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Enfer et Paradis – Chapitre 1

Cet article est le premier épisode d’une histoire issue d’une création personnelle de notre rédacteur et qui vous sera proposée en trois chapitres. Le deuxième volet paraîtra le 30 octobre et le troisième volet sera disponible le 6 novembre.

Cette histoire se déroule dans un monde dystopique, à une époque inconnue. L’humanité vit dans un univers inspiré des récits d’un ancien temps. Il est séparé en trois parties.

« Le Paradis » regroupe l’élite de la population vivant dans de grandes maisons blanches au gazon parfaitement tondu. Ces riches occupent des postes importants au siège principal de la politique et de la technologie de ce « trimonde ».

Le second monde s’appelle « la Terre ». Elle est occupée par la grande majorité des citoyens, avec une si forte densité d’habitants que le peuple s’entasse difficilement dans de minuscules boîtes à vivre.

La dernière partie est « l’Enfer », un lieu servant de prison pour toute la population des deux autres mondes. On raconte que toutes les personnes jugées coupables doivent vivre le restant de leur vie dans la souffrance et l’obscurité.

Chapitre 1

Le bruit d’un léger coup sur la fenêtre retentit. Le mur vibre légèrement.

« Daniel, réveille-toi ! Il faut qu’on parte bientôt », se fait entendre de manière étouffée une petite voix proche.

Le jeune garçon se lève. Il dormait dans une minuscule salle, comme si un appartement avait été compressé sur deux mètres carrés. Le lit occupe la totalité de la pièce. Une plaque de cuisson et un mini-frigo sont accrochés au mur au dessus de ses jambes. À sa gauche se trouve un miroir lui permettant de se coiffer, ce qu’il ne fait visiblement pas souvent. À sa droite, il y a la porte-fenêtre. Il décale le rideau et un visage souriant apparait derrière. C’est un adolescent avec un visage tout pâle et des cheveux rasés court.

–    Oh, il est beaucoup trop tôt. Pourquoi t’es déjà là, demande Daniel avec sa voix du matin

–    J’ai vu un camion venir décharger du matériel près de la fosse ! Faut qu’on aille voir avant que les autres ne soient au courant, répond Antoine, toujours à la fenêtre avec son sourire.

Le garçon sort de sa capsule et descend avec son ami les vingt mètres d’échelle qui le séparent du sol. Arrivé en bas, il entre dans une pièce étroite avec des lignées de casiers. Il va au sien, le numéro 410, qu’il ouvre avec sa puce biométrique dans sa main. Il prend son sac à l’intérieur et suit son ami. Ils empruntent le trottoir fait de déchets sur le bord de la route principale. La vue était à la fois magnifique et horrifique avec des gratte-ciels de chaque côté de l’avenue. Le brouillard et la pollution ne permettaient pas de voir le haut des bâtiments, le ciel non plus d’ailleurs. Tout cela donne l’impression de marcher dans un couloir ou dans un tunnel.

Après des heures de marche, nos deux adolescents arrivent enfin à l’endroit voulu. C’était une énorme décharge à la sortie du quartier.

–    J’ai vu les camions du studio de télévision déverser leur ancien matériel vers les rayons audiovisuels, lance Antoine en partant en direction de ce rayon.

–    J’espère que tu es le seul à les avoir vu, répond Daniel d’un air un peu inquiet.

–    Imagine qu’on trouve ce qu’il faut pour lancer notre propre chaine de communication pour le quartier, dit Antoine en rêvassant.

–    Ce serait bien si ça nous rapporte quoique ce soit à la revente déjà.

Les deux adolescents commencent à fouiller le tas. Daniel sort un objet de son sac. C’est un capteur d’ondes qui permet d’examiner s’il y a un dispositif qui fonctionne encore. Ce qui est le cas car ils trouvent une sorte d’antenne, un micro-ordinateur et un vieux micro. Ils mettent tout ça dans le sac de Daniel.

