Enfer et Paradis chapitre 5

 

 

Dans une grande maison blanche, se trouve un adolescent en train de dormir. Il est couché dans un énorme lit au milieu d’une chambre relativement espacée. Les murs sont des sortes de baies vitrées, on peut y voir la neige tomber et des montagnes blanches. Le jeune adulte se réveille et appuie sur son bras. Le mur change et la neige se transforme en plage au bord de l’eau. Il ouvre les yeux sous le doux son des vagues. Il va dans la salle de bain et se regarde dans le miroir. C’est un jeune relativement petit, il est métis, les yeux clairs et les cheveux bleus étincelants tirés vers l’arrière. Il prend sa douche et enfile ses vêtements. Il porte un ensemble blanc, presque brillant, plutôt serré.

• Lucas, le repas est prêt, dit une voix masculine à la porte.

Le jeune sort de sa chambre et descend les escaliers rejoindre ses parents. Il arrive au salon et s’installe à la table. Son père récupère le repas à la porte puis l’apporte avec les assiettes. La mère est assise et au téléphone pour le travail.

– Alors ça se passe bien ces premières semaines de travail ? Ça te plaît de faire partie de la garde paradisiaque ?, demande le père.

– Ça va, je m’y plais plutôt bien mais ce n’est pas vraiment ce que j’imaginais.

– On lui avait dit de faire dans la politique terrienne, comme son père ou comme moi, et d’être responsable du contrôle des natalités, répond brusquement sa mère en raccrochant son appel.

– Je ne dirais pas ça. Il vient seulement de commencer. Il doit encore prendre ses marques.

– J’attends de voir combien de temps il va rester.

Lucas est silencieux durant cette conversation, il finit son déjeuner avant de retourner dans sa chambre. Il installe son armure au-dessus de sa tenue blanche. Les protections sont de la même couleur, avec un léger effet doré scintillant. Il enfile aussi son casque qui couvre le haut de la tête ainsi que les côtés mais reste ouvert au niveau du visage. Il y a de petites ailettes en plume d’or vers les oreilles tandis qu’un logo représentant le soleil orne le plastron.

Il redescend les escaliers et sort de la maison. Il arpente le petit chemin de dalles au milieu du gazon parfaitement coupé et des petites fleurs de toutes les couleurs décorant l’allée. Un véhicule automatisé l’attend juste devant chez lui. La porte papillon de la voiture s’ouvre et Lucas s’engouffre à l’intérieur. Il s’assoit sur la sorte de canapé au milieu et se sert un verre d’eau. L’écran devant lui s’allume et diffuse les informations sur ce qu’il se passe au Paradis. Sur un autre téléviseur, Lucas reçoit ses ordres du jour. Aujourd’hui, il va devoir patrouiller avec sa collègue Joséphine et sous la supervision d’Alexandre, le garde étoilé de sa section. La voiture scanne la santé de Lucas et donne son rapport : il a des légères palpitations à cause du stress. Il ne s’inquiète pas, cela vient sûrement du fait qu’il a la pression pour son nouveau travail.

Il arrive au bureau de protection de la population et va voir son superviseur.

– Votre tenue n’est pas parfaitement alignée, dit Alexandre avec dédain.

– Merci de votre conseil.

– Et je trouve que votre couleur de cheveux n’est pas en adéquation avec l’armure.

– Vous avez probablement raison, répond Lucas, irrité.

– Aujourd’hui, nous allons faire un tour vers le quartier du nuage. Je vous demande d’avoir une prestance exemplaire. Les habitants là-bas ont une classe supérieure à la moyenne dont vous faites partie, dit-il à Lucas et Joséphine.

Les trois gardes prennent leur arme, une sorte de longue lance, capable de paralyser grâce à son bout électrique et pouvant servir de fusil-laser. Ils se dirigent vers leur voiture de fonction, du même style que celle ayant amené Lucas ce matin, mais avec des bandes de couleurs bleues et or.

La voiture se balade dans le quartier avant qu’une alarme ne retentisse. Une lumière rouge clignote dans le véhicule alors qu’il change de direction brusquement. Le panneau de contrôle indique qu’une habitante a appelé la garde pour un conflit avec un voisin. Arrivant sur place, les gardes se séparent. Lucas va parler avec la voisine qui a appelé tandis que Joséphine et leur supérieur vont interroger l’autre voisin.

L’homme à la chevelure bleue demande des explications sur la situation.

– Je suspecte mon voisin de vouloir m’humilier, raconte la femme assez âgée.

– Comment ça ?

– Vous voyez son gazon ?

Lucas se retourne et balaie le jardin du regard. La femme continue :

– Son gazon est d’un vert bien plus chatoyant que le mien !, répond la femme d’un air irrité.

– Hein ? Lucas essaie de comprendre le problème.

– Le voisin a toujours été jaloux de moi et il veut m’humilier en montrant à tout le monde que son herbe est plus belle.

– Mais… je ne pense pas que…

La femme s’énerve encore et coupe la parole du garde :

• Et je suis sûr qu’il utilise des produits chimiques illégaux, vous devriez faire des tests et vérifier !

Lucas en a visiblement marre, et trouve une excuse pour échapper à la conversation. Il retourne vers son groupe. Son supérieur calme le jeu avec l’autre voisin, tandis que sa collègue prélève des échantillons du gazon. Ils retournent au véhicule et continuent leur ronde pendant le reste de la journée.

