Quand la Terre Chauffe, les Injustices Grandissent

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Le changement climatique est une réalité qui affecte l’ensemble de la planète, et cette crise n’est pas qu’un problème environnemental. C’est une crise sociale et morale qui exacerbe les inégalités, entre les pays riches et ceux en développement, entre ceux qui polluent et ceux qui en subissent les effets. Les conséquences du réchauffement climatique frappent les populations les plus vulnérables, souvent celles qui ont le moins contribué à cette situation.

C’est ici qu’intervient la notion de justice climatique, un concept essentiel pour aborder la crise écologique avec équité. Cet article explore ce qu’est la justice climatique, pourquoi elle est cruciale et comment elle peut transformer notre approche du changement climatique.

Comprendre la Justice Climatique 

La justice climatique repose sur une idée simple mais fondamentale : ceux qui sont les plus touchés par les effets du changement climatique ne sont pas les principaux responsables de la crise. Comme le souligne EPER (Entraide Protestante Suisse) :

« Les pays qui souffrent le plus du changement climatique sont souvent ceux qui y ont le moins contribué. »

Au-delà de la simple réduction des émissions, la justice climatique appelle à une répartition juste des responsabilités. Elle souligne l’historique des pays industrialisés, qui ont bâti leurs richesses sur des décennies d’émissions massives. Ces pays ont une obligation morale : non seulement réduire leurs propres émissions, mais également soutenir les pays en développement dans leur adaptation et protection face aux conséquences du changement climatique.

Les inégalités face à la crise climatique

Le changement climatique provoque des catastrophes naturelles dévastatrices, mettant en péril des vies humaines et laissant des populations face à des pénuries de nourriture et d’eau. Ces crises forcent des milliers de personnes à migrer, exacerbant les tensions et les conflits. En effet, les impacts sont plus graves pour les populations ayant des moyens limités, malgré leur contribution minimale aux émissions de gaz à effet de serre. Les pays en développement, notamment en Afrique, en Asie du Sud et dans les petites îles du Pacifique, figurent parmi les plus vulnérables aux conséquences du réchauffement climatique. Sécheresses prolongées, incendies, inondations, cyclones et montée des eaux redessinent leur quotidien. Dans le Pacifique, certaines îles font face à une menace existentielle, risquant d’être submergées d’ici quelques décennies.

Les inégalités climatiques sont également présentes au sein même des pays. Les communautés les plus pauvres ou les populations autochtones sont particulièrement vulnérables. Dépendant étroitement de la nature pour leur survie, ces populations voient leurs terres et leurs ressources se dégrader sous l’effet des changements climatiques, menaçant directement leur existence. De plus, ils disposent souvent de peu de moyens pour se protéger ou s’adapter aux nouvelles conditions. Ces populations sont souvent ignorées dans les discussions climatiques internationales, ce qui aggrave encore leur marginalisation.

À l’inverse, les pays riches et les populations les plus aisées, disposent des infrastructures et des ressources nécessaires pour atténuer les impacts du changement climatique. Ce déséquilibre crée un fossé toujours plus grand entre ceux qui polluent et ceux qui subissent.

Cette crise climatique accentue également les inégalités entre les générations. Les générations futures, pourtant peu responsables de cette situation, seront les premières à en subir les conséquences les plus graves.

Des villageois observant avec inquiétude l’érosion des rives d’un fleuve sous l’effet de la montée des eaux, à Sariyakandi (Bangladesh), juillet 2014

Les pollueurs doivent rendre des comptes

Les pays riches et développés, qui ont massivement participé aux émissions de gaz à effet de serre, portent une responsabilité historique dans la crise climatique actuelle. Selon des études récentes, les 10 % les plus riches de la population mondiale sont responsables de près de 50 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Si les pays riches portent une responsabilité collective, certaines entreprises jouent un rôle encore plus direct dans la crise climatique. Un rapport de 2017 a révélé que seulement 100 entreprises sont responsables de 71 % des émissions industrielles mondiales depuis 1988. Des multinationales continuent d’exploiter des énergies fossiles tout en retardant la transition vers des alternatives durables.

Ces entreprises, bien qu’au courant des effets de leurs activités sur le climat depuis des décennies, ont souvent choisi de financer des campagnes de désinformation pour limiter les régulations climatiques. En conséquence, elles ont non seulement contribué à l’aggravation de la crise climatique, mais ont aussi freiné les efforts mondiaux pour y remédier.

Au-delà des responsabilités financières, la question de rendre des comptes est aussi une question d’éthique. Les entreprises et pays pollueurs ont le pouvoir de transformer la crise climatique en une opportunité d’innovation et de justice. Cependant, cela nécessite une volonté politique forte pour surmonter les obstacles posés par les intérêts économiques à court terme.

Les citoyens jouent un rôle clé dans la justice climatique en exigeant plus de transparence. Les mouvements comme ceux organisés par GreenPeace ou comme Fridays for Future montrent l’impact de la mobilisation collective pour pousser les gouvernements et les entreprises à agir.

La justice climatique n’est pas seulement une question de responsabilité, mais une nécessité pour garantir un futur où les inégalités ne sont pas amplifiées par le changement climatique. Sans une action rapide de notre part, la planète continuera à se réchauffer, creusant encore davantage le fossé entre les « riches » et les « pauvres ».

Chacun d’entre nous peut contribuer à cette lutte en choisissant des modes de vie plus durables, en soutenant des initiatives locales ou en exigeant des gouvernements des politiques climatiques ambitieuses. Chaque décision que nous prenons aujourd’hui en tant que citoyen, entreprises ou gouvernements peut faire une différence. Adopter des modes de vie plus durables ou soutenir des initiatives locales : autant de gestes qui, combinés, peuvent transformer la crise climatique en une opportunité de justice.
La justice climatique commence avec nous tous.

Camille Lefol

 

Sources :

Cairn Info : Revue responsabilité et environnement 

HelloCarbo 

EPER 

GreenPeace 

Solidar Suisse 

PNUD 

IPCC 

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