matin avec le CEO d’une entreprise. Puis après cela, préparer un conseil, comme par exemple actuellement pour la gestion de crise du Coronavirus. Suite à ça dans l’après-midi, je vais assister au conseil d’administration d’une autre entreprise pour parler d’un investissement important et/ou des résultats intermédiaires de l’entreprise.

J’ai rarement des jours fixes ! Il m’arrive aussi de donner des conférences. Par exemple, je suis dans une association de gouvernance à Berne et nous venons de donner un webinar sur le thème « est-ce que votre conseil d’administration est à la hauteur ? ».

Quels sont les aspects qui vous plaisent le moins ?

Alexandra : C’est le manque de travail en équipe. Je rencontre beaucoup de monde mais n’ai pas au quotidien une équipe avec qui travailler et avec laquelle échanger. C’est un travail très indépendant et l’esprit ainsi que le travail d’équipe viennent à manquer.

A qui pourriez-vous recommander ce job ? Quelles sont les compétences qu’il faut absolument avoir pour ce genre de travail ?

Alexandra : Il faut être honnête, ce sont des responsabilités qui se font plutôt en fin de carrière. Donc, il faut déjà avoir un parcours professionnel assez riche qui puisse amener des compétences au conseil d’administration. C’est par exemple un ancien patron de PME, ou bien un expert en finances ou en ressources humaines. Il faut avoir un bagage avec soi. Et puis après, il faut que ce soit des gens qui aiment réfléchir, qui aiment la diversité. Quelqu’un qui commande toujours le même plat au restaurant et qui a besoin de routine, cela risque d’être compliqué. Il faut apprécier le changement et avoir un bon relationnel.

Quels sont vos projets pour le futur ?

Alexandra : Ce que je souhaiterais c’est la présidence d’un conseil. On est chef d’orchestre et on a beaucoup plus le lien avec les affaires de la société. Le contact régulier avec le CEO est essentiel.

Je n’ai jamais planifié ma carrière, chaque fois que j’ai pris un emploi je me suis demandé ce que j’allais apprendre et si j’allais avoir du plaisir dans ce que je fais, donc si cela ne devait pas se concrétiser cela ne serait pas si grave.

A quoi faut-il faire vraiment attention lorsqu’on cherche un travail ?

Alexandra : Dans le premier emploi, c’est son patron. C’est déterminant, il faut vraiment avoir un très bon supérieur, quelqu’un qui a envie de former, de transmettre et puis qui a lui-même un bon bagage et qui soit structurant.

Il faut prendre un job où on se dit « c’est un challenge, ce sera difficile mais pas impossible », la limite entre les deux est très fine.

Par exemple en Pologne j’ai été nommé directrice générale de ma division, j’avais 33 ans et deux jeunes enfants. Avant d’accepter, je me suis demandée « ils me font confiance mais est ce que je vais y arriver ? ». Puis, je me suis dit « s’ils me le proposent et pensent que je vais y arriver, c’est que cela doit être possible ». Souvent les femmes se disent qu’elles n’y arriveront pas ou bien qu’elles ne sont pas assez douées, et donc il faut oser.

Puis le troisième conseil, c’est lors des entretiens. Un entretien réussi, c’est quand votre interlocuteur a parlé plus de 70% du temps, ça veut dire que vous avez posé les bonnes questions et qu’il a envie d’échanger avec vous. Encore maintenant je vois encore trop de personnes en entretien qui n’arrêtent pas de parler. Il faut vraiment préparer les bonnes questions !

Ma première question lors d’un entretien, c’est toujours « présentez-vous en 10 min avec les faits saillants de votre parcours et vos motivations ». Il y a une majorité de personnes qui dépassent largement ce temps. Quand on vous indique une durée, il faut la respecter, les interlocuteurs vont voir comment vous êtes structuré-e-s et si vous êtes synthétiques.

Que recommandez-vous pour avoir une carrière « réussie » ?

Je l’ai dit. Avoir du plaisir dans ce que l’on fait et avant de prendre une décision, réfléchir avec la tête mais décider avec son cœur.

Alexandra Post Quillet
Sirine Chodan
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