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Enfer et Paradis chapitre 2

Cet article est le deuxième épisode d’une histoire issue d’une création personnelle de notre rédacteur et qui vous sera proposée en trois chapitres. Vous pouvez retrouver le premier épisode ici, en attendant le troisième volet qui sera disponible le 6 novembre.

Chapitre 2

Daniel entend une petite voix à côté de lui. Il ouvre les yeux et se tourne du côté du miroir. Il sursaute de peur car il voit quelque chose bouger dans le reflet de la glace, mais personne n’est dans sa capsule. Pourtant, il perçoit l’ombre d’un homme. Son visage est flou mais Daniel peut deviner qu’il est un peu plus vieux que lui. Il semble être surpris d’être ici.

–    Mais t’es qui toi, demande l’homme mystérieux.

–    C’est moi qui devrais vous poser la question ! Pourquoi je vous vois ? Où êtes-vous, interroge Daniel qui ne comprend rien à la situation.

–    Tu as un miroir un peu spécial, mais ce n’est pas normal que tu l’aies.

–    Comment ça, « spécial » ? Et vous n’avez pas répondu à mes questions.

–    Moi aussi j’ai envie de comprendre. Viens au marché près de l’hôpital demain matin. On pourra parler en privé.

–    En privé à l’endroit le plus bondé du quartier, s’étonne Daniel.

Mais l’homme ne répond plus et l’ombre disparait. Daniel voit son propre reflet. Il a des cheveux châtain clair mal coiffés, un visage très jeune. Il est visiblement secoué par ce qui vient de se passer. Néanmoins, trop fatigué pour réfléchir, il décroche juste le miroir et le pose plus loin, contre le mur, puis il s’endort.

Le lendemain matin, Daniel se réveille et pense à sa nuit et son rêve bizarre. Quand il se redresse, il aperçoit le miroir posé au pied du lit et se rappelle l’étrange rencontre de la veille. Il aperçoit Antoine qui l’attend en bas de l’échelle. Malgré le fait qu’il soit toujours perturbé par cette nuit, il décide de sortir et rejoindre son ami.

–    Hello ça va ? Tu n’avais pas l’air très bien hier quand on s’est quittés, s’inquiète Antoine.

–    Je sais pas trop…

–    Tu n’as pas l’air mieux ce matin, d’ailleurs. Qu’est-ce qui t’arrive ?

–    Hier soir, j’ai regardé dans mon miroir et… J’ai vu quelqu’un, répond Daniel sans vraiment savoir ce qu’il s’est passé.

–    Tu sais, c’est souvent le cas avec les miroirs. Ça s’appelle un reflet, lui rétorque Antoine en se moquant gentiment.

–    Il y avait quelqu’un d’autre, un homme qui me parlait.

–    Daniel, la prochaine fois que tu vas à une soirée, tu pourrais m’inviter au moins.

–    Très marrant. Bon, je dois te laisser.

Daniel est un peu déçu qu’Antoine ne le prenne pas au sérieux mais, en même temps, il a aussi de la peine à comprendre ce qu’il s’est passé. Il part en direction du marché. Après plusieurs mètres, il entend son ami lui crier : «  Oublie pas que je suis là, dis-moi si t’as un problème ! ». Daniel ne se retourne pas et continue son chemin, arpentant de nouveau les trottoirs de déchets de long de la grande route.

Après des heures de marche, il arrive enfin à l’endroit du rendez-vous éventuel. Il erre un moment dans ce marché, sans savoir où il doit aller ou même si quelqu’un l’attend vraiment. Daniel observe tout et dévisage chaque passant, essayant de reconnaître la personne qu’il avait vue dans le miroir. Il commence à sortir de la rue principale. L’adolescent navigue entre les comptoirs, les tentes, les gens qui dorment par terre, ceux qui mangent comme ils peuvent.

Tout à coup, il sent une présence derrière lui. Avant qu’il ne puisse réagir, on lui met quelque chose sur la tête et on lui immobilise les bras derrière le dos. Il entend l’ouverture d’une tente, puis il descend des marches et on le force à s’asseoir sur une chaise. On lui enlève ce qu’il a sur les yeux. Il est dans une salle vide et sombre. Un homme masqué est debout face à lui.

