Chaque année, l’association Christophe Pralong, soutenu depuis 2021 par le prix Cadot, remettent deux prix d’une valeur de 10’000 CHF chacun à des étudiants réalisant un projet social, entrepreneurial ou académique dans un pays émergent. Ces prix veulent encourager chaque étudiant à se consacrer aux problèmes de développement dans le monde.
Après avoir mis à l’honneur des projets comme « Prévenir les conflits en favorisant l’empowerment des femmes » en 2021 ou encore « Des lunettes de soleil pour les Afars d’Ethiopie » en 2020, ce 10 octobre l’association se consacre aux trois projets lauréats de 2022.
Pour introduire la soirée, Laetitia Fatio, directrice de l’Association des Alumni HEC et Rafael Lalive, vice-doyen de la recherche à HEC Lausanne nous énoncent les trois dimensions qui tiennent à cœur à l’Unil et tout particulièrement à HEC Lausanne : les notions de digitalisation, durabilité et diversité. Ces valeurs et aspirations se lient parfaitement à celles de l’association Christophe Pralong qui a soutenu plus d’une vingtaine de projets estudiantins depuis 2007 dans différents domaines.
Ensuite Christian Filippini, secrétaire général de l’Association du prix Christophe Pralong, nous raconte l’histoire émouvante du fondateur, étudiant à HEC Lausanne de 1978 à 1981 et ancien Alumni HEC. C’est grâce aux bénévoles, aux étudiants motivés et aux sponsors qu’autant de projets ont pu voir le jour pour « rendre le monde un peu meilleur ».
Puis Haja Rajaonarivo, Président de l’Association des Alumni HEC, remercie tout d’abord leurs partenaires et réitère leur engagement pour les Prix Pralong et Prix Cadot. Il remercie finalement les étudiants et lauréats 2022 pour leur motivation et leurs projets enrichissants.
Yasmina Lotfi, lauréate du Prix Cadot 2022
La première Lauréate du prix Cadot, Yasmina Lotfi, est doctorante en psychologie à l’Université de Lausanne. Pour la réalisation de sa thèse, traitant des raisons et des conséquences de l’excision en Suisse et en Egypte, elle a besoin de moyens financiers afin de mener à bien ses recherches.
L’excision est l’ablation rituelle et non thérapeutique de tout ou d’une partie des organes génitaux externes de la femme. Cette pratique est présente dans certains pays d’Afrique, d’Asie et du Moyen-Orient et représente environ 200’000’000 de femmes dans le monde. Yasmina Lotfi se concentre sur l’Egypte car 91,1% des femmes y sont excisées.
Dans le cadre de sa thèse, Mme Lotfi s’intéresse aux conséquences physiques mais surtout psychiques et sexuelles de cette pratique, souvent réalisée en alignement à certaines croyances ou certains préjugés : rendre la femme fidèle et esthétique. Lors de ses voyages au Caire, elle multiplie les interviews avec des femmes excisées mais également avec des médecins et chirurgiens réalisant cette pratique. Les résultats préliminaires révèlent certaines oppositions à cette pratique mais aussi la place importante du mari et de la pression sociale, et une certaine lassitude des générations excisées.
Le prix Cadot a permis à Yasmina Lotfi de couvrir l’essentiel des frais de voyage, des frais de traduction, des frais d’interprétation des données, mais également de possiblement poursuivre l’aventure après sa thèse au vu de la nécessité d’offrir des soins psychologiques aux jeunes filles égyptiennes qui endurent ces pratiques.
Loïc Merzlic, lauréat du Prix Cadot 2022
Étudiant en Master en fondements et pratiques de la durabilité à la Faculté des Géosciences et de l’Environnement de l’Université de Lausanne, Loïc Merzlic s’inscrit pour le concours afin de financer son projet « Adapter les outils de formulation des projets de développement aux réalités autochtones en Amérique latine – Perspectives genevoises et vécus Emberas en Colombie ».
Ce projet s’inscrit tout d’abord dans le cadre de son travail au sein du Mouvement pour la Coopération Internationale (MCI) puis dans le cadre de sa thèse de Master visant à comprendre les rapports de pouvoir entre ontologie politique moderne et relationnelle dans la coopération internationale au travers des enjeux environnementaux. Il a donc réalisé une étude de cas sur le projet de surveillance territoriale et protection des sites sacrés dans les territoires Emberas de Chigorodó en Colombie.
Pour de son projet, Loïc Merzlic a pu compter sur la collaboration du Cabildó Mayor Indígena de Chigorodó, un organisme public représentant les communautés autochtones de la région. Le prix lui a permis de financer son voyage et ses importantes recherches sur le terrain.
L’étudiant n’étant pas présent durant la soirée, son projet a été moins développé.
