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Pourquoi l’Histoire se répète-t-elle ?

Introduction

Pourquoi dit-on que l’Histoire se répète ? Une théorie hautement contestée pourrait apporter un élément de réponse. Cette théorie est la « Strauss-Howe Generational Theory » inventée par William Strauss et Neil Howe. Cette théorie propose que différents événements historiques – révolutions, forte confiance ou méfiance des institutions – se répéteraient dans le temps, dû à une récurrence générationnelle d’archétypes de personnalité. En bref, chaque archétype générationnel, au fur et à mesure qu’elle vieillit et occupe une position différente dans la société, donne naissance à une nouvelle ère appelée tournant.

Le cycle des tournants

Chaque tournant dure 20 à 25 ans et comporte un climat social, politique et économique propre. Un saeculum, qui veut dire « une longue vie humaine » en latin, dure 80 à 100 ans et est composé de 4 tournants. La périodicité du cycle des tournants est due à des changements générationnels. Au fur et à mesure qu’une génération vieillit et occupe une position différente dans la société, les croyances et comportements, « l’ambiance sociétale », changent. Un changement de tournant est caractérisé par ce changement « d’ambiance ». Il existe donc une relation symbiotique entre les événements historiques et les archétypes générationnels : les événements historiques modèlent et sculptent une génération lors de leur enfance, puis cette génération modèle et sculpte l’Histoire durant leur vie d’adulte.

Au cœur de cette théorie est l’idée d’un aller-retour entre deux types de périodes : des périodes de crises et des périodes d’éveil. Ces deux périodes sont des moments où la population observe des changements radicaux de leur environnement social dus à des événements historiques. Les périodes de crises sont marquées par un soulèvement de la population où la société souhaite réorganiser le monde externe des institutions (l’État, les Universités, les médias) et du comportement « public ». Les périodes d’éveils sont marquées par un renouveau culturel ou spirituel où la société souhaite réorganiser le monde interne des valeurs et du comportement « privé ».

Les 4 tournants sont l’ivresse, l’éveil, le dénouement et la crise. Ces 4 tournants se répètent à travers le temps, comme les saisons.

L’ivresse

Le premier tournant, qui est l’ère qui succède une crise, est « l’ivresse ». Durant cette période d’ivresse, les institutions sont fortes et l’individualisme est faible. C’est-à-dire qu’on fait confiance au gouvernement, aux banques centrales, aux médias ; et un sentiment d’appartenance à une collectivité règne. La société est collectivement confiante en sa direction. Cependant, les citoyens en marge de la société, ceux qui ne rentrent pas facilement dans les cases majoritaires, se sentent étouffés par cette conformité.

L’éveil

Après cette période d’ivresse vient le tournant de l’éveil. Durant ce tournant, les institutions sociétales sont attaquées au nom de l’autonomie personnelle et spirituelle. Juste alors que la société atteint un sommet de progrès socioéconomique, les citoyens ne souhaitent plus exercer le même niveau de discipline qui leur a permis d’atteindre ce pic. En effet, la population souhaite retourner vers une ère plus authentique, spirituelle et consciente. Méditant sur le tournant de l’ivresse qui a récemment pris fin, la jeunesse de l’éveil déclare ce tournant comme ayant été une ère d’austérité cultuelle et pauvreté spirituelle. Ils souhaitent un élargissement des esprits et une fin des « cases » poussant à la conformité.

Le dénouement

Après avoir attaqué les institutions et critiqué la conformité durant l’éveil, vient ensuite le dénouement où l’ambiance générale pourrait être décrite comme étant l’opposé de l’ivresse. Les institutions sont faibles et la population ne leur fait plus confiance. En parallèle, l’individualisme est fort et florissant, le conformisme est bas. Durant le dénouement, la société souhaite s’atomiser et profiter, chacun à sa manière.

La crise

La crise est une ère de destruction, parfois allant jusqu’à la guerre ou la révolution. Durant cette période, les institutions existantes sont détruites puis reconstruites en réponse à une menace perçue de la survie de la nation. Après la crise, les autorités publiques renaissent, l’expression culturelle et économique et redirigée vers le bien commun et la population commence à se sentir comme faisant partie d’une communauté plus large.