–    Qui es-tu, interroge l’homme.

–    Mais vous, vous êtes qui, répond sèchement Daniel.

–    Je suis l’homme à qui tu devrais répondre. L’homme sort un pistolet et se rapproche un peu.

–    C’est bon, c’est bon. Je vais parler. Je m’appelle Daniel.

–    Comment ça se fait que tu as le miroir qui nous a liés ?

–    Je ne sais pas. Il était déjà dans ma capsule quand mes parents me l’ont offert.

–    Menteur ! Cet équipement appartient à la Résistance verte.

–    La Résistance verte ?

–    Tu es pour ou contre l’actuel président de la Terre, Rider ?

–    Absolument contre, c’est un imposteur qui ne suit que les ordres de ses compères du Paradis sans se soucier du peuple, rétorque un Daniel impétueux.

–    C’est aussi la pensée de notre groupe.

–    Alors laissez-moi vous rejoindre, propose Daniel, espérant ainsi se sortir de cette situation délicate.

–    Tu me fais penser à moi il y a quelques années. Malheureusement, je ne peux pas encore te faire confiance. Il faut que tu fasses tes preuves et j’ai une idée pour ça.

–    Je vous écoute.

–    A côté d’ici, il y a un centre de commandement de la police. Il faut que tu t’infiltres là-bas et que tu t’introduises au centre de stockage des données pour récupérer un document. On va t’insérer une nouvelle puce dans la main, il te suffira d’entrer dans la salle des serveurs pour qu’on puisse analyser et trouver ce qui nous intéresse. Pour cela, on va te donner une armure qu’on a récupérée pour que tu te fasses passer pour un garde là-bas.

Daniel acquiesce et enfile la tenue qu’on lui donne. L’homme mystérieux lui tend un fusil traditionnel.

–    Je ne sais pas manier une arme, dit Daniel, craintif.

–    De toute façon, si t’en as besoin, c’est que t’es probablement déjà mort. Alors c’est juste pour paraitre comme tous les autres gardes.

L’homme lui remet un sac sur la tête et le sort de là où il est, puis il l’abandonne. L’adolescent enlève le sac et se retourne mais ne voit absolument personne. Il est en plein milieu du marché en tenue de garde. Il met son casque et se dirige vers le bâtiment. Il arrive à l’entrée que des dizaines de gardes protègent. Le jeune homme essaie d’éviter tout le monde et de continuer tout droit. Malheureusement un vrai garde vient vers lui.

–    Qu’est-ce que tu fais là, demande un homme en tenue bleue.

–    Je suis attendu au centre de stockage pour la garde, répond fébrilement Daniel.

–    Alors dépêche-toi ! Tu es en retard pour le nouveau tour de garde, crie l’homme avec un air autoritaire.

L’adolescent passe les portails de sécurité et se dirige rapidement vers l’ascenseur de service. Il clique sur l’étage correspondant à l’objectif. Il peut un peu souffler, caché des regards dans cet ascenseur. Daniel réalise enfin à quel point cette mission est dangereuse. Ces jambes commencent à trembler. Il se demande pourquoi il a eu cet élan de courage qui l’a poussé à être là, mais se rappelle également l’arme pointée sur lui.

Les portes s’ouvrent et le jeune avance rapidement en tenant son arme fermement pour éviter que son stress ne se voie trop. Il croise plusieurs autres gardes dans les couloirs. Son cœur s’arrête à chaque fois qu’il passe à côté d’eux. Il trouve enfin la direction des serveurs et part dans ce sens. Malheureusement, il sent que quelqu’un le suit. Il accélère le pas, respire de plus en plus fort dans son casque. Il arrive à la fin du couloir, abaisse la poignée de porte mais elle reste fermée. Le jeune homme n’ose pas se retourner et entend les bruits de pas s’approcher. D’un coup, il se fait plaquer contre le mur par le garde.

–    Bordel mais t’as envie de te faire repérer par tout le monde, chuchote une voix féminine de façon plutôt véhémente.

