En octobre 2021, en voyage à Paris, je visite une exposition et découvre une femme au parcours de vie palpitant.
En novembre de la même année, je décide de contacter cette même femme pour faire une interview avec elle et son assistante me répond très gentiment que cette dame ayant 97 ans, un zoom ne sera pas possible, mais qu’elle peut répondre à des questions sur un document Word.
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Décembre 2021, le 28 plus précisément, cette femme meurt et je ne l’ai appris il n’y a que quelques jours seulement.
Ainsi, je souhaite aujourd’hui vous parler de cette femme, Sabine Weiss.
Elle est née à Saint-Gingolph (VS) le 23 juillet 1924 et morte le 28 décembre 2021 à Paris. Ces 97 années d’existence, Sabine Weiss les a consacrées à la photographie.
Elle achète son premier appareil photo à l’âge de 11 ans et, à 18 ans, entreprend des études de techniques photographiques auprès de Paul Boissonnas à Genève. En 1945, elle obtient son diplôme, ouvre son propre atelier et déménage ensuite à Paris pour découvrir un autre monde avec l’envie d’en apprendre encore plus. Ça tombe bien, elle devient assistante de Willy Maywald, un photographe allemand travaillant dans la mode.
Ainsi, elle est au cœur de Paris et voit tout ce qu’il s’y passe : le premier défilé de la maison Dior, rencontre avec des grands noms de la musique comme Igor Stravinski ou Benjamin Britten et collaborations avec des magazines célèbres à l’international.
Toutes ces personnes et tous les milieux qu’elle a découverts à travers eux lui donnent une identité et un caractère bien à elle et cela lui sera fort utile, car en 1950, le monde de la photographie était encore très masculin. Elle réussit tout de même à se faire reconnaître pour son travail et suscite même l’admiration de beaucoup, notamment pour ses images de l’après-guerre qu’elle a présentées avec un optimisme étonnant.
A ce point de l’histoire, Sabine Weiss n’a que 26 ans.
1952 sera l’année où elle décidera de devenir photographe indépendante, mais 2 ans plus tard, elle rejoint l’agence Rapho au côté de Robert Doisneau et rencontrera de plus en plus de personnalités célèbres qui moduleront son parcours. Ainsi, elle balancera entre photographie mode pour Vogue Paris, reportage photo sur les peuples de l’Omo en Éthiopie et se concentrera aussi beaucoup sur ses recherches personnelles qui lui vaudront plus tard le titre de « photographe humaniste ».
De là, son histoire de photographe ne fera que continuer et continuer encore. Elle se fait remarquer par les plus grands, travaille sur des projets qui lui tiennent à cœur et tout cela paiera encore une fois. En effet, en 1955, 3 de ces clichés sont choisis pour être affichés au MoMA de New-York pour une exposition très importante et en 2010, lorsqu’elle a déjà de belles années derrière elle, Sabine Weiss reçoit l’Ordre national du mérite. Encore mieux, en 2020, elle est lauréate du Prix Woman In Motion pour la photographie.
Et voici que se termine la vie de cette femme inspirante, qui n’a jamais lâché et qui est arrivée loin. De plus, malgré avoir vécu toute sa vie à Paris, elle a légué ses archives au musée de L’Élysée à Lausanne et une exposition en son hommage est prévue pour 2024, lorsque le musée aura déménagé à Plateforme 10.
Ci-dessous, je vous partage une de mes photos préférées de Sabine Weiss.
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https://www.franceinter.fr/emissions/l-heure-bleue/l-heure-bleue-12-octobre-2018