Une image contenant intérieur, plancher, mur, table Description générée automatiquement

La Couronne d’Or Lausanne

Bois, bougies et fleurs. Ainsi soit-il. Voici, vos trois compagnons de fortune durant ce voyage quand le brouillard dissipera enfin son voile de poussière sur l’or de la ville, de la Tamise et évidemment de l’embarcadère.

« Bar » est un jargon se rapprochant de maison de santé pour certain·e·s, mais dans cette histoire on y préféra le terme plus classieux de « bistrot ».

Comme nous l’avions fait dans notre article sur la défunte Clef qui a attendri notre cœur de liqueur pendant plusieurs années, nous nous pencherons aujourd’hui sur une sœur de cœur à Lausanne qui nous héberge, moi, le spleen et les fleurs : La Couronne d’Or.

La Couronne d’Or, pour se référer aux quelques mots de ses propriétaires « est un vieux bistrot, qui date de la fin du XIXe siècle. Elle est un des rares témoins lausannois de ces pintes simples et populaires de cette époque ». D’une caresse doucereuse, nous pouvons donc dire que nous avons toutes et tous de la chance. Les lieux avec une âme se font si rares aujourd’hui. La plupart d’entre eux, ont été mangés et digérés pour y être remplacés par des bâtisses blanches portant un galurin de forme douteuse et cela, par des êtres sans goûts, buvant du petit bordeaux d’arrière-boutique à tout va. Malgré son âge avancé, ce joli bout d’histoire se tient encore très bien et danse le charleston comme personne.

Qu’est-ce qui nous rend unique ? Si ce n’est la capacité d’écrire nos plus intimes ressentis, chroniques, peurs et envies sur notre journal intime, c’est surement l’ambiance du moment présent. Ici, pour s’attarder à décrire l’endroit nous pourrions parler du vieux plancher en bois, des tables d’époque sur lesquelles vacillent la flamme de délicates bougies et des fleurs. Des fleurs partout, que c’est bon, que c’est beau, mais, l’ambiance, tudieu ! Je n’arrive pas à bien vous décrire cela, il faut donc que je vous la raconte.

C’était un après-midi d’automne comme nous en connaissons beaucoup, avec le vent qui vous souffle sur la truffe des feuilles couleur orange sanguine et qui font  « scrounch » quand vous marchez dessus. Un bouquin sous le bras et des mots dans la tête, vous vacillez entre les histoires d’aujourd’hui et demain tout en ruminant la complainte du progrès de Boris Vian. Mon Oncle de Jacques Tati passe devant vous avec son vélocipède et s’arrête devant un bistrot de fière allure dont la tête couronnée vous presse d’entrer à toute allure. Vous lui faites confiance au son de votre propre livre, qui vous devance d’un bon pas en beuglant « pressons pressons ! ». Vous posez votre séant, séant à la table qui vous espérait.

Un sourire pour un café, cela est rondement mené.

Un damoiseau qui attend sa damoiselle, une damoiselle qui attend sa damoiselle, ou un damoiseau qui attend son damoiseau ou encore une damoiselle qui attend son damoiseau, enfin bref, dans un tel endroit tout cela est décidément de bon aloi. L’ombre des roses roses vacillent sur la table en bois « d’être ». Le vase des fleurs est une bouteille jetée à la mer, récupérée avec passion et soigneusement dressée avec douceur. L’attente est blessante. D’autant plus quand vous voyez dans le coin gauche de la pièce, deux jeunes souriceaux se tenir la mains au-dessus d’une table de petite taille mais qui respecte la même configuration que la vôtre, outre la taille du vase et des fleurs bien évidemment. Une vision bien cartoonesque des choses de la vie, mais qu’importe, ici on est tou·te·s logé·e·s à la même enseigne. On ne se refuse rien et on sirote une bière après le café. Pourquoi pas ? Les irrémédiables romantiques d’antan mélangeaient bien absinthe et opium dans une autre mesure…

Un temps passe et puis pouf, d’un tour de rein les acteur·trice·s de ce songe éveillé changent leurs axes comme l’on dirait au théâtre : patatrafe ! On passe de la cour au jardin en un regard et il y a alors deux paires de mains au-dessus du livre intitulé autoportrait au radiateur de Christian Bobin.

– « C’est vous. Je ne vous attendais plus, enfin je faisais des petits trous toujours des petits trous, mais je remarque surtout que nous étions dos à dos tout du long, et je ne comprends pas comment ni l’un ni l’autre ne nous en sommes rendu compte, c’est inouï et on pourrait le chanter en allemand. »

– « Plaît-il ? Eh bien, moi aussi j’étais absorbée par les lettres de mes mots. Après cela, j’ai touché ce qui me semble être une pointe de colle de la marque meistereder étendue entre deux pages cornées pour y retrouver un mot ou une tirade. Après cette boutade, je dirais que j’ai croisé les pattes et je vous ai vu. »

– « Et votre bouquin là, le vôtre c’est quoi ? »

– « Terre des hommes de Saint-Exupéry. »

Colle ou pas colle, peut-être un cas d’école, nos livres témoigneront surement de cette responsabilité partagée, ne vous en déplaise, en dansant la javanaise.

