SOIREE DE CLOTURE DE LA GEW : L’ENTREPRENARIAT, TOUJOURS UN MONDE D’HOMMES EN SUISSE ?

Chères lectrices, chers lecteurs, nous voici à la fin de cette semaine couvrant la Global Entrepreneurship Week. Et afin de la conclure comme il se doit, nous laissons nos plumes être dirigées, le temps d’un instant, par Emilie Hawlena, Angela de Wolff et Majbritt Byskov-Bridges.

Emilie Hawlena est la fondatrice et CEO de Genuine Women, un réseau pour « femmes entrepreneures, créatives et authentiques ». Angela de Wolff est quant à elle la fondatrice de ConSer Invest, entreprise spécialisée dans l’accompagnement dans la finance durable. Enfin, Majbritt Byskov-Bridges est co-fondatrice de Alver, qui propose des produits alimentaires enrichis à base de micro-algues. Sous la modération de Anne Headon, directrice du HUB Entrepreneuriat et Innovation de l’UNIL, et de Mathieu Schneider, étudiant et membre de HEC Espace Entreprise, toutes trois ont animé la conférence-soirée de clôture ayant pour thème « L’entreprenariat, toujours un monde d’hommes en Suisse ? ». La soirée s’est articulée autour de quatre thèmes, ou questions. En voici les détails.

« Pourquoi si peu de femmes entrepreneures ? »

Un chiffre parlant s’il en est : seulement un quart des entrepreneurs en Suisse sont des entrepreneures. Qui plus est, 90% des fonds levés pour des start-ups en Suisse le sont pour des start-ups 100% masculines. Comme en témoigne Mme Byskov-Bridges : « la première fois qu’on a voulu lever des fonds, on nous a tout de suite dit ‘ah vous êtes deux femmes, il faudrait trouver un homme pour entrer pour être fondateur’ ».

Pour elle, ce sont souvent les femmes qui investissent dans les femmes. A cela, Emilie Hawlena ajoute que les femmes hésitent plus souvent, se sentent souvent moins légitimes à demander un prêt auprès des banques. De plus, selon Mme de Wolff, les femmes commencent souvent à petite échelle, avec peu de clients, contrairement aux hommes qui plus souvent tentent de commencer gros dès le début. Cela serait dû au fait que les femmes doivent encore trop souvent garder un équilibre entre famille et travail, s’ajuster, ce qui les empêchent souvent de voir à long terme.

Concilier les deux demande un soutien familial et de gros moyens financiers, deux points malheureusement pas toujours acquis. Cependant, rien n’est perdu pour autant. Toutes trois rappellent que, passée la première réaction et même si votre présentation pour trouver un financement nécessitera deux pages de plus pour montrer que vous êtes à la hauteur, vous obtiendrez ce que vous voulez tant que vous savez ce que vous faites, où vous voulez aller et ce que vous demandez.

« Les femmes qui se lancent ont-elles du succès ? »

Comme le rappelle Mathieu Schneider, d’après une étude menée par le Boston Consulting Group en 2020, les entreprises appartenant à des femmes montrent de meilleurs revenus par dollar investi que celles appartenant à des hommes. Pourquoi ?

Pour Angela de Wolff, cela vient du fait que les femmes sont de manière générale plus rationnelles, plus « conservatrices » que les hommes qui ont plus tendance à miser gros, et donc gagner mais aussi perdre gros. Les entrepreneures étudieraient plus le risque, et auraient également tendance à se mettre plus de pression, obtenant ainsi de meilleurs résultats.

Mais au-delà de la barrière du genre, c’est surtout de créer une entreprise avec des personnes ayant des visions différentes qui fait avancer un projet. Cela dit, les difficultés supplémentaires rencontrées par les femmes leur amèneraient plus de résilience ainsi qu’un attachement accru à leur projet, les poussant à ne pas se laisser abattre et trouver des solutions.

« Dans quels domaines spécifiques trouvent-on les femmes entrepreneures ? »

Bien que les entrepreneures soient présentes dans tous les secteurs, quelques secteurs sont sur-représentés. Avec, en pôle position, le développement personnel et le bien-être. Comme le souligne à juste titre Majbritt Byskov-Bridges, les femmes sont souvent présentes dans des domaines où peu de moyens financiers sont nécessaires pour se lancer. Elles sont généralement motivées par une mission à accomplir, un besoin d’aider la société, qui les poussent à avancer et développer leur propre entreprise.

Avec un danger tout de même : forte de son expérience avec Genuine Women, Mme Hawlena note que beaucoup de ses clientes proposent des entreprises basées sur une forte mission environnementale ou sociale. La mission est séduisante, le projet abouti, avec un bémol cependant : comment font-elles de l’argent ? En effet, ses clientes offrent de réinvestir la grande majorité de leurs revenus, s’oubliant dans l’équation.

Comme le dit si bien Angela de Wolff, ce n’est pas parce que l’entreprise est motivée par une mission sociale qu’il est honteux de gagner de l’argent pour autant. Au contraire, l’argent est une énergie nécessaire pour mener à bien votre projet et répondre à votre mission. Une entreprise avec une mission est avant tout une entreprise, avec un business model à bien définir…

Et le futur alors ?

Que ce soit pour les femmes ou les hommes, les trois invitées s’accordent sur l’importance d’apprendre à l’école et à l’université, ainsi que sur les pas à franchir pour monter sa propre entreprise. La tâche paraît insurmontable, il faut y aller petit à petit. Il faut également former les hommes à voir le potentiel des femmes, et les femmes à avoir plus confiance à s’engager, à voir en grand.

Les choses changent, même si cela prend du temps. Anne Headen rappelle que 20% des étudiants et étudiantes de l’UNIL, toutes facultés confondues, sont entrepreneurs ou indépendants 5 ans après la fin de leurs études. Pour la génération d’étudiants et étudiantes actuelle, on estime que ce chiffre se montera à un tiers, d’où l’importance de former à l’entreprenariat.

Merci à tous les acteurs et actrices de cette conférence et, au-delà, de cette semaine !

Arthur Thévenin
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