Retour sur la conférence « (In)égalité femmes-hommes pendant la crise sanitaire »

À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le Bureau de l’égalité de l’UNIL a organisé un événement en ligne intitulé « (In)égalité femmes-hommes pendant la crise sanitaire ». L’objectif de cette présentation-discussion était de dresser un constat de l’impact de la crise du Covid-19 sur les rapports socio-économiques femmes-hommes. Pour ce faire, Marieke Voorpostel, sociologue et responsable de recherche FORS, est venue présenter les résultats d’une étude portant sur l’impact du Covid-19 sur la situation des ménages en Suisse pendant le confinement du printemps de l’année dernière. Pour rappel, FORS, le Centre de Compétences Suisse en Sciences Sociales, est une structure visant à favoriser la recherche sur les inégalités et les changements sociaux en Suisse. Basée à l’UNIL, cette structure regroupe notamment le Panel suisse de ménages, dont s’occupe notamment Marieke Voorpostel, et qui a commandé l’enquête.

La date de la conférence marquant la Journée internationale des droits des femmes ainsi que l’anniversaire du premier confinement, l’opportunité d’en apprendre plus sur ces deux problématiques m’a évidemment intéressé. Même avant la publication des résultats de l’étude, j’avais déjà un fort apriori sur le fait que la crise du Covid-19 et ses conséquences avaient eu un impact négatif sur la condition des femmes en Suisse. Et comme l’a très bien exprimé la chercheuse Marieke Voorpostel, l’étude menée par le Panel suisse de ménages permet de clarifier les quelques doutes qui pouvaient encore subsister. En soulignant tout de même que la situation réelle est toujours plus complexe qu’on se l’imagine.

Des résultats sur le travail des femmes

Tout d’abord, ce que l’enquête démontre, c’est que la crise du Covid a surtout contribué à exacerber des inégalités qui existaient déjà. Et pour les femmes, c’est surtout sur le marché du travail qu’elles ont été le plus touchées.

Ce sont principalement les travailleuses indépendantes qui ont le plus été impactées par les mesures sanitaires. Les femmes étant bien plus présentes dans les postes dits « de contact » (psychologue, aide à domicile, enseignante, etc.), ce sont elles qui ont davantage vu leur temps de travail diminuer pendant le confinement. En effet, il est passé de 30 heures à seulement 10 pour les femmes, et de 43 à 32 heures pour les hommes en moyenne.

Si la mise en place de mesures favorisant le travail à domicile est censée permettre à la population de continuer à pratiquer une activité professionnelle et de réduire l’impact du confinement, force est de constater qu’en moyenne, les femmes ont eu moins d’opportunités d’y recourir. La faute est due à plusieurs facteurs.

Tout d’abord, les femmes étant plus représentées dans les métiers dits « essentiels », il y a eu moins de possibilités pour elles de travailler à domicile. Et pour celles qui ont quand même pu y avoir recours, si leur ménage était composé d’enfants en bas âge, leurs capacités à rester actives ont été elles aussi restreintes. En effet, chez les femmes, la possibilité de travailler est beaucoup plus dépendante de la situation familiale. Avec la fermeture des garderies, la charge de s’occuper des enfants s’est souvent faite davantage au détriment des mères que des pères au sein d’un même couple.

Globalement, l’augmentation du chômage a aussi été plus importante chez les femmes que les hommes, surtout dans le secteur d’activité secondaire. Notons tout de même que, dans ce cas-là, c’est moins le genre que le niveau d’éducation qui en est la cause plus directe.

Des opportunités d’égalité

Je pense qu’il est important de préciser que la présentation de Marieke Voorpostel n’a pas uniquement consisté en une série de statistiques déprimantes sur la condition des femmes. Même si, par effet d’accumulation, la situation peut sembler désespérante. Pour Marieke Voorpostel, il y a dans la crise du Covid-19 et le confinement un potentiel pour plus d’égalité. Typiquement, au sein des ménages, les hommes se sont plus impliqués qu’habituellement dans les tâches ménagères et familiales. En effet, une fois un couple confiné à domicile, la pression chez le partenaire pour faire sa part dans l’entretien du logement se fait beaucoup plus grande. Et malgré les inégalités persistantes dans la majorité des situations, l’étude montre aussi que, dans les ménages où les deux partenaires avaient un même niveau d’activité professionnelle, la répartition des tâches était quasi égalitaire pendant le confinement.

Des inégalités qui persistent

Comme exprimé en début d’article, cette conférence n’a pas fondamentalement bouleversé l’idée que je me faisais de la situation. Les périodes difficiles ont toujours eu pour effet de ralentir les progrès sociaux au sein de la société. Mais les différents graphiques et statistiques apportés par la chercheuse Marieke Voorpostel ont toutefois été révélateurs, notamment en ce qui concerne le rôle fondamental de l’éducation et de l’accès à l’emploi dans la réduction des inégalités. Ce n’est pas pour rien si ce sont les femmes ayant un emploi qualifié à plein temps qui auront le mieux – ou le moins mal – vécu la pandémie. Cela nous rappelle une fois de plus qu’il est important de continuer à œuvrer pour un meilleur accès à l’éducation et à l’emploi pour toutes les femmes qui le souhaitent.

 

2020-Portrait-Armin
Armin Azarmehr
Cliquez sur la photo pour plus d’articles !

 

Dans la même thématique, la rédaction vous propose les articles suivants :

Réussir la transition écologique selon le WWF
– Jean Loye –

Women Leaders Night
– Mariela Bonifaz –

Retour sur la conférence Growth = e-digital de la GEW
– India Simmenauer –