–    Mais regardez-moi ces deux minables qu’on trouve ici ! Moi qui pensais que les seuls déchets étaient métalliques ici, crie une ombre s’approchant d’eux, suivie par des ricanements autour de cette voix.

Antoine et Daniel se retournent et voient arriver quatre hommes relativement musclés et surtout menaçant.

–    Vous allez nous donner tout ce que vous avez trouvé. Cet endroit est à nous.

–    C’est mort ! On était là les premiers, répond sèchement Antoine.

–    Je suis Baptiste, chef du gang des Parasites, et je contrôle tout ce quartier ! Mais je ne devrais pas me présenter à un nabot comme toi !

–    Écoutez, on n’a rien trouvé d’intéressant alors laissez-nous juste partir tranquillement, ose Daniel, qui souhaite calmer le jeu.

–    Je t’ai déjà vu toi ! s’exclame Baptiste en regardant fixement Daniel. Tu es le fils de l’ancien président de la Terre, il était vu comme un héros capable d’améliorer la vie de tout le monde ici. Mais une fois devenu président, il a décidé de tous nous abandonner pour se casser au Paradis. Alors ça fait quoi d’être le fils du plus détesté des traitres ?

–    Je le déteste encore plus que tout le monde ! Il m’a laissé seul, son propre fils, rétorque Daniel en sortant de son calme habituel.

–    Oh pauvre chou, tu vas me faire pleurer. Bon les gars, on pensait ramener du matériel mais on a trouvé quelque chose avec plus de valeur. Baptiste fait signe à ces hommes et l’un deux sort une arme en se rapprochant des deux ados.

Antoine prend le bras de Daniel, visiblement perturbé, et commence à partir en courant en direction du fond de la décharge. Entendant les bruits de pas du gang qui se rapprochent derrière eux, ils décident d’escalader une montagne de déchets. Cette pile est tellement compacte qu’ils peuvent marcher pour la gravir. La montagne est appuyée contre un immense mur. Malheureusement, les membres du gang arrivent à monter aussi. Nos deux adolescents sont pris au piège au sommet, proche du mur qui encercle la décharge. Le sol commence à trembler. Un grondement métallique et une gigantesque fumée noire se font remarquer. C’est le train de marchandise qui roule au milieu de la ville. Les rails passent juste à côté du mur de la décharge. Le gang est tout proche d’atteindre le sommet. « Il va falloir qu’on saute », chuchote Antoine. Daniel se retourne et regarde en bas. Il voit ce très large serpent traverser sa vision rapidement. Son ami et lui se tiennent avant de sauter. Ils atterrissent sur le train, font plusieurs roulades avant d’enfin réussir à s’arrêter et se retenir in extremis à la première chose qu’ils parviennent à agripper.

Après plusieurs minutes accrochés à leur vie, le train commence enfin à freiner. Les deux ados sont à plusieurs mètres de distance mais peuvent enfin se regarder et vérifier que l’autre va bien. Le train s’arrête au milieu de la ville près de l’hôpital pour décharger la marchandise qu’il transporte. Les deux protagonistes descendent du train et partent en courant, encore sous l’adrénaline de la menace du gang.

–    Merci de m’avoir aidé Antoine.

–    C’est normal, on doit s’entraider.

–    Prend mon sac pour l’instant.

Il regarde dans le sac de Daniel et voit ce qu’ils ont ramené de la décharge.

–    Si on continue à récupérer du matériel de valeur comme ça, on aura peut-être assez d’argent pour aller à l’école.

Ouais si tu le dis, répond Daniel qui n’écoute qu’à moitié.

–    Tu avais l’air bien secoué, ça va ?

–    Ça faisait longtemps qu’on ne m’avait pas parlé de mon père.

–    Tu sais ce qu’il lui est vraiment arrivé ?

–    Certains disent qu’il a trahi la Terre et qu’on lui a proposé un rôle important au Paradis. D’autres racontent qu’il voulait renverser le contrôle du Paradis sur le trimonde et que le gouvernement l’aurait envoyé en Enfer. Mais personne ne sait vraiment où il est.

–    Et toi t’en penses quoi ?