–    Mais.. je…

–    Chut ! J’ai senti ton stress à des kilomètres alors si tu ne veux pas te faire remarquer, t’as intérêt à te concentrer et te rappeler de pourquoi tu es là.

La garde ouvre la porte avec sa puce et repart aussi rapidement qu’elle est arrivée. Daniel ne sait pas du tout qui était cette femme, mais il parvient à se calmer légèrement. Il passe la porte, deux hommes sont assis sur le côté devant leur bureau. Daniel marche tranquillement devant eux et leur fait un petit signe de tête. L’un des hommes lève les yeux de son écran, puis continue à travailler. L’adolescent arrive au fond de la pièce et s’engouffre dans la salle des serveurs. Il sent une légère décharge électrique dans la main qui indique le début du téléchargement. Il évacue son stress en faisant des tours de la pièce, il y remarque d’ailleurs des caméras de surveillance mais il est maintenant trop tard pour paraitre innocent. Une deuxième décharge électrique informe Daniel que tout est terminé. L’infiltré n’a plus qu’une seule idée en tête : sortir de l’immeuble le plus vite possible. Il quitte la pièce et s’empresse de quitter le bâtiment. L’adolescent avance rapidement et évite les regards.

Arrivé jusqu’aux portails de sécurité sans souci, il continue son chemin jusqu’à revoir le chef de garde qui l’avait accosté quelques minutes auparavant.

–    Hey tu vas où comme ça, demande agressivement le garde.

–    On m’envoie sur une urgence, rétorque Daniel tout en continuant son chemin.

–    Revenez ici soldat !

Le jeune homme fait mine de ne plus entendre et commence à courir à la sortie du bâtiment. Il entend dans son dos un homme crier : « Arrêtez-vous tout de suite ou je tire ». Puis, après quelques secondes, il entend le bruit lointain des armes qui se chargent. Son pas s’accélère en direction du marché. D’un coup, Daniel sent une charge d’énergie frôler son épaulière dans un bruit assourdissant. Les gardes du bâtiment tirent plusieurs balles en essayant de viser l’adolescent. Les impacts manquent de peu les citoyens dans le marché tandis que Daniel se mêle à la foule. Il emprunte les petites ruelles pour semer ses poursuivants. Il enlève son armure et fouille dans une tente pour récupérer des vêtements. Le jeune homme arrive au niveau de la route et continue son chemin. En se retournant, il remarque que des gardes fouillent tous les passants dans la zone du marché et scannent leur puce électronique. L’un des hommes en bleu observe Daniel de loin puis se dirige vers lui d’un pas rapide. L’adolescent entend les pas se rapprocher rapidement et l’homme parler à sa radio. Une sirène retentit et les échos deviennent de plus en plus proches. Les pas de Daniel s’accélèrent mais insuffisamment. Le jeune adulte voit un van noir s’arrêter sur le bord de la route devant lui. La porte coulissante s’ouvre et un homme masqué tend la main. Daniel voit les gardes et la voiture se rapprocher derrière lui, alors il entre dans le van sans trop réfléchir.

–    Je ne m’attendais pas à ce que tu réussisses à sortir mais faudra bosser ta discrétion quand même, dit l’homme en enlevant son masque, révélant un visage relativement jeune avec une grosse barbe et de longs cheveux brun foncé.

–    Oh bordel, j’ai failli mourir ! Daniel se rend compte qu’il a été touché à l’épaule.

–    Ça veut dire que tu as fait un acte utile pour ce monde. Je me présente, je m’appelle Cody et je dirige la Résistance verte en attendant le retour de notre chef.

Daniel regarde par la fenêtre le reflet du véhicule sur les vitres des bâtiments. D’un coup, le van devient invisible, puis il commence à prendre de la hauteur et à ne plus toucher le sol. Daniel peut admirer la vue impressionnante sur la ville.

–    Wow, je n’ai jamais vu de technologie aussi avancée ! Où avez-vous trouvé cette voiture ?

–    On l’a construite. Nous avons des agents au Paradis qui nous ont ramené certaines des technologies de là-haut.

–    Vous pouvez aller au Paradis, s’étonne Daniel.

–    On pouvait plutôt, mais tu verras que notre organisation réserve beaucoup de surprises.