Aurélie Monnier et Loïc Zen-Ruffinen, Lauréats du Prix Pralong 2022
Etudiante en Bachelor en économie d’entreprise de la HEG du Valais et étudiant en Master Finance à HEC Lausanne, le duo que forme Aurélie Monnier et Loïc Zen-Ruffinen créé, grâce au financement du Prix Pralong et à un crowdfunding, une entreprise de serviette hygiénique réutilisable : KaribuPads.
Le projet vise à réduire la précarité menstruelle des jeunes femmes dans les zones rurales de la région d’Iringa en Tanzanie. Cela aura donc un impact positif sur l’éducation, la santé et la vie quotidienne de centaines de femmes qui n’ont pas la possibilité d’acheter des produits hygiéniques ou qui ressentent une honte lorsqu’elles les jettent aux ordures.
Après avoir organisé un partenariat avec l’ONG RDO pour avoir accès à l’eau dans les villages concernés, Aurélie Monnier et Loïc Zen-Ruffinen aident 300 jeunes femmes en leur fournissant des produits hygiéniques. Pour que le projet soit durable, ils décident également de former 30 femmes et 3 professeur-e-s à la confection de leurs KaribuPads afin de leur permettre d’améliorer localement les produits mais surtout permettre à ces femmes d’avoir une indépendance financière.
L’aventure leur a déjà permis de distribuer leurs produits dans quatre villages où ils ont également encouragé la discussion sur les cycles menstruels et la fertilité et ont tenté de briser le tabou et la forme de honte qui subsiste autour des règles.
Conférence de Nicolas Suter, Alumni HEC 1995, membre du board de Mercy Ships Switzerland.
Mercy Ships est une Organisation Non Gouvernementale et humanitaire fondée en 1978 à Lausanne par Deyon et Don Stephens. Elle déploie des navires hôpitaux bénévoles et offre des opérations chirurgicales ainsi que des formations continues médicales et des soutiens pour les systèmes de santé locaux. L’organisation a compté dans sa flotte l’Anastasis, de 1978 à 2007, rééquipé pour l’aide médicale d’urgence. Depuis 2007, c’est l’Africa Mercy qui opère sur l’eau, construit cette fois pour de la planification et des séjours longs. Un projet d’un troisième bateau est en cours, le Global Mercy.
L’organisation a pour mission d’offrir des soins sûrs et gratuits, des formations en soutenant et en collaborant avec les acteurs de santé et gouvernements locaux. Leur objectif premier est de transformer les vies et aider les pays hôtes à rehausser leurs systèmes de santé.
Mercy Ships bénéficie de la mobilité et de l’autonomie d’un navire mais cela implique également que les chirurgies opérées sur le bateau ont un suivi limité. Les bénévoles exécutent alors des chirurgies générales (par exemple retirer une tumeur), des chirurgies ophtalmiques, des chirurgies maxillo-faciales, des chirurgies gynécologiques (reconstruction des parties génitales), des chirurgies plastiques reconstructives (pour grands brûlés), des chirurgies orthopédiques ainsi que des soins dentaires.
Ensuite, Nicolas Suter nous explique également le planning du bon déroulement d’un projet. Tout d’abord, leurs équipes se chargent de signer un protocole d’engagement avec les gouvernements (Libye, Benin, Togo, Madagascar, Cameroun, …). Ils doivent ensuite évaluer les besoins de la population locale et planifier les opérations tout au long de leur séjour. C’est seulement après ces deux premières étapes que le navire accoste et que les chirurgies et les formations commencent. Les équipes suivent enfin le projet afin d’anticiper les futures étapes si besoin et/ou possibilité de réitérer l’expérience. L’étape finale consiste à évaluer l’impact du passage de Mercy Ships.
Pour clore la soirée, Laetitia Fatio lance un appel à projet pour tous les étudiants de Bachelor, de Master, de MBA ou de Doctorat de l’Université de Lausanne, de l’EPFL ainsi que des autres facultés des Universités de Suisse romande voulant participer au concours du Prix Pralong et Prix Cadot.
Les étudiant-e-s motivé-e-s ont jusqu’au 15 décembre 2023 pour soumettre leur projet à l’organisation qui les inscrira aux deux concours.
Le jury jugera alors les projets en fonction de leur pertinence et de leur faisabilité. Les objectifs doivent également être clairs et durables. Les inscrits devront avoir un partenaire local ainsi qu’un plan afin de se rendre dans le pays concerné par leur projet.
Ces Prix Christophe Pralong et Olivier Cadot changent la vie de beaucoup de personnes mais également la vôtre. Alors si vous avez envie de vivre cette opportunité unique et d’en sortir plus mature et grandi, postulez sur le site du Prix Christophe Pralong.
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