–    Rien. Bon, il faut que j’y aille, répond sèchement Daniel pour éviter d’autres questions.

Ce dernier part en direction du gratte-ciel d’en face. Il traverse l’avenue bondée, remplie de marchands. Des centaines de personnes essaient de vendre tout et n’importe quoi. La plupart ont leur campement ou plutôt leur tente juste derrière ce qui s’apparente à leur comptoir. L’endroit est sombre, puant et pas très bien fréquenté. Après plusieurs longues minutes de marche, il se retrouve dans un tout autre quartier. Il y a beaucoup moins de personnes, mais de nombreux gardes sont stationnés devant l’entrée du bâtiment. Les policiers ont une armure bleue plutôt épaisse et un casque intégral avec une visière noire teintée qui leur enlèvent toute humanité. Daniel passe les barrages de sécurité, il se fait fouiller par un garde tandis que son collègue surveille, le doigt sur la gâchette de son long fusil. Ensuite, l’adolescent achète une place d’ascenseur et s’en va rejoindre la file d’attente.

Quelques instants plus tard, il peut enfin utiliser l’ascenseur. Il est très large et vitré. Daniel entre à l’intérieur et la plateforme commence à monter. Malgré le brouillard, il arrive à voir l’immensité du marché qu’il a traversé quelques minutes auparavant. L’ascenseur monte encore jusqu’à dépasser les nuages de pollution. La ville était bien différente depuis là. Le haut des immeubles est illuminé par le soleil et surplombe une mer de nuages. Daniel s’arrête au premier palier. Il rejoint ensuite une passerelle qui relie l’immeuble d’en face. Ce n’est pas la première fois qu’il prend ce chemin et pourtant il est toujours subjugué par la vue. Le vide sous ses pieds est énorme, néanmoins l’épais brouillard donne l’impression que cela peut amortir n’importe quelle chute.

Daniel arrive à l’accueil de l’hôpital du quartier et demande à l’infirmière s’il peut voir la patiente numéro 410. Devant eux se trouve un mur avec des milliers de capsules de vie, ce sont de petits caissons qui analysent la santé des patients pendant qu’ils sont en sommeil profond de longue durée. Une des capsules sort du mur et descend au niveau de Daniel alors qu’il se fait guider par l’infirmière jusqu’à la salle de rencontre à côté de l’accueil. Il s’installe à l’une des tables tandis qu’une vielle femme entre dans la pièce.

–    Hello maman, ça faisait un petit moment.

–    Oh mon fils, tu as bien grandi !

–    Je dois te demander quelque chose… Pourquoi il nous a abandonné ?

–    Oh non, ton père ne nous a pas abandonnés. Il est toujours là pour nous, répond la mère de Daniel, comprenant immédiatement de qui son fils parlait.

–    Maman, arrête de le défendre ! Son départ t’a tellement affectée que cela t’a envoyé à l’hôpital à devoir prendre des médicaments tous les jours.

–    Non, non, non, répond la vieille dame visiblement perturbée et perdant ses mots.

–    Est-ce que tu sais où il est ?

–    Je… je ne sais rien. Je vous le promets.

La mère de Daniel commence à paniquer, s’agitant dans tous les sens. Un infirmier et un garde entrent dans la pièce pour la calmer. Ils demandent à l’adolescent de partir.

Notre protagoniste rentre tranquillement chez lui, pensant à tout ce qu’il s’est passé aujourd’hui. Daniel s’interroge sur le comportement de sa mère. Il ne l’avait jamais vue réagir comme ça. Les derniers mots de sa mère lui reviennent en tête, ce « vous » était très étrange. Néanmoins, il arrive déjà chez lui. Daniel est trop fatigué pour continuer à se questionner comme cela. Il monte l’échelle et s’affale sur son lit. Il tombe petit à petit de sommeil mais tout d’un coup, il entend un chuchotement près de lui.

–    Mais t’es qui toi ? se fait entendre une petite voix provenant du côté du miroir.

Stéphane Schmied
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