Les super-héros DC et Marvel existent maintenant depuis des décennies, voire bientôt un siècle et ils sont devenus des éléments indispensables de la culture populaire. Faisant leur première apparition dans les bandes dessinées, nous maintenant sommes habitués à les voir chaque année au cinéma et beaucoup d’entre nous ont passé leur enfance à regarder les dessins animés de Spiderman, X-men ou tout autre super-héros. Bien que pouvant être considéré enfantin par certains, ils incarnent souvent en vérité des sujets de société plus sérieux.
L’émergence des super-héros lors des grandes crises financières
Il existe une relation significative entre la popularité des super-héros et les grandes crises financières : le genre super-héros est en effet l’héritage de la Grande Dépression. Ce n’est pas une coïncidence si Superman a fait sa première apparition en 1938 et Batman en 1939 après la Grande Dépression. L’émergence de ces premiers super-héros était la réponse du monde de la bande-dessinée à la misère dans laquelle se trouvait le peuple américain à cette époque.
La période de la Grande Dépression avait évidemment entrainé la pauvreté qui avait à son tour considérablement augmenté le taux de criminalité aux États-Unis. En parallèle au monde réel, on peut observer que les ennemis de Superman et Batman dans les toutes premières bande-dessinées étaient des groupes de bandits, la mafia ou des braqueurs de banque et non des vilains avec des histoires complexes qui semblaient être surgis d’un film de science fiction. Les thèmes dans les bandes dessinées illustraient donc parfaitement les circonstances de l’époque.
Mais pourquoi est-ce pendant la Grande Dépression que les super-héros sont nés? La réponse la plus intuitive serait de dire qu’ils permettaient au peuple américain de s’échapper de la réalité. Les bandes dessinées étaient une forme de divertissement pas cher (10 cents par magazine à l’époque) et c’était le moyen le plus adéquat pour s’évader du monde réel qui n’était pas du tout plaisant. Mais la meilleure réponse qu’on peut apporter à cette question est l’espoir que rétablissent les super-héros chez les masses. Leur lutte contre le mal et les situations difficiles qu’ils affrontent nous encouragent à continuer notre propre combat dans la vie malgré tout. Ce qui est important aussi, c’est que tout le monde peut s’identifier à un super-héros. Batman n’est peut-être pas le super-héros qui est le plus parlant pour les personnes issues des milieux défavorisés mais, par exemple, Superman l’est un peu plus : même s’il est originaire de Krypton, il a grandi avec une famille de classe populaire dans une ferme au Kansas. Le fait que ce soit un super-héros quasi invincible peut donner de l’espoir aux personnes qui ont des origines modestes.
Ce n’est pas non plus une coïncidence si les films de super-héros ont atteint une popularité mondiale incroyable après la crise des Subprimes en 2008. Comme lors de la Grande Dépression, les gens avaient besoin des super-héros pour se divertir d’abord mais aussi pour leur donner de l’espoir parce que des millions de personnes avaient perdu leur travail et s’étaient appauvris.
Contrairement à ces périodes difficiles, les super-héros ont perdu leur popularité pendant les périodes où tout allait bien. Quand le rêve américain était à son apogée et que l’économie américaine était en plein boom, les publicateurs de bande-dessinées se trouvaient dans des situations difficiles parce qu’il y avait de moins en moins de demande pour les super-héros. En 1956, beaucoup de petits publicateurs de bandes-dessinées ont dû fermer. On n’avait pas besoin de super-héros à cette époque-là : le bien-être social était déjà très élevé.
Les super-héros : des personnages politiques
Les origines de plusieurs super-héros reposent sur des événements du passé et du climat politique de l’époque dans lequel ils ont été créés.
L’exemple le plus flagrant de ces super-héros est Captain America qui a été créé en 1940 pendant la Seconde Guerre mondiale. Vêtu d’un costume ayant les couleurs du drapeau américain, ce super-héros est vraiment une création politique comme l’affirmait Joe Simon, son créateur. Ce personnage patriotique était utilisé comme un instrument de propagande et ses bandes-dessinées étaient envoyés aux soldats américains à travers l’océan pour remonter leur moral.
La Guerre froide a fait gagner un nombre important de super-héros à la culture populaire. Parmi ceux-là on trouve notamment Iron Man, Hulk et the Fantastic Four.
Iron Man était conçu comme un héros qui luttait contre le communisme et son armure très sophistiquée représentait la supériorité technologique des États-Unis face à ses ennemis.
Hulk est la plupart du temps considéré comme une représentation des scientifiques pendant la Guerre froide : la guerre avait transformé un domaine noble comme la science (représenté par Bruce Banner) en une monstruosité (Hulk).
Les thèmes qui sont connotés à la Guerre froide comme la science nucléaire, l’espionnage et la course à l’espace étaient excessivement présents dans les récits de super-héros des années 60.
Les X-men qui sont créés en 1963, en plein milieu du mouvement américain des droits civiques, sont composés de jeunes mutants exclus de la société, ce qui est une métaphore des minorités, notamment des afro-américains. Le leader des X-men, le Professeur X serait la représentation de Martin Luther King et le leader d’un autre groupe de mutant, Magneto, serait la représentation de Malcolm X. Or, le Professeur X a une attitude plus pacifique et défend l’idée que les humains et les mutants peuvent coexister ensemble tandis que Magneto utilise des moyens violents pour défendre la cause des mutants.
La diversité chez les super-héros
Pendant longtemps, le profil du super-héros était celui de l’homme blanc bien qu’il y ait eu des super-héros qui ont cassé ce cliché comme Wonder Woman ou le Black Panther. Aujourd’hui, les super-héros viennent d’horizons de plus en plus variés au plan ethnique, religieux et sexuel (surtout du côté de Marvel). En 2011, Miles Morales, un personnage ayant des origines latino et africaines a été créé afin de remplacer Peter Parker en tant que Spiderman tout comme Riri Williams (un personnage féminin noir) qui a été créé en 2016 pour remplacer Tony Stark en tant qu’Iron Man. Ces personnages ne sont pas les seuls à sortir du profil de l’homme blanc, il en existe bien d’autres comme Kamala Khan, super-héroïne d’origine pakistanaise de confession musulmane.
Selon certains, la présence de différentes ethnies et sexes dans les histoires de super-héros est une bonne chose parce qu’elle permet de créer une meilleure connexion avec les personnages pour certains lecteurs. Selon d’autres, ce multiculturalisme n’est rien d’autre qu’un processus qui est en train de tuer le genre du super-héros traditionnel. La question est toujours débattue.
Les super-héros sont donc comme un miroir de la société : ils suivent toujours les mouvements de cette dernière et portent la trace des évènements qui ont marqué l’être humain au cours de ce dernier siècle. Maintenant il reste à voir comment la pandémie que nous sommes en train de traverser affectera les super-héros. Il est évident qu’on a de nouveau besoin des super-héros plus que toujours pour surmonter les problèmes de cette période difficile. Les super-héros doivent nous aider à nous divertir alors nous sommes la plupart du temps cloués à la maison, mais aussi à garder notre espoir face à un futur qui semble si ambigu.
Dans la même thématique, la rédaction vous propose les articles suivants :
Sources images :
https://en.wikipedia.org/wiki/Batman#/media/File:Detective_Comics_27_(May_1939).png https://en.wikipedia.org/wiki/Captain_America#/media/File:Captain_America_Comics-1_(March_1941_Timely_Comics).jpg https://en.wikipedia.org/wiki/Miles_Morales#/media/File:First_image_of_miles_morales_spider_man.jpg