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Les réseaux sociaux sont le futur des démocraties

Les réseaux sociaux déchaînent les passions. Utilisés par toutes les générations, chacun peut y trouver une utilité, que ce soit pour suivre l’actualité sur Twitter, garder contact avec sa mamie sur Facebook ou bien suivre la dernière page de memes sur Instagram. Ils sont indubitablement devenus des outils de communication puissants. Chaque jour, ce sont plus de 3,8 milliards de personnes au monde qui se connectent sur les réseaux sociaux pour y passer en moyenne 2,24 heures par jour. Plus qu’omniprésents, les réseaux sociaux ont révolutionné la manière de communiquer, d’interagir avec autrui, de s’informer mais aussi de faire entendre sa voix dans notre société connectée.

LE WEB 2.0 ET LES MOBILISATIONS SOCIALES

Avec l’apparition du web 2.0, nous avons aussi assisté à un changement dans la manière dont les mouvements sociaux et politiques naissent et sont entretenus. La prise de parole, le débat social et la contestation ont trouvé une nouvelle voix grâce aux outils digitaux et audio-visuels offerts par les réseaux sociaux. Par exemple, le mouvement social #MeToo a notamment été véhiculé par les réseaux sociaux où les femmes ont pu y trouver une plateforme pour s’exprimer et faire entendre leurs revendications. De la même façon, le mouvement politique Black Lives Matter a lui aussi bénéficié d’une très grande visibilité grâce aux réseaux sociaux où une grande mobilisation s’est déroulée en ligne et ce à l’échelle internationale.

Cette nouvelle forme de communication permettant d’atteindre facilement un grand nombre de personnes partout dans le monde est devenu un moyen logique d’engager le dialogue social et ce encore plus pour les nouvelles générations. En effet, les jeunes, qui manient les codes des réseaux sociaux d’une main de maître, y ont trouvé une occasion pour partager des contenus entre eux et organiser une résistance « online ». Par exemple, encore récemment, la jeunesse russe menait une fronde sur TikTok pour demander la libération de l’opposant Alexeï Navalny.

Aujourd’hui, les luttes sociales ne se déroulent plus uniquement dans les rues mais aussi sur les réseaux sociaux qui sont devenus des lieux de revendications et de manifestations virtuels. Pour faire entendre notre voix, nous ne descendons plus seulement dans la rue avec notre affiche bricolée à la maison mais nous interpellons nos élus sur Twitter. Pour discuter et débattre des prochaines initiatives, nous ne nous rencontrons plus au bistro du coin mais nous nous engageons dans des débats houleux avec des inconnus sur Facebook. Les réseaux sociaux permettent à tout un chacun de s’exprimer sur un sujet. Ils donnent la possibilité d’interagir, d’interpeller et de se mobiliser, peu importe son âge et ses conditions sociales, et la force de résonance des réseaux sociaux est telle que dans certains pays, ils sont censurés, voire interdits.

En définitive, la manière dont nous faisons entendre notre voix a irrémédiablement changé avec l’arrivée des réseaux sociaux.

RESPONSABILITE DES ENTREPRISES

Les réseaux sociaux sont aussi devenus des outils puissants pour les consommateurs qui ont trouvé au sein des réseaux sociaux un moyen pour s’exprimer et interpeller les marques et les entreprises. Que ce soit pour un problème personnel avec un produit ou bien dans une volonté générale de dénoncer des conditions de travail ou une politique environnementale douteuse, les consommateurs n’hésitent pas non seulement à boycotter les marques et les entreprises, mais aussi à le faire savoir sur la place publique que sont devenus les réseaux sociaux. Ce poids croissant des réseaux sociaux s’exprime parfaitement aussi dans le budget croissant qu’investissent les entreprises dans leur stratégie de communication sur les réseaux sociaux pour assurer leur e-réputation auprès du public.

LES RÉSEAUX SOCIAUX ET L’OPEN-GOVERNMENT

Qu’en est-il de l’utilisation des réseaux sociaux par les gouvernements ? Il ne vous aura pas échappé que les autorités suisses ont elles aussi été particulièrement actives sur ses réseaux sociaux lors de la crise du Covid-19 pour informer, communiquer et répondre aux questions des citoyens. Sur le plan international, nous avons pu observer un accroissement de l’utilisation des réseaux sociaux par la majorité des pays afin de communiquer et répondre aux besoins des citoyens dans cette période particulière. Cependant, nous pouvons relever une tendance croissante des gouvernements à utiliser les réseaux sociaux. Ainsi, sortant d’une communication traditionnelle, les autorités politiques et administratives commencent à utiliser les réseaux sociaux dans un but d’information mais aussi de dialogue et de collaboration citoyenne.

Les réseaux sociaux sont vus aujourd’hui par les spécialistes comme un moyen d’arriver à un stade d’ « open-government ». L’open-government est un processus à travers lequel les citoyens sont intégrés aux processus de prise de décision grâce au support des technologies d’information et de communication tels que les réseaux sociaux. Pour les tenants de cette approche, les réseaux sociaux sont le prisme parfait à travers lequel la transparence du gouvernement, la participation des citoyens et la collaboration entre la société civile et les autorités politiques pourront se rencontrer pour transformer la relation entre citoyens et gouvernement et mener à une gouvernance plus démocratique et participative.

BESOIN DE NUANCER

Attention cependant à ne pas tomber dans le piège de la naïveté. Les réseaux sociaux, bien qu’offrant des outils de communication et une plateforme aux potentiels démocratiques intéressants, sont aussi le lieu de dérives impossibles à ignorer. Leur accès facilité ainsi que le mode de communication sur le web 2.0 ouvrent aussi la porte aux personnes mal intentionnées. Les outils que les réseaux sociaux offrent sont à double tranchant ; la vitesse de partage, le format des contenus et la communication qui reposent essentiellement sur les réactions et l’émotion à travers des « like » permettent une circulation rapide et amplifiée des informations non sourcées, non vérifiées, voire totalement fausses.

Ainsi, l’utilisation des réseaux sociaux dans notre monde actuel permet de repenser la manière de communiquer et d’offrir un accès au débat public aux personnes qui en étaient jusqu’à maintenant exclues. Les forces et les opportunités des réseaux sociaux sont cependant à nuancer face aux utilisations et comportements problématiques qui en dérivent.

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Ismira Mahmutovic
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Sources:

Richaud, C. (2017). « Les réseaux sociaux : nouveaux espaces de contestation et de reconstruction de la politique ? » [1]. Les Nouveaux Cahiers du Conseil constitutionnel, 4(4), 29-44. https://doi.org/10.3917/nccc1.057.0029 We are social, Digital Report 2020, https://wearesocial.com/fr/blog/2020/01/digital-report-2020 Wirtz, B. W., Daiser, P., & Mermann, M. (2018). Social media as a leverage strategy for open government: an exploratory study. International Journal of Public Administration, 41(8), 590-603.