Les archétypes générationnels

Qu’est-ce qu’une génération ?

Comme dit plus haut, il y a une relation symbiotique entre les archétypes générationnels et les événements historiques. Un archétype générationnel est une collection de croyances et de comportements qui ne sont pas propres à une génération spécifique, mais qui se retrouvent dans différentes générations à travers le temps. Mais qu’est-ce qu’une génération ? Strauss et Howe définisse une génération comme étant une période d’environ 20 à 25 ans. Cette durée est environ équivalente à une phase de la vie. Pour faire partie d’une même génération, les membres doivent avoir trois caractéristiques communes. La première est d’avoir une position temporelle commune, d’avoir des croyances et comportements communs et d’avoir un certain sentiment d’appartenance à cette génération. C’est-à-dire que les membres d’une même génération doivent vivre différents événements historiques ou tendances sociétales clefs durant la même phase de vie, que ces événements clefs génèrent certaines croyances, et reconnaitre que ces croyances sont également tenues par d’autres.

Les prophètes

Les générations de prophètes sont des générations d’idéalistes. Elles ont vécu leur enfance durant une période d’ivresse, une période avec une communauté vibrante et un consensus autour d’un nouvel ordre sociétal. Les prophètes sont des enfants quelque peu gâtés par cette période post-crise. Militants et centrés sur eux-mêmes, ils deviennent de jeunes adultes durant une période d’éveil. Durant leur quarantaine, ils se focalisent sur des questions de moralité et de principes. Ils émergent finalement en tant qu’aînés guidant une nouvelle crise. Les baby-boomers seraient des prophètes.

Les nomades

Les générations de nomades sont des générations réactives. Elles vivent leur enfance durant un éveil, une période d’idéaux sociaux et spirituels où les jeunes adultes de cette ère attaquent l’ordre institutionnel établi. Les nomades grandissent libres, même parfois livrés à eux-mêmes durant cette période d’éveil. Ils émergent en tant que jeunes adultes aliénés : ayant peu d’intégration sociale et peu de valeurs communes. Ils atteignent leur quarantaine durant une nouvelle période de crise, et deviennent des leaders pragmatiques. Post-crise, ils deviennent des ainés résilients. La génération X seraient des nomades.

Les héros

Les héros sont des générations civiques. Ils vivent leur enfance durant un dénouement, une période de pragmatisme, d’autosuffisance et de laissez-faire, mais grandissent de plus en plus protégés par leurs parents. Jeunes adultes et pendant une période de crise, ils sont optimistes et ont un fort esprit d’équipe. Sur-confiants et énergiques durant leur quarantaine, ils deviennent des ainés exerçant un fort pouvoir politique et sont attaqués par la jeunesse d’une nouvelle période d’éveil. La génération Y serait des héros.

Les artistes

Les artistes sont des générations adaptables. Ils vivent leur enfance durant une période de crise, une période où les dangers de l’époque réduisent la complexité sociale et politique en faveur d’institutions agressives, d’un consensus généralisé et d’une population faisant des sacrifices personnels pour le bien commun. Ils grandissent surprotégés par des adultes préoccupés par la crise en cours. Ils deviennent de jeunes adultes socialisés et conformistes d’une période d’ivresse, puis des leaders quarantenaires orientés processus et exécution. Ils deviennent des aînés réfléchis et pensifs durant une période de dénouement. La génération Z serait des artistes.

Conclusion

La génération Y, née entre 1982 et 2004, serait des Héros ayant grandis durant une période de dénouement. La génération Z, née entre 2005 et aujourd’hui, serait des Artistes grandissant en période de crise. D’après cette théorie, nous serions donc actuellement en période de crise et qu’elle aurait commencé aux alentours de 2005.

Est-ce que vous trouvez cette théorie intéressante ? Est-ce que vous vous retrouvez dans les descriptions des archétypes ? Est-ce que vous trouvez que les événements d’aujourd’hui sont bien décrits par le tournant de la crise ? Personnellement, je trouve qu’elle permet assez bien d’expliquer ce que je vois autour de moi, mais le danger de ce genre de théorie est de distordre nos perceptions pour les faire accorder avec la théorie.

A prendre avec un grain de sel.

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Tyler Kleinbauer
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