– « Malices et framboises, nous voilà bien avancés, mais j’ai apporté quelques fraises des bois cueillies au Val Clos pour passer les pages ensemble, elles étaient presque sur mon chemin. »

– « En parlant de page, j’en reviens a celle-ci qui était cornée et qui dit, je cite : « Je n’ajouterai que ceci : l’amour parfait est la plus belle de nos frustrations mais d’un baiser on oublie nos imperfections pour se rendre heureux à deux. » »

Dans le coin à gauche, un souriceau a souri.

Je m’égare.

Toutes ces gentes choses vous les rencontrez dès votre premier regard élancé sur la Couronne d’Or et sa charmante terrasse d’été, que vous soyez protagoniste ou non de cet interlude crapuleux.

Brunch La Couronne d'Or (Lausanne) - TopBrunch

Dans la suite de nos idées, qui rencontrerons-nous donc ensuite entre ces murs de bois ? Le cœur, l’équipe de la Couronne qui vous baigne de sourire et de bienveillance, et qui est, une raison à elle seule de venir à la Couronne d’Or avec une mention toute particulière à Sandrine et Pascal.

Ensuite, surement les bibliophages des après-midis, désireux de lire dans un endroit calme et cosy comme moi-même votre porteur de plume du moment. Bien d’autres étudiant·e·s en tout genre y viennent pour écrire, petit carnet à la main parsemé de dessins, de poésies et de tendresse, ou un mac ouvert sur un studieux word police avenir 12 sur fond de petite cuillère qui taquine la tasse de café ou thé souhaité (où pensez-vous diable que j’ai commencé cet article ?). Et tout cela, pour s’inspirer aux lueurs des ombres des autres vagabonds éclairés et âmes du passé (je parle des tonneaux évidés évidemment !).

Vous le croirez, ou non, mais dans un bistrot on arrive à écrire, à penser, à bosser et être presque lucide. Notre université chérie dont les bibliothèques nous supportent encore pour le moment, n’a pas encore compris que les besoins fondamentaux de l’étudiant·e studieu·se·x était le wifi, une prise murale, des espaces pour lire et des bières peu chères, la Couronne, elle, a pensé à tout ! Vous y repenserez donc quant à votre choix pour la banane qui vous titille les journées de forte chaleur.

Fallait-il tant de prose pour mettre en bière nos peurs et nos doutes ? C’est un bistrot tout de même il faut garder cela en tête. Des bières et des pintes il y en a à foison : des locales bien sûr, des pressions et des bouteilles pour la joie de ma soif et de la vôtre ! Des plateaux de fromages appétissants de désir et de belles portions de houmous, choses nécessaires à une vie heureuse, vous y attendent également quand le glas de l’apéro sonne par trois grands coups. À ce moment-là, il est bien temps de parler de nous et d’épancher notre SWAF.

 

Chez HEConomist nous apprécions le brunch. Nous avons d’ailleurs passé notre brevet de pilotage pour ce genre d’appareil à voile ou à moteur. Qu’il s’agisse de saumon sauce hollandaise sur toast ou d’un bon vieux crunchy, celui de la Couronne est du tonnerre. À noter, que le réveil de la Princesse, la gueule de bois du Prince et la nasse du Roi migrent dès les beaux jours à la jetée de la compagnie, il faut s’en faire témoins dans le calme de l’été.

Dès que nous pourrons retourner dans la vie que nous connaissons et qui nous parsème le cœur de sourire, c’est très certainement là-bas que j’irai en premier et le cadavre exquis boira le vin nouveau !

Une image contenant tasse, table, alimentation, café Description générée automatiquement

La Couronne d’Or

Votre Café Lausannois

Rue des Deux-Marchés 13, 1005 Lausanne

+41 21 311 38 17

Nos Horaires

Lundi – 16 à 23 heures

Mardi – 08 à 24 heures

Mercredi – 08 à 24 heures

Jeudi – 08 à 01 heure

Vendredi – 08 à 01 heure

Samedi – 09 à 01 heure

Dimanche – 11 à 22 heures

Jean-Konrad Mignon
Cliquez sur la photo pour plus d’articles !
Dans la même thématique, la rédaction vous propose les articles suivants :

Une balade à Paris
– Tristan Bochatay –

Pour le plaisir du livre
– Jean Loye –

Un goût sucré et épicé
– Juliana Moya –