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L’Eurovision : une compétition musicale aux aspects géopolitiques

Créée en 1956, le concours de l’Eurovision fera son retour sur nos écrans en mai. Bien plus qu’une simple compétition, l’événement non sportif rassemblant le plus d’européens devants leur écran revêt aussi des aspects géopolitiques et sociaux importants, le concours servant de vitrine aux pays participants.

Des origines déjà politiques

Les origines de l’Eurovision remontent aux années 1950. A cette période, la seconde Guerre Mondiale vient de se terminer et les pays belligérants veulent se reconstruire et cherche à instaurer une paix durable. Leur volonté de créer des liens sur les plans économiques et politiques les poussent à fonder l’« Union européenne de radio-télévision » en 1950 à Genève. Problème, les pays formant cette union devaient faire face à des différences culturelles fortes et le sens de celle-ci se perdait. C’est pour cela qu’ils décidèrent de se réunir en 1953 à Londres afin d’organiser un événement pouvant réunir toutes les cultures. L’Eurovision était née et il fut décidé que le concours serait diffusé en simultané par tous les diffuseurs des pays de l’UER. On choisit aussi un hymne afin de refléter la volonté d’unité, le prélude du Te Deum de Marc-Antoine Charpentier. Le premier concours eu donc lieu en 1956 à Lugano avec la participation de sept pays (l’Allemagne, la Belgique, la France, l’Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas et la Suisse). Le principe étant le même qu’aujourd’hui, une chanson originale interprétée par un artiste représentant son pays. En 2015, l’Eurovision s’ouvre pour la première fois à des pays extérieurs à l’Union européenne en accueillant l’Australie, élargissant encore son rayonnement médiatique.

Une organisation coûteuse

Comme dit précédemment, l’Eurovision sert de vitrine aux pays pour se montrer sur la scène internationale mais cela à un coût. Il est de coutume que le pays hôte soit celui ayant gagné le concours l’année précédente, la seule exception étant l’Ukraine cette année qui ne peut pas l’organiser en raison de son état actuel. L’organisation a donc tout d’abord un coût. Il faut ainsi prévoir une salle pouvant accueillir les spectateurs mais aussi les campagnes publicitaires afin de promouvoir l’événement. Certaines personnes disent même que les plus petits pays envoient volontairement des candidats peu susceptibles de remporter la compétition afin de ne pas avoir à endosser le rôle d’organisateur. L’investissement nécessaire varie d’une année à l’autre en fonction des infrastructures déjà existantes. Par exemple, l’Azerbaïdjan avait dépensé pas moins de soixante millions d’euros en 2012. Le pays avait fait construire le « Crystal Hall » pour l’occasion, créant ainsi près de 530 emplois à temps plein alors que la Suède une année plus tard n’avait eu qu’a débourser 15 millions, générant ainsi 14 millions de recettes touristiques cette même année. L’investissement fait a donc pour but d’être rentabilisé par la suite, que ce soit par l’afflux de touristes ou par la création d’emplois. Les sponsors ainsi que les revenus publicitaires aident aussi à financer le spectacle. Les spots de présentation des candidats sont eux financés par l’office du tourisme du pays et de la ville hôte car ils permettent de montrer tous les endroits emblématiques de la région. Néanmoins, malgré toute l’aide et les retombées économiques que le concours peut avoir, il n’en reste pas moins un gouffre financier pour certains organisateurs. Le radiodiffuseur portugais a perdu plus de 4 millions d’euros en 2018 et un an plus tard, c’est Israël qui dû contracter un prêt sur quinze ans pour financer une partie des 28 millions nécessaires.

La politique au sein du concours

Bien que le règlement interdise les messages politiques dans les chansons présentées à l’eurovision, les cas de disqualification sont rares. Le seul exemple récent étant le titre We don’t wanna put in de la Géorgie en 2008 à cause de la critique acerbe faite au président Vladimir Poutine à cause de la guerre contre la Russie. D’autres chansons ont été fortement pointées du doigts pour leur texte au connotations politisées. En 2016, le titre de la gagnante ukrainienne Jamala s’intitulait sobrement 1944 et évoquait les atrocités du stalinisme contre les Tatars de Crimée mais l’UER avait estimé que c’était uniquement historique alors que la Russie est furieuse. Cette même Russie qui se fera bannir en 2022 à cause de son invasion de l’Ukraine. Les querelles sont aussi récurrentes même au-delà du contenu des chansons. En 1975, la Grèce se retire du concours car son voisin turc y fait son entrée. Trois ans plus tard, la Jordanie arrête carrément la diffusion alors qu’Israël est en tête pour finalement annoncer la victoire de la Belgique le lendemain alors qu’elle se plaçait à la deuxième place.

Les paroles des chansons se veulent le reflet de la société avec une volonté progressiste forte mais aussi des barrières difficiles à faire tomber. La chanson de l’Italie en 1974 s’étant même faite interdire de diffusion par son propre pays car elle parlait du divorce alors que le pays se déchirait sur une loi à ce sujet. Il n’y a pas besoin de remonter loin pour observer les polémiques. En 2021, le féminisme de la chanteuse russe avait beaucoup déplu aux conservateurs de son pays alors que la participante chypriote se faisait vivement critiquer pour le titre de sa chanson el diablo jugé démoniaque et blasphématoire.

Il n’y a pas que les querelles qui illustrent le caractère politique intrinsèque de l’eurovision. Les ententes entre pays sont légion et reflètent elles-aussi le paysage géopolitique de l’époque. Il serait donc à peine exagéré de dire que si la Grèce ne donnait pas 12 points (le maximum du vote du jury de chaque pays) à Chypre et vice-versa, cela pourrait être vu comme un incident diplomatique et c’est le cas pour beaucoup d’autres pays voisins. Les pays du nord se gratifiant toujours de quelques points entre eux. Du côté du public, on remarque aussi des schémas de vote reflétant les affinités (car ils ne peuvent pas voter pour leur propre pays) mais aussi le soutien des populations immigrées pour leurs pays d’origine, la Suisse supportant régulièrement l’Albanie.

Un avenir radieux

L’Eurovision semble avoir de beaux jours devant elle. Sa popularité augmentant d’année en année grâce à la renommée de certains artistes et de certains titres. On peut penser aux rockers italiens de Maneskin qui avait remporté l’édition 2021 ou alors la présence de Mika en tant que présentateur en 2022. Vu comme une institution désuète il y a encore quelques années, la compétition de chant européenne a su se renouveler avec son époque en proposant des styles de musiques de plus en plus variés, passant de l’opéra à l’électro et attirant un public de plus en plus jeune. En 2019, 50% des jeunes de 15-24 ans regardait l’eurovision plutôt qu’un autre programme en France. La popularité grandissante du concours s’illustre aussi par le nom des sponsors, Tik Tok étant ainsi partenaire de l’événement depuis 2021. A la vue de cette évolution, nul doute que cet événement qui se veut fédérateur depuis 1956 continuera de réunir toutes les générations autour d’un même événement pour encore bien des années.

Valentin Mermoud
Valentin Mermoud
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SOURCES (cliquez sur les titres pour en savoir plus

Aspect politique : L’Eurovision, une affaire de géopolitique (lepoint.fr) ; Pourquoi l’Eurovision est bien plus qu’une compétition musicale | Les Echos

Aspect financier : Le casse-tête du financement de l’Eurovision… pour son futur vainqueur (lefigaro.fr)

Aspect historique : Histoire du Concours Eurovision de la chanson — Wikipédia (wikipedia.org) ; Eurovision : histoire et origine du concours de la chanson – Sortiraparis.com