La Suisse, leader mondial de la finance durable

La crise climatique est sans discussion l’un des défis majeurs de notre siècle. Tous les domaines de la société s’en trouvent impactés, y compris les milieux économiques. Pour faire face à ces défis, la finance durable se présente comme une solution viable pour une croissance économique durable. La Suisse se place même comme l’un des acteurs majeurs dans le domaine. Alors entre promesses et Greenwashing, qu’en-est il de la vraiment ?

Présentation

On entend par «finance durable» ou «sustainable finance» toute forme d’activité financière qui intègre les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) dans les décisions commerciales ou d’investissement. Elle rassemble trois concepts : la finance solidaire, responsable et verte. Le but principal étant de diriger les flux financiers vers des activités durables. Le protocole de Kyoto (1997) est à l’origine de ce principe. Il prépare en effet le terrain pour une économie durable en définissant les mécanismes de la finance en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

L’exemple le plus connu de finance verte est sans doute l’obligation verte (ou “green bond”), un emprunt finançant la transition écologique : barrage hydraulique, installations photovoltaïques. Ces solutions se veulent pragmatiques dans la mesure où elles n’impliquent pas de changements majeurs dans notre système économique capitaliste.

Face aux défis et opportunités de la finance verte, certains États prennent des mesures pour renforcer ces tendances. Les institutions suisses jouent un rôle de leader dans ce domaine, notamment grâce aux promesses du gouvernement.

Objectifs 2050

En 2019, le Conseil fédéral (CF) a placé comme objectif de réduire à zéro les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050. Cela fait suite à la ratifications des Accords de Paris. Pour aboutir, ce projet largement ambitieux doit être soutenu par les milieux économiques et financiers.

En décembre 2022, le CF a aussi adopté un rapport sur la durabilité de la place financière suisse. Ce dernier décrit 15 mesures phares pour consolider le rôle de la Suisse dans ce domaine. “L’économie réelle est le principal levier pour passer à une économie durable […] En l’espèce, les services financiers ont clairement un rôle de facilitateur.” Ces mesures vont de la récolte de données sur la durabilité à la tarification concrète de la pollution.

L’Office fédéral de l’environnement (OFEV) et le Secrétariat d’État aux questions financières internationales (SFI) ont par ailleurs donné la possibilité à toutes les caisses de pensions et assurances de Suisse de faire vérifier gratuitement et sur une base volontaire si leurs portefeuilles d’actions et d’obligations d’entreprises étaient compatibles avec les enjeux climatiques. Les initiatives étatiques ne s’arrêtent pas là. En effet, la confédération suisse a récemment émis son premier emprunt vert pour un montant de 766 millions de francs. Avec des offres totalisant 974 millions de francs, l’intérêt pour ce nouvel instrument a été remarquable.

Toutes ces actions sont naturellement louables, mais la menace d’écoblanchiment plane sur nous.

Greenwashing

Le greenwashing (ou « écoblanchiment ) est une stratégie de communication et de marketing adoptée par des entreprises ou autres organisations. Elle consiste à mettre en avant des arguments écologiques pour se forger auprès du public une image éco-responsable, alors que la réalité des faits ne correspond pas, ou insuffisamment, à la teneur explicite ou implicite des messages diffusés.

Le Conseil fédéral souhaite contrôler ce phénomène en faisant en sorte que les produits financiers annoncés comme durables soient compatibles avec au moins un objectif de durabilité spécifié ou s’ils contribuent à la réalisation d’un tel objectif. La mise en œuvre de cette mesure est complexe. Un groupe de travail dirigé par le Département fédéral des finances traite actuellement cette question. Ils présenteront leurs propositions d’ici le mois de septembre 2023.

Face aux belles promesses des institutions financières, c’est à chaque individu de se responsabiliser et de se renseigner sur nos investissements. Il est de notre devoir de comprendre ce que nous finançons et quelles sont les conséquences de nos actes.

Julien Savoy
Julien Savoy
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Sources (cliquez sur les titres pour en savoir plus)

Finance durable – Confédération suisse

Définition finance durable

Rapport Finance durable en Suisse – Champs d’action 2022-2025 en vue d’assurer à la place financière une position de leader en matière de développement

Le Conseil fédéral entend prévenir l’écoblanchiment sur le marché financier

La Confédération a émis avec succès son premier emprunt fédéral vert

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