Retour sur la conférence Growth = edigital de la GEW

Mercredi dernier, lors de la journée dédiée à la digitalisation, la Global Entrepreneurship Week (GEW) recevait deux expertes en la matière, Céline Arethens et Tiffany Respen, pour une discussion sur les enjeux et difficultés de la digitalisation des entreprises en Suisse.

Présentation des invitées

Céline Arethens est co-fondatrice et CEO de ISTIA Digital Solutions, entreprise spécialisée dans le conseil en transformation digitale. ISTIA Digital Solutions accompagne les entreprises dans leur transformation digitale en leur permettant d’optimiser leurs processus mais aussi de promouvoir leur visibilité en ligne.

Tiffany Respen est co-fondatrice de Dootix, entreprise spécialisée dans le développement de logiciels de gestion sur mesure pour les entreprises mais également dans l’intégration de l’ERP Odoo, logiciel de gestion d’entreprise qui se résume par « un besoin, une app ».

A person standing in front of a computer screen Description automatically generated

Qu’est-ce que la digitalisation ?

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la digitalisation ne promeut pas la suppression du travail humain, mais bien l’optimisation de ce dernier, l’objectif étant d’utiliser les ressources humaines là où elles sont utiles et de les remplacer là où elles le sont moins.

Digitaliser une entreprise se fait à travers deux canaux, le marketing digital (augmentation de la visibilité en ligne) et l’optimisation de processus internes (logiciels sur-mesure). Le premier permet une augmentation du revenu, tandis que le deuxième apporte une diminution des coûts.

Quelle est la portée de la digitalisation en Suisse ?

De plus en plus, les entrepreneurs et entreprises se rendent compte de l’importance d’investir dans le digital, et une sorte de prise de conscience générale se fait à ce sujet.

En revanche, il existe un conflit de générations : les entreprises familiales gérées par l’ancienne génération sont généralement réticentes à s’engager dans la voie de la digitalisation, alors que dès que la nouvelle génération accède à l’entreprise, digitaliser l’entreprise est une des premières mesures prises.

Un autre constat intéressant est que les grandes entreprises ne sont pas nécessairement les plus digitalisées, et que leurs outils ne sont pas toujours les plus évolués. Il est en effet plus simple pour une petite entreprise de se transformer et de renouveler ses processus en fonction de l’évolution que pour une grande entreprise qui utilise certains logiciels depuis longtemps.

En Suisse, la définition du mot « digitalisation » n’est pas forcément très claire pour tout le monde. Chacun le comprend d’une manière différente, et le fait que l’on ne soit pas ou peu formés au digital forme une « fracture digitale » qui est grandissante. Le niveau de digitalisation en Suisse est extrêmement hétérogène avec des secteurs très digitalisés et d’autres très peu.

Quels sont les secteurs les plus digitalisés et les moins digitalisés en Suisse ?

Les secteurs de la revente de matériel électronique, de la cyber-sécurité ou encore de la blockchain sont très avancés, alors que d’autres comme l’administration publique, la construction ou la médecine sont très en retard.

Quels sont les problèmes majeurs en matière de digitalisation auxquels font face vos clients ?

On remarque trois principaux problèmes : la sous-estimation du budget, la sous-estimation du temps nécessaire et le manque de compréhension des outils informatiques.

La digitalisation d’une entreprise passe par la création d’un outil digital (logiciel) qui nécessite un budget conséquent. Un logiciel personnalisé aux besoins d’une entreprise, fait sur-mesure, ne peut pas être vendu aux mêmes prix qu’un logiciel vendu à l’international à des millions d’utilisateurs, et c’est un point que les clients ont parfois du mal à comprendre.

Les deuxième et troisième problèmes se regroupent dans le fait que l’implémentation d’un outil digital au sein d’une entreprise nécessite que les collaborateurs apprennent à utiliser cet outil. Cet apprentissage prend du temps et est plus ou moins difficile en fonction des compétences des collaborateurs, qui ne comprennent pas toujours la logique de fonctionnement d’un logiciel.

La digitalisation permet-elle vraiment d’être plus performant ? Est-ce la solution la plus efficace ?

Comme dans toutes choses, il y a des côtés positifs et des côté négatifs à la digitalisation.

Une chose à laquelle Céline Arethens conseille de faire bien attention est la différence entre efficience et efficacité, soulignant le fait que l’efficience revient à apprendre à faire une tâche très bien, sans se soucier de de son utilité, alors que l’efficacité consiste à faire des choses utiles dans le but d’avancer vers son objectif.

La digitalisation permet de créer des outils paramétrables à l’infini, et il faut donc faire attention à ne pas passer plus de temps à paramétrer l’outil plutôt que d’effectuer son travail.

Quels sont les challenges rencontrés par un entrepreneur dans le milieu de la digitalisation ?

Un challenge important est celui de faire comprendre aux clients ce que l’on fait et ce que l’on peut leur apporter. Il faut également savoir qu’il y a beaucoup de compétition dans le milieu, notamment dans le domaine du développement d’applications.

Enfin, il faut faire attention à ce que les solutions sur-mesure proposées ne soient pas obsolètes trop rapidement et qu’elles puissent rester adéquates même avec les fréquentes évolutions de la technologie.

Quelques conseils pour se lancer :

Il est important de toujours être satisfait de ce que l’on produit : une fois l’université terminée, personne ne vous félicitera pour le travail que vous effectuez.

Il est également important d’être curieux, d’avoir un état d’esprit ouvert et une soif d’apprendre. Célie Arethens et Tiffany Respen conseillent de suivre des formations en ligne (EPFL Extension School, Coursera) et de participer à des workshops (Le Wagon).
Enfin, il faut se faire confiance et oser entreprendre.

Pour résumer :

La digitalisation imagine des manière alternatives d’effectuer des tâches pour permettre une économie de temps et d’argent. La plus grande difficulté de la digitalisation réside dans le fait que cette dernière n’est efficace que si les personnes en charge des tâches digitalisées sont ouvertes à ce changement et que le produit délivré est adapté à leurs compétences.

Enfin, il est compliqué d’estimer le niveau de digitalisation de la Suisse car certains secteurs sont extrêmement digitalisés alors que d’autres le sont très peu.

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India Simmenauer
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