Lucas arrive chez lui en fin de soirée. Il va s’enfermer dans sa chambre et active le mode repos. Les murs affichent une ambiance relaxante avec l’affichage et le bruit d’une cascade en forêt. Après une bonne nuit de sommeil bien mérité, il va dans la salle de bain pour se laver le visage. En regardant dans le miroir, il voit une sorte d’ombre très étrange. La forme bouge, puis disparaît totalement. Lucas se retourne et recule de surprise. Il remarque un jeune homme couché au sol et évanoui. Lucas ne comprend absolument pas comment la personne s’est retrouvée là. Il le porte et va l’allonger sur le canapé dans la chambre. Malheureusement, il n’a pas vraiment le temps de réfléchir à ce qu’il devrait faire et doit aller au travail. Il ne sait pas comment il racontera cela à ses parents. Il laisse alors l’homme dormir dans sa chambre et se dirige vers le centre de garde pour commencer sa ronde habituelle avec, de nouveau, son supérieur Alexandre et Joséphine.

Leur premier appel est pour aider un chat coincé dans un arbre. Ils arrivent dans le quartier concerné et se dirigent vers l’arbre. Le chat est coincé sur une branche assez frêle à plusieurs mètres du sol. Il est tétanisé et ne bouge plus du tout. Lucas se propose pour grimper dans l’arbre, mais son supérieur refuse et ordonne d’attendre qu’un camion élévateur arrive. Le jeune homme remarque que le chat commence à glisser de plus en plus sur la branche et risque de tomber à tout moment. Il décide alors d’outrepasser ses ordres et commence à escalader l’arbre. Il arrive à la hauteur du chat et essaie de le calmer avant de le prendre par le bras. Lucas descend lentement les branches. A quelques mètres, son pied glisse et il tombe brusquement. Il tient le chat fermement contre lui et roule à la réception pour amortir la chute. Le voisinage applaudit le sauvetage, tandis qu’Alexandre se rapproche pour lui faire une remontrance verbale. Le supérieur fait bien attention à garder le sourire pour donner une bonne image aux passants. Lucas essaie de le raisonner en lui expliquant pourquoi il a agi directement. Malheureusement, il sent bien que ses bonnes intentions ne vont pas changer la réaction de son chef, et retourne au véhicule. Il sent son supérieur s’excitant derrière lui.

– Garde ! Votre dos est sale. Vous avez tâché la tenue officielle des gardes paradisiaques.

– D’accord, j’ai compris. Je la nettoierai pour demain.

– Non, le mal est déjà fait et vous êtes viré avec effet immédiat du corps des gardes du Paradis.

– Comment ça ?, répond Lucas, qui n’est pas sûr d’avoir correctement compris.

– Ne pas avoir une tenue correcte est une infraction majeure dans notre règlement.

– Mais qu’est-ce que c’est que cette blague ?

– Salir sa tenue, c’est salir les valeurs qu’elle représente.

– Mais cela a sûrement dû arriver quand je suis tombé de l’arbre.

– Une action dont vous êtes le seul responsable.

Lucas est bouche bée et recherche du regard sa collègue Joséphine pour une aide potentielle. Malheureusement, elle reste à l’écart afin d’éviter tout problème.

– Nous allons directement à votre appartement pour que vous nous rendiez toutes les affaires liées à la garde.

Lucas reste silencieux et s’installe dans la voiture qui se dirige vers chez lui. Arrivé à la maison, le supérieur explique qu’il va lui-même récupérer les affaires malgré les refus de Lucas. Ils rentrent dans la maison devant les yeux médusés de la famille qui ne comprend pas la situation. Sa mère quitte la pièce en lui lançant un regard plein de dédain. Ils montent les escaliers, mais Lucas se rappelle qu’il y a une personne inconnue inconsciente dans sa chambre. Il ne sait pas vraiment comment réagir mais sait qu’il doit agir avant que son supérieur ne découvre l’homme. Il se rend compte qu’il pourrait avoir de gros problèmes, surtout qu’il ne saurait même pas expliquer de quelle façon il est arrivé là. Lucas passe alors devant et se précipite dans la chambre avant de la fermer à clé. Il va vers l’homme qui semble toujours inconscient. Il essaie de le réveiller en le secouant et en lui donnant de petites baffes. Cela semble marcher légèrement, mais la personne reste inconsciente. Alexandre crie d’ouvrir la porte. Après quelques secondes, il essaie de forcer la porte. Lucas continue de réveiller l’homme alors qu’il entend son supérieur demander de l’aide à la radio. Il porte l’inconnu vers la salle de bain.

– T’es arrivé par là je ne sais pas comment, mais maintenant il faut vraiment que tu partes !

Des coups de pied-de-biche retentissent contre le mur qui ne semble pas encaisser les chocs facilement. L’inconnu commence à ouvrir les yeux sous le bruit ambiant. Il semble totalement perdu devant Lucas, lui aussi bien perturbé. Après un moment, l’inconnu semble comprendre que la situation est complexe. Il commence à fixer étrangement le miroir. Lucas soutient l’inconnu qui est toujours très faible. Les deux personnages voient une ombre apparaître et se rapprocher. Ils se concentrent sur cette forme …

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