Oikos a proposé durant la Global Entrepreneurship Week une conférence sur le sujet de l’entreprenariat dans une optique de développer la durabilité. Ils ont invité Margaux Peltier, jeune entrepreneure, afin d’en apprendre plus sur ce que c’est de lancer une start-up dans le domaine de l’énergie renouvelable.
Margaux Peltier est la CEO et l’une des cofondatrices d’Enerdrape, une start-up qui vise à contribuer à la transformation énergétique d’une manière innovante.
À la suite d’un projet de recherche lors de ses études à l’EPFL, Margaux réalise qu’elle tient une idée prometteuse et décide de se lancer. C’est ainsi qu’elle décide de monter une start-up afin d’apporter sa pierre à l’édifice. Aujourd’hui, son entreprise Enerdrape est une jeune Spin-Off de l’EPFL avec à son actif une solution technologique mature et patentée.
Enerdrape a en effet développé un système de panneau high-tech qui est en mesure de puiser l’énergie thermique de tout environnement sous-terrain et de l’exploiter avec une pompe thermique pour chauffer ou refroidir un bâtiment ou un quartier.
Alors qu’un système de géothermie classique nécessite de forer un profond puits afin de capter assez de chaleur, les panneaux d’Enerdrape peuvent être installés dans n’importe quelle structure souterraine afin de capter à travers ses murs la chaleur de la terre.
La solution d’Enerdrape est brillante d’un point de vue technique et possède un fort potentiel : elle est modulable et convient donc à des petites ou grandes installations et peut être intégrée dans différent types de bâtiments, neufs ou anciens.
Cette simplicité peut par exemple motiver un propriétaire d’immeuble qui songe à passer à une source de chauffage durable mais qui hésite à entreprendre le forage pour un système géothermique classique.
Bien sûr, c’est aussi le potentiel écologique du projet qui motive la CEO. « S’il y a quelque chose qui m’agace, c’est que quand on parle d’énergie durable, tout le monde pense à l’électrique. Alors qu’une grande partie de l’énergie consommée est de nature thermique ». En effet, le chauffage et l’eau chaude correspondent à peu près à 36% de la consommation d’énergie Suisse – et c’est là que Enerdrape peut avoir un véritable impact.
Car si on parle beaucoup de la nécessité d’augmenter massivement la production d’électricité renouvelable, il ne faut pas oublier que toutes les chaudières à Mazout devront aussi être remplacées.
Face à la question de l’aspect durabilité et obsolescence de ses panneaux, Margaux Peltier répond « C’est bien sûr un aspect important. Avant qu’on installe notre produit, il n’y en avait pas un autre qui pourrait encore être non-obsolète, et puis nos installations sont là pour longtemps, on parle quand-même de longues durées de vie dans le domaine des bâtiments ».
Si le potentiel est là, il reste toujours des améliorations à réaliser. « Au début on voulait des matériaux entièrement réutilisables, issus de sources durables – on a réalisé que c’était extrêmement difficile, et si on a dû faire des compromis pratiques, cela reste l’un de nos objectifs ».
Bien sûr, être la Prométhée de son domaine n’est jamais évident, on fait face à des réticences culturelles.
« La construction, c’est une industrie conservatrice. On a toujours fait comme ça, il ne faut surtout pas changer – on regarde le nouveau avec suspicion ». Cela les met dans une position curieuse : une start-up qui communique auprès de ses clients prospectifs sur l’aspect prouvé par l’expérience de son produit du fait que sa technologie est basée sur des principes connus depuis longtemps.
Margaux Peltier rajoute : « On a la particularité d’être une start-up high-tech avec un cycle de vente d’un an ».
Quand on lui demande comment c’est de revenir en arrière sur ces premières années d’entreprenariat, la réponse est claire.
« C’est sûr que c’est très différent qu’un travail en tant qu’employé. Il y a quelquefois où on en a marre, des moments difficiles. Maintenant c’est clair, cette start-up c’est mon bébé et je ne voudrais pas la lâcher ».
Enerdrape est encore une jeune entreprise, mais elle dispose d’une équipe solide, et en tant que pionnière de la géothermie, elle a le vent en poupe.
Marius Gobet
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