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Être une femme coûte cher

Dans l’histoire de l’Humanité, l’importance de l’égalité des genres n’a peut-être jamais été autant soulignée qu’aujourd’hui. L’émancipation féminine a atteint des niveaux jamais vérifiés auparavant et oriente l’attention de la société vers des valeurs jusqu’alors ignorées. Le XXIe siècle a marqué un changement de paradigme dans ce que signifie être une femme et l’impact du genre féminin dans l’histoire de notre civilisation. Actuellement, nous sommes plus compréhensifs et plus réactifs lorsqu’il s’agit de défendre les droits des femmes. Toutefois, si les signes de changement sont encourageants, il reste encore beaucoup à faire. Notamment dans le domaine économique.

Il existe certains stéréotypes sur les femmes. L’un d’entre eux affirme que les femmes dépensent plus d’argent que les hommes. Mais est-ce vraiment vrai ? En tout cas, les dernières recherches statistiques réfutent cette idée. Elles montrent que le problème réside plutôt dans le prix du panier de la femme, qui, pour les mêmes articles que le panier de l’homme, est plus cher.

La taxe rose

On l’appelle la « taxe rose », ou Pink Tax dans la langue de Shakespeare. En réalité, cette taxe n’existe pas réellement. Il s’agit d’un concept politico-économique qui vise à expliquer l’inflation du prix des articles destinés au public féminin. La référence à la couleur rose est à la fois assez évidente et stéréotypée.

En résumé, la taxe rose explique que lorsque l’on compare deux produits identiques, dont la seule différence est le positionnement du marché cible, c’est-à-dire les femmes plutôt que les hommes, le produit sera en règle générale plus cher chez les femmes.

En 2015, le Department of Consumer Affairs de New York, aux États-Unis, a publié une étude sur cette question. Les prix de 800 articles très similaires, vendus séparément aux hommes et aux femmes, ont été analysés. Les résultats montrent que dans 42 % des cas, les produits destinés aux femmes étaient plus chers que ceux destinés aux hommes. En moyenne, les femmes doivent sortir 7 % de plus d’argent de leur porte-monnaie que les hommes pour acheter des articles semblables.

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Source: New York City Department of Consumer Affairs

Pourquoi cela arrive-t-il ?

La théorie la plus acceptée par les spécialistes du domaine pour tenter d’expliquer la cause de ce phénomène se dirige vers l’élaboration d’une simple stratégie marketing. En effet, elle explique que les femmes étant, en règle générale, plus impulsives et émotionnelles dans l’acte d’achat, cela entraîne une plus grande réceptivité lorsqu’il s’agit de payer un prix plus élevé pour les produits, augmentant ainsi le bénéfice des entreprises qui voient dans les femmes une cible plus intéressante et rentable.

Cependant, dans une étude publiée en 2019 et réalisée par Acorns et la chaîne de télévision américaine CNBC, cette théorie s’effondre. En fait, les chercheurs sont arrivés à la conclusion que bien que près de 90 % des hommes et des femmes fassent parfois des achats impulsifs, près de 25 % des hommes ont déclaré avoir déboursé plus de 100 $ la dernière fois qu’ils ont fait un achat impulsif, contre seulement 16 % des femmes.

Produits d’hygiène féminine gonflés

C’est aussi important de rappeler que la taxe rose n’est pas la seule discrimination commerciale fondée sur le genre. Un autre cas flagrant et largement médiatisé dans le monde est la question de la « taxe tampon », c’est-à-dire une taxe prélevée sur les produits d’hygiène féminine. Des millions de femmes dans le monde sont confrontées à la pénurie de produits d’hygiène, à la hausse des prix et aux préjudices liés à la menstruation. Certains pays comme le Royaume-Uni et l’Australie ont récemment supprimé cette taxe. D’autres pays envisagent de suivre la même voie.

En Suisse, plusieurs tentatives ont été faites pour soumettre cette question au Parlement, à savoir la diminution de la TVA actuelle de 7,7 %, considérée comme le taux normal, à 2,5 %, considérée comme le taux réduit.

Cependant, il y a une assez importante entrave financière. Le passage de la TVA sur les produits d’hygiène féminine à 2,5 % entraînerait une réduction des recettes pour les caisses de l’État d’environ 50 millions de francs par an. À l’heure actuelle, la proposition de réduction d’impôts est toujours en « phase d’attente » du verdict du Conseil des États.

Les porte-monnaies des femmes sont doublement lésés

Ces types de taxes, comme la taxe rose ou la taxe tampon, sont encore plus déraisonnables si l’on considère que les femmes reçoivent historiquement moins d’argent que les hommes. Cette discrimination salariale entre les genres est au centre du débat public depuis très longtemps dans la plupart des pays du monde. Bien que cet écart de rémunération entre les genres se réduise progressivement, il reste paradoxal qu’en moyenne, les femmes gagnent moins que les hommes et doivent payer plus qu’eux.

Ecart salarial entre femmes et hommes

Une question de bon sens

Tant que le marché continuera à perpétuer cette discrimination des prix entre hommes et femmes, et que les acteurs politiques continueront à ignorer la situation, c’est aux consommateurs d’essayer d’appliquer une stratégie d’intelligence financière.

Dans la mesure du possible, il est conseillé aux femmes de choisir des produits destinés aux hommes ou des produits neutres. Il est surtout recommandé d’acheter des produits de marques qui n’appliquent pas la taxe rose, car de cette manière, il sera possible d’économiser, à long terme, d’importantes sommes d’argent et mettre un frein à l’enrichissement d’industries discriminatoires.

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Gonçalo Sousa Ramos
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