Il s’appelle Sergio Canaveral ; pour certains, c’est le Frankenstein des temps modernes, pour d’autres, c’est celui qui va révolutionner l’avenir de l’humanité.
En effet, ce neurochirurgien à l’Université de Turin va tenter de greffer une tête sur un corps.
Un projet fou diriez-vous ?
Pourtant, l’italien travaille dessus depuis plusieurs années. Il affirme que « Depuis trop longtemps, la nature nous a dicté ses règles. Nous naissons, nous grandissons, nous vieillissons et nous mourons. Pendant des millions d’années, les humains ont évolué et 110 milliards d’humains sont morts dans le processus. C’est un génocide à grande échelle. Nous sommes entrés dans un âge où nous reprendrons notre destin entre nos mains. ».
Lors de la conférence tenue le 17 novembre dernier à Vienne, le neurochirurgien a annoncé le succès d’une greffe post-mortem. L’opération s’est déroulée à l’Université médicale de Harbin, en Chine. Elle a duré dix-huit heures et a permis d’attacher la tête d’un cadavre à un autre cadavre.
Techniquement
Le but ultime est d’attacher la tête d’un corps vivant à un autre corps vivant. Le premier serait typiquement un tétraplégique et le second, en état de mort célébrale. Cette prouesse révolutionnerait la vie de plusieurs personnes souffrant d’handicaps.
Sur le plan pratique l’opération se déroulerait en trois étapes :
La tête du receveur du corps sera refroidie à 15 degrés pour ne pas subir de dégâts lors du transfert.
La thyroïde sera conservée et tous les autres éléments se trouvant dans la partie du cou (muscles, vaisseaux sanguins du cou, la trachée et l’œsophage) seront éliminés. Ensuite, une incision avec une lame ultra fine sera effectuée simultanément sur les deux moelles épinières.
Le transfert de la tête sera effectué et on injectera immédiatement un mélange PEG-chatoyante qui permettra de reconnecter les axones de la moelle épinière. Le patient sera mis sous un traitement immunosuppresseur afin d’éviter le rejet de la greffe.
Controverses
Plusieurs questions se posent. Peut-on vraiment parler de succès pour les opérations réalisées sur les cadavres, puisque l’équipe n’a pas eu à gérer le flux sanguin ?
La fusion de moelles épinières n’a prouvé son efficacité que sur des rats.
Par ailleurs, des questions d’ordre éthique surgissent : qui pourra nous garantir que cette opération ne sera pas utilisée pour rallonger des vies et éviter la mortalité ? Il est important aussi de souligner que si le receveur du corps venait à se reproduire, sa progéniture serait celle du donneur (mort).
Le « projet » du professeur Sergio Canavero n’a pas été bien accueilli par la communauté scientifique, ce qui lui a valu d’être radié de l’Europe et des États-Unis. Dans quelques jours, nous serons fixés sur ce pari « fou/sans tête ».