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La fausse monnaie dans notre quotidien

Après la découverte à Zürich de faussaires en flagrant délit de fabrication de faux dollars en mars 2024, redoublons de vigilance quant aux billets de banque que nous acceptons. En effet, malgré l’augmentation des nouveaux moyens de paiement par carte ou encore par téléphone, les transactions en espèce sont encore beaucoup utilisées de nos jours. Il s’agit donc d’un domaine encore accessible pour les faussaires qui tentent de reproduire des billets de banque à des fins frauduleuses. Quelles sont les conséquences que ce genre de fraude peut créer et comment les éviter ? Retour sur la plus grande opération de fabrication de faux billets de banque connue à ce jour.

Qu’est-ce qu’une contrefaçon ?

La contrefaçon définit un document qui a été entièrement produit par le faussaire et imitant un modèle de document officiel existant. Il s’agit d’une des méthodes de fraude documentaire qui regroupe « toutes les tromperies qui reposent sur la fabrication, l’altération, l’usage abusif ou l’obtention frauduleuse d’un document quel qu’il soit ». Souvent utilisée par les organisations criminelles, la fausse monnaie peut être utilisée lors de la commission de nombreuses infractions, allant de la simple escroquerie jusqu’aux trafics en tous genres. Pour comprendre l’impact que la contrefaçon peut avoir, retour sur une célèbre opération du siècle dernier.

L’Opération Bernhard : La contrefaçon nazie qui menaçait l’économie britannique

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les nazis ont lancé l’opération Bernhard, une activité de contrefaçon de billets britanniques dans le but de déstabiliser l’économie du Royaume-Uni. Cette opération, dirigée par le service de renseignement SS et supervisée par le SS Major Bernhard Krüger, visait à créer des faux billets de haute qualité pour être introduits clandestinement dans l’économie britannique. Cette opération a été lancée au cours des années 1940-1945 par l’Allemagne nazie qui cherchait des moyens d’affaiblir l’économie britannique.

Les nazis ont recruté des spécialistes parmi les prisonniers de guerre juifs et d’autres détenus des camps de concentration pour fabriquer les faux billets. Les personnes ayant des connaissances en contrefaçon mais également en art, en photographie ou encore en imprimerie ont ainsi été déplacés dans le camp de concentration de Sachsenhausen pour participer de force à cette opération. C’est là-bas que les techniques de gravure, d’impression et de papier ont minutieusement été reproduites pour créer des billets indiscernables des vrais. Les nazis ont utilisé des techniques sophistiquées afin de créer des contrefaçons de haute qualité, incluant des presses spéciales, des encres spécifiques et des papiers similaires aux billets britanniques authentiques.

Heureusement, l’opération a été découverte par les Alliés à la fin de la guerre. En effet, même si la production des contrefaçons a été un succès, les Allemands ne sont pas parvenus à les introduire sur le territoire britannique sans attirer l’attention des autorités qui avaient eu vent de la fraude. De plus, les billets contrefaits présentaient des défauts techniques qui ont permis aux autorités britanniques de les détecter. La tentative de déstabilisation de l’Allemagne nazie n’a donc pas eu l’impact dévastateur qu’elle souhaitait sur l’économie britannique.

L’opération Bernhard reste un exemple remarquable de guerre économique pendant la Seconde Guerre mondiale, mettant en lumière les tentatives créatives et dangereuses des nazis pour affaiblir leurs adversaires. Finalement, cette opération clandestine a permis au monde entier de se rendre compte des possibilités et des impacts que peuvent avoir les faussaires, les conduisant à améliorer la sécurité de leurs billets de banque afin de prévenir des futures activités de contrefaçon.

Comment lutter contre la contrefaçon

Pour éviter que ce genre d’opérations à grande échelle ne se reproduise, les pays ont redoublé d’efforts afin d’améliorer la sécurité de leur monnaie. Mais il ne s’agit pas uniquement d’un problème à grande échelle. En effet, depuis que les imprimantes, scanners et autres nouvelles technologies sont devenues accessibles à tous, certains citoyens s’essaient à la fabrication de fausse monnaie à petite échelle.

A titre d’exemple, au cours de l’année 2023, 467 000 faux billets ont été retirés de la circulation selon les statistiques de la Banque Centrale Européenne. Il s’agit du nombre le plus bas par rapport au nombre de billets authentiques depuis ces dernières années. Par conséquent, la probabilité de recevoir un billet contrefait est de plus en plus faible. Cela est dû au fait que les pays renouvellent leurs séries de billets de banque. C’est pour cela que plus de vingt ans après la mise en circulation des premiers billets de banque en euros, la Banque Centrale Européenne annonce qu’une nouvelle série de billets va bientôt apparaître dans nos portes-monnaies. La Suisse quant à elle en est déjà à sa neuvième série de billets de banque mise en circulation depuis 2016.

Ce projet de nouveaux euros en est actuellement à l’étape du design. En effet la dernière étape annoncée a été le choix des thèmes pour les futurs billets, décidés au cours de l’été 2023 et intitulés « La culture européenne » et « Fleuves et oiseaux ».

Ainsi, le but de ces nouvelles séries est de changer le design des billets afin de les moderniser. Mais ce n’est pas uniquement pour des raisons esthétiques. L’avantage principal est d’ajouter des éléments afin d’améliorer la sécurité des billets de banque et de rendre plus difficile leur reproduction par des faussaires.

C’est donc pour lutter contre cette contrefaçon que de nouveaux billets de banque vont être mis en circulation. Cependant, vous pouvez vous-mêmes retenir quelques informations pour savoir comment reconnaître un faux billet de banque.

Comment détecter soi-même un faux billet de banque ?

Quels sont les éléments que vous pouvez regarder sur vos billets de banque pour en vérifier l’authenticité ? Les billets de banque suisse sont très fournis en matière d’éléments de sécurité et donc très difficiles à falsifier. Ces éléments diffèrent légèrement en fonction de la valeur du billet mais en voici quelques-uns que vous pouvez vérifier à l’œil nu et sans matériel spécifique si vous avez un doute sur la véracité d’un billet de banque.

Tout d’abord, il est possible au toucher de remarquer de nombreuses zones en relief. En effet, il vous suffit de passer le doigt sur le billet pour sentir les zones concernées, telles que les barres tactiles sur les bords dont le nombre et l’inclinaison diffère en fonction de la coupure.

Ensuite, au niveau des éléments visuels, il est possible d’observer le filigrane. Il s’agit d’un motif visible en transparence. Il vous suffit donc de regarder à travers le papier pour apercevoir les contours du drapeau suisse et un globe. De la même manière, on peut également observer le repère recto verso de la croix suisse en couleur. Cette croix est visible mais incomplète de chaque côté du billet, jusqu’à ce qu’on l’observe à la lumière où elle apparaît complète.

Finalement, d’autres éléments visuels sont des zones brillantes ou encore holographiques. En effet, le globe est composé d’une encre scintillante qui le fait briller et changer de couleur selon les angles auxquels vous le regardez.

Les faux billets de banque sont donc des documents de moins en moins rencontrés de nos jours. À la suite de l’augmentation du nombre d’éléments de sécurité et de la vigilante accrue des pays, il devient de plus en plus difficile de reproduire des billets authentiques à des fins frauduleuses.

De toute manière, vous savez maintenant comment détecter une contrefaçon. Les faussaires ne pourront plus vous avoir !

Valérie Bilger
Valérie Bilger
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