Lundi dernier, l’association étudiante EPFL Racing Team a organisé un événement sur le thème de la durabilité dans le sport automobile. Le président, Savinien Semeria, a ouvert la conférence en nous donnant plus d’informations sur l’association, ses activités et ses projets. Ensuite, l’équipe de durabilité a pris la parole lors de la table ronde.
L’EPFL Racing Team en quelques mots
Cette association compte plus de 100 étudiants de l’EPFL et participe à la compétition automobile étudiante internationale Formula Student. Chaque année, l’association conçoit et développe une voiture de course électrique pour participer à cette compétition. Ils ont obtenu de très bons résultats l’an dernier, avec 3 victoires et 2 podiums. L’objectif pour les étudiants est de mettre en pratique ce qu’ils ont appris à l’EPFL dans le domaine de l’automobile, en fonction de leurs domaines d’études. C’est également un excellent moyen de se former au travail d’équipe et de contribuer à un projet d’envergure.
Le but de la team durabilité
L’EPFL Racing Team est la première équipe de Formula Student en Europe à avoir intégré une équipe de durabilité. Leurs objectifs sont d’évaluer l’empreinte environnementale de leurs activités, d’améliorer ces activités grâce à l’analyse du cycle de vie, de fournir des rapports qui aideront d’autres équipes à prendre conscience des enjeux importants, et enfin, de sensibiliser les membres de l’association, ainsi que d’autres personnes, aux problématiques durables dans le domaine de l’automobile, ce qui était l’objet de l’événement.
Table ronde sur le thème : « Sport automobile et durabilité : Un avenir commun ? »
La table ronde était animée par Hugo Fenoli-Rebellato, responsable de l’équipe de durabilité. Elle était organisée en trois grandes parties : une brève présentation des intervenants, de leurs activités et de leurs intérêts, un échange sur des questions préparées à l’avance, et enfin des questions posées par le public.
Les intervenants
Les intervenants étaient choisis pour allier théorie, pratique et technique. Le Professeur Mario Paolone, spécialiste des systèmes électriques à l’EPFL, était présent, ainsi qu’Alessandra Cilberti, responsable technique de la FIA pour la Formula E et chef de projet Gen3. Frédéric Bertrand, PDG et directeur de l’équipe Mahindra Racing, un groupe indien qui se concentre sur la production de voitures électriques et participe à la Formule E, était également présent. Enfin, Alex Thouvenin, co-fondateur et directeur général de Maffi Racing, une jeune écurie suisse basée à Genève, dont l’objectif est de se positionner en F4 en utilisant des technologies de pointe tout en promouvant l’inclusion et la diversité.
Les grandes thématiques
À la suite de la présentation des intervenants, s’en sont suivi les questions préparées auquel chacun pouvait exposer son point de vue et son expertise.
La première question concernait le rôle du sport automobile dans le combat du réchauffement climatique grâce à l’innovation. Les progrès réalisés dans le domaine des voitures électriques ont été soulignés, tels que l’évolution de la puissance d’accélération et les avancées au niveau des batteries, comme l’a mentionné Mario Paolone. En dehors de la question des batteries, il est également important de prendre en compte le cycle de vie des différents composants de la voiture. Alessandra Cilberti a souligné qu’il était crucial d’y réfléchir dès la conception. Frédéric Bertrand a rappelé que les mentalités avaient considérablement évolué, ce qui représentait un grand pas vers l’innovation. Au début des discussions sur les voitures électriques, la sensibilisation aux problématiques environnementales était bien différente. La technologie était loin d’être aussi avancée qu’aujourd’hui, mais l’idée est de changer les normes et les mentalités. De son côté, Alex Thouvenin a parlé de la technologie immersive pour permettre aux pilotes de s’entraîner différemment et ainsi réduire presque complètement l’impact environnemental de leurs entraînements. Selon lui, il est difficile d’envisager que la Formule E devienne la norme dans le sport automobile pour répondre aux attentes variées du public et remplacer les disciplines historiques du sport automobile.
La deuxième thématique portait sur l’impact du sport automobile sur la planète et les moyens de le réduire. Alessandra Cilberti a expliqué que la FIA travaillait sur l’impact environnemental global des Grands Prix, et que contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’impact le plus important ne vient pas des voitures elles-mêmes, mais plutôt des infrastructures liées à l’événement. Il est donc impératif d’optimiser la logistique. C’est pourquoi la FIA met en place des systèmes de kits de matériel, par exemple, présents dans différentes régions du monde, ce qui permet de ne pas déplacer tout le matériel à chaque fois, mais seulement dans les régions concernées. Mario Paolone a fait remarquer aux étudiants qu’il s’agissait de questions d’optimisation et qu’il était très important de former les étudiants à la durabilité dans tous les domaines. Alex Thouvenin a challengé les autres intervenants en leur demandant s’il était judicieux de créer de nouveaux circuits urbains alors que d’autres existent déjà. Frédéric Bertrand a expliqué que l’idée derrière ces circuits urbains était de tirer parti des infrastructures urbaines, telles que l’accessibilité qui pourrait être améliorée grâce aux transports en commun, par exemple. De plus, une fois les premières éditions de ces compétitions passées, le système éphémère pourrait être plus léger et plus rapide.
La dernière grande thématique portait sur le divertissement dans le sport automobile et la question de savoir s’il faudrait l’arrêter ou non pour réduire l’impact environnemental. Les quatre intervenants étaient unanimes. Selon eux, c’est l’un des rares sports qui peut à la fois divertir et être un moteur d’innovation.
Questions du public
Une sélection de questions du public a été posée pour approfondir certains points abordés lors de la table ronde ou pour aborder des questions plus générales. Le public a soulevé la préoccupation de l’impact environnemental désastreux du recyclage des batteries de véhicules électriques pour le moment. Mario Paolone a répondu en rappelant que d’énormes progrès avaient été réalisés et que d’ici quelques années, les batteries pourraient être entièrement recyclées. Il a ajouté que des avancées étaient déjà en cours en utilisant les pièces des anciennes générations de batteries pour produire les nouvelles.
Le public s’est également interrogé sur le rôle de l’hydrogène et sa place sur le marché. Selon les intervenants, il existe une forte opportunité pour ce type de carburant dans le futur. Il est essentiel de garder toutes les possibilités ouvertes, et cela offre une opportunité de proposer de nouvelles gammes de véhicules et des alternatives à la voiture électrique.
En conclusion, les étudiants ont eu le dernier mot. Les intervenants ont souligné l’importance pour nous de réfléchir à notre impact sur les générations futures et de mener nos actions dans une perspective de durabilité. Il est essentiel d’être formés aux enjeux de durabilité afin d’avoir les bons outils pour faire face aux défis actuels et futurs.
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