Nous connaissons tous l’histoire du lièvre et de la tortue, ainsi que le fameux dicton “rien ne sert de courir, il faut partir à temps”. Nous savons également que vitesse est souvent synonyme de précipitation, elle-même sœur de l’erreur; que le stress et la pression nous minent la santé. Pourtant nous passons l’essentiel de nos journées à nous ruer de projets en projets, à multitasker, à pianoter sur notre téléphone. Nous essayons de faire des gains de temps à gauche, à droite, afin d’être efficient, afin de se démarquer, afin d’être meilleur que les autres. Cette infâme course contre la montre pourrait, comme le suggèrent les statistiques de notre époque, mener à certains troubles (les burn-outs, par exemple…).
En opposition à cela, le mouvement des « Slow Cities» se développe en 1999. C’est dans une petite ville de Toscane, Chianti, sous le joug de Paolo Saturnini, le maire de l’époque, que le mouvement débute. Il tire son inspiration du Slow Food, qui, comme son nom l’indique, est en opposition directe au Fast Food: redécouvrir les différentes saveurs, privilégier des produits de qualité et manger local en sont les principes fondamentaux. Le mouvement passe également par l’éducation: il faut apprendre à reconnaître les produits de qualité, comprendre d’où ils viennent, et comment ils ont été produits. Il s’agit également de reprendre le contrôle sur ce qui se trouve dans notre assiette. En somme, il faut réapprendre à manger (et à consommer).
Les Slow Cities adoptent une philosophie similaire au Slow Food. Ces villes aimeraient bannir la hâte, le stress: adopter un rythme plus paisible, plus lent. Leur but, c’est de créer un espace où l’individu se sent bien.
Plus de 250 villes ont désormais rejoint l’association des Slow Cities, ou le statut de “Cittaslow”. De la Turquie, en passant par l’Italie, la France, les États-Unis ou la Corée du Sud, le mouvement se diffuse aux 4 coins du globe.
Pour accéder au statut de “Cittaslow”, il faut remplir 72 critères, axés notamment autour de l’énergie, des politiques environnementales, de l’infrastructure et de l’agriculture. Au coeur de la philosophie du mouvement, l’on retrouve également la préservation du patrimoine culturel, de l’histoire, du savoir-faire de tous.tes. Ces villes se veulent authentiques: elles souhaitent qu’un endroit conserve son âme ; cela face à une globalisation qui uniformise trop souvent les différentes sociétés. Préserver la diversité, l’identité d’un lieu est donc essentiel. Le Slow Food se retrouve également au cœur du mouvement: manger local, produire local, ainsi que sauvegarder les traditions culinaires font partie intégrantes du mouvement. La communication entre les différents parties (producteurs – consommateurs) est également mise en avant.
Les Slow Cities sont des endroits ou “il fait bon vivre”. Elles se veulent plus paisibles, similaires à des zones piétonnes qui baignent dans une atmosphère de calme, où l’on entend seulement les bruits de pas et les rires des gens. Sont éligibles, seulement les villes ne dépassant pas les 50’000 habitants. Une densité réduite permettrait, par exemple, de limiter le trafic, la congestion, ou encore l’entassement dans les transports publics. Nombreuses d’entre elles ont également réduit la pollution auditive, olfactive et visuelle. Comment ? en bannissant l’usage de la voiture, par exemple!
Bien entendu, ce n’est pas d’un simple claquement de doigts qu’une ville entière se transforme. Mais la philosophie qui découle du mouvement des Slow Cities est à la portée de chaque individu. On peut s’informer, privilégier des produits locaux qui polluent moins, privilégier la quantité à la qualité, soutenir des initiatives locales. Adopter le fameux « consommer moins pour consommer mieux ». On peut ralentir la cadence : se calmer, déposer son stress au coin de la rue, faire moins, mais faire mieux. Avec l’approche de la fin d’année et ces derniers projets qui se doivent d’être bouclés, nombreux sont au bout du rouleau : se laisser un peu de temps, se reposer, se calmer est alors essentiel pour recommencer l’année de plus belle (ce qui ne signifie pas : en courant). Apprendre à gérer son temps, trouver son équilibre, Alors, pourquoi ne pas simplement choisir d’être lent, de temps en temps ? Comme le déclare Carlo Petrinini, le fondateur du Slow Food:
« Il est inutile de forcer les rythmes de notre existence. L’art de vivre consiste à apprendre comment dédier du temps à chaque chose. »
La lenteur est trop souvent associée à quelque chose de péjoratif. Être lent, c’est être bête, amorphe, c’est être peu productif, c’est être moins bon que les autres. La lenteur est bien plus qu’une façon de se déplacer, de marcher, de travailler, de traverser l’espace : elle est synonyme d’un instant que l’on savoure, d’un moment dans lequel on souhaite s’immerger durablement, d’une patience et d’un calme que l’on a oublié.
Alors, octroyez-vous des moments « slow » et savourez-les !
Yasmine Starein