–    D’ailleurs, vous avez parlé d’un chef ? C’est qui, l’interroge Daniel.

–    Il se fait appeler « l’Arbre ». Honnêtement, on ne le connait pas vraiment personnellement car il a toujours voulu protéger sa vie privée, mais c’est le meilleur homme que je connaisse. Malheureusement il a disparu il y a quelques années et on est toujours à sa recherche. Bon on est bientôt arrivés à la base.

–    La base ?

Le véhicule est maintenant très haut dans les airs et s’engouffre dans un épais nuage de pollution. Après plusieurs secondes d’obscurité, Daniel perçoit une énorme forme lumineuse. C’est une sorte de porte-avion volant grâce à plusieurs hélices réparties sur toute la longueur de la plateforme.

Le van s’amarre à la base et les portes de la voiture s’ouvrent. Daniel accède à un lieu spectaculaire. Après un couloir où s’alignent plusieurs véhicules du même style, il arrive dans le hall principal. Des dizaines de personnes travaillent derrière des ordinateurs, tandis qu’une salle de réunion surplombe le hall. Il y a une énorme table ovale avec plusieurs chaises de bureau. Contre le mur, un siège en bois impressionnant s’élève au-dessus du reste de la pièce.

–    Votre QG est tellement incroyable !

–    C’est ta maison aussi, tu fais partie de la cause maintenant. Félicitations, soldat.

–    Wow. Merci, répond Daniel tout en grimaçant. Au fur et à mesure que l’adrénaline diminue, il sent une vive douleur irradier son bras. Cody s’en aperçoit vite.

–    Ton épaule a l’air bien brûlée, je vais t’amener à l’infirmerie.

Tous deux quittent le hall en empruntant un autre couloir. Les salles se succèdent. D’abord, il y a un réfectoire, puis une salle de sport. Des bruits étouffés se font entendre alors qu’ils passent à côté de la salle d’entrainement au tir. Daniel ne sait pas où regarder tellement il est curieux de tout explorer. A présent, la peur l’a quitté. Il semble avoir trouvé des personnes qui poursuivent le même but que lui, et tout cela par hasard !

D’un coup, l’adolescent sent une main sur son épaule valide et se retourne. Il voit une personne en armure bleue et fait deux pas en arrière de peur et de surprise.

–    Alors tu as réussi à en sortir entier ? Je n’aurais pas misé là-dessus, dit une voix que Daniel reconnait immédiatement. C’est la femme qui a l’a aidé à pénétrer dans la salle des serveurs.

–    On a quand même dû lui sauver les fesses à la sortie, rétorque Cody en riant.

La femme enlève son casque et révèle un visage souriant, de longs cheveux roux attachés en chignon et des yeux verts.

–    Moi c’est Mina. Désolée de ne pas t’avoir aidé davantage mais je ne pouvais pas risquer que mon infiltration soit compromise.

–    Je… euh… salut, bégaie Daniel qui ne sait pas quoi répondre.

–    Je vais récupérer les informations que tu as réussi à obtenir. Il faut que je les envoie à l’analyse pour les décrypter.

La jeune femme prend la main de l’adolescent pendant un instant afin que les documents soient transférés dans sa puce.

–    D’ailleurs c’est quoi ces informations, questionne Daniel.

–    On espère que ce sont les emplacements de toutes nos anciennes caches que le gouvernement a réussi à repérer. Malheureusement, on a perdu notre base de données sur les lieux de celles-ci lors d’une attaque il y a plusieurs années, explique Cody.

–    Bon moi je dois y aller. A bientôt. On se verra peut-être quand tu commenceras ton entrainement ici, les interrompt Mina avant de retourner à ses occupations.

Les deux hommes continuent alors leur chemin et arrivent du côté des dortoirs. Ils entrent dans une pièce où des infirmiers installent Daniel sur un lit d’hôpital avant de s’occuper de sa blessure. Daniel est extenué par la journée qu’il vient de vivre et il devine que les prochaines ne s’annoncent pas plus calmes. Il ferme les yeux et s’endort rapidement dans l’infirmerie.

Enfer
Stéphane Schmied
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