Jeudi 17 mars à 18h30 à Amphimax. La salle est pleine, les caméras parées, et les candidats, au nombre de 10. Ces doctorantes et doctorants ont décidé de relever le défi d’expliquer leur thèse, en 180 secondes et pas une de plus. Trois minutes donc, pour initier les novices que nous sommes à des années d’études acharnées, afin de participer, au bout du voyage, à la finale internationale à Montréal le 8 octobre prochain.
Quatre prix sont également décernés à l’issue de la soirée : un premier prix de CHF 1’000.-, un deuxième de CHF 750.-, un troisième de CHF 500.-, ainsi qu’un prix du public, décerné au candidat ayant retenu le plus de votes de la part de l’audience, s’élevant à CHF 500.- également.
Mais voici, sans plus attendre, les candidats.
1er prix : Guillaume Lavanchy (Faculté de biologie et de médecine) : « Causes et conséquences de l’hybridation chez les insectes
Deux espèces distinctes ne peuvent pas se reproduire ensemble ! Alors comment expliquer que nous possédons 2% de l’ADN de Néandertal ? Les espèces hybrides sont nombreuses. Guillaume Lavanchy a étudié ce phénomène chez les fourmis. La suite ? Comprendre pourquoi certaines espèces hybrident et d’autres pas, et ainsi comprendre un peu plus d’où l’on vient.
2ème prix : Maud Goutte (Faculté des hautes études commerciales) : « Les réseaux sociaux, la boule de cristal pour les marchés financiers »
En se basant sur le principe de la sagesse des foules, Maud Goutte pose une question a priori délirante : Twitter peut-il mieux prédire les marchés financiers que les experts ? Pour y répondre, elle a analysé des milliers de tweets de conseils financiers et de conseils d’experts, élaboré un algorithme d’achat ou de vente d’actions, et comparé les deux groupes. Résultat ? Aussi incroyable que cela puisse paraître, Twitter a un rendement en moyenne trois fois supérieur…
3ème prix : Christèle Aubry (Faculté de biologie et médecine) : « Nouvelles méthodes pour investiguer la viabilité, la persistance et la susceptibilité aux antibiotiques des bactéries de l’ordre des chlamydiales »
Etudier si les bactéries résistent aux antibiotiques, c’est bien, mais si cela prend une éternité, les bactéries ont le temps de s’adapter, et ce n’est plus très efficace. Mais Christèle Aubry a la solution : la « nano-motion ». Elle place les bactéries sur un petit plongeoir. Les bactéries vivantes émettent des vibrations, amplifiées par le plongeoir, tandis que les bactéries mortes, elles, n’en émettent aucune !
Prix du public : Sandra Martin (Faculté de biologie et médecine) : « Epigénétique chez agrobacterium tumefaciens »
Et si l’on arrivait à se reproduire tout seul ? En observant une bactérie surnommée « tumy », Sandra Martin a découvert que l’épigénétique est cruciale dans la possibilité qu’on les bactéries à se reproduire toutes seules, et ce simplement à l’aide d’un atome de carbone, et trois d’hydrogène.
Estelle Pignon (Faculté de biologie et médecine) : « Formation de motifs structurels dans les communautés bactériennes synthétiques »
Etudier les interactions des bactéries entre elles est essentiel à leur compréhension. C’est exactement le but de la thèse d’Estelle Pignon ; dans son laboratoire, elle injecte des gènes à certaines bactéries, afin de leur permettre de réaliser des structures plus ou moins complexes, indispensables pour lever les mystères du microbiote.
Laurent Boualit (Faculté des géosciences et de l’environnement) : « Impact des polluants sur les populations d’amphibiens : identification et développement de marqueurs sur les premiers stades du cycle de vie »
Les grenouilles c’est beau, si vous êtes Français c’est bon, mais c’est surtout en voie de disparition. Leur habitat est menacé, et leur reproduction impactée. Avec son protocole de huit jours, Laurent Boualit expose des têtards à un pesticide aux teneurs équivalentes à ceux trouvés dans l’environnement des grenouilles, pour tenter de mettre en lumière leurs impacts sur ces amphibiens.
Johann Hêches (Faculté de biologie et médecine) : « Personnaliser son accouchement par l’analyse des caractéristiques biomécaniques du bassin osseux »
Accoucher n’est jamais une partie de plaisir… Alors pourquoi ne pas faciliter les choses ? Il suffit souvent de trouver la bonne position pour délivrer le bébé de manière moins douloureuse. Mais chaque femme a une forme de bassin unique : comment donc déterminer cette position ? Johann Hêches y est parvenu, avec l’aide d’un modèle statistique qu’il a développé, et d’une sonde échographique.
Noémie Chabot (Faculté de biologie et médecine) : « Le rôle de nanog dans l’activation du génome chez le poisson zèbre »
En nous mettant dans la peau d’embryons de poissons-zèbres, Noémie Chabot nous explique le rôle de la protéine nanog, permettant aux embryons de copier eux-mêmes leurs gènes, afin de développer leurs cellules. D’autant plus important que cette protéine est essentielle à l’activation du génome chez toutes les espèces animales, y compris l’Homme…
Marie-Noëlle Decraene (Faculté des géosciences et de l’environnement) : « Compositions isotopiques du fer des micropyrites : implication pour la formation des microbialites au cours des temps géologiques »
La clé pour comprendre l’impact des microbes sur la chimie des océans et de l’atmosphère se trouve sur le bureau de Marie-Noëlle Decraene. C’est un microbialite, soit les restes d’une forteresse pour microbes, qui nous vient d’Afrique du Sud et se prénomme Nino. Nino a 2,5 milliards d’années, mais si nous respirons aujourd’hui, c’est en partie grâce à lui !
Johanna Chiffelle (Faculté de biologie et médecine) : « Etude de la dynamique des lymphocytes T chez des patients atteints de mélanome ayant reçu une thérapie cellulaire adoptive »
Pour la dernière candidate de la soirée, nous découvrons le monde des lymphocytes T, « les super-héros de notre système immunitaire ». En extrayant ces super-héros de la tumeur d’un patient et en les faisant se multiplier en laboratoire, on développe une armée de super-héros, prêts à être réinjectés pour combattre la tumeur. En étudiant les cas cliniques des patients ayant subis un tel traitement, Johanna Chiffelle fait un pas de plus dans la lutte vers le cancer !
Ainsi s’achève la soirée. Quatre lauréats, mais au-delà, un moment de partage, et l’opportunité (trop) rare d’entendre parler la recherche… Nous nous excusons pour la re-simplification de la science, déjà vulgarisée par les candidats. Nous espérons avoir tout bien compris, et remercions toutes et tous les candidats d’avoir partagé avec nous leurs domaines avec autant d’enthousiasme. Félicitations aux lauréats, et bonne chance pour la finale suisse à Genève le 19 mai !
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