La fondation Jean Monnet pour l’Europe a organisé une conférence à propos des hautes écoles face aux grands enjeux européens et globaux le 5 octobre dernier. Durant cette rencontre, le Directeur de l’université de Lausanne ainsi que le Vice-recteur de l’Université de Genève se sont exprimés sur les lignes directrices guidant ces deux grandes universités suisses pour les années à venir.
Prof. Hermann, Recteur de l’Université de Lausanne
Le prof. Hermann a décomposé la stratégie de l’UNIL pour les prochaines années en cinq points clefs ; le premier consistant en la transition écologique :
Il est important dans ce contexte que les institutions académiques prennent leurs responsabilités à ce sujet et ce, notamment à travers l’enseignement. L’UNIL propose dans ce but environ 200 cours liés à la durabilité et ce dans toutes les facultés (HEC nouvellement inclus avec un cours obligatoire instauré durant la réforme du Bachelor). Il existe également 16 centres de recherche sur la durabilité ayant pour but de trouver des moyens d’accélérer cette transition tant nécessaire au sein de notre institution. Le but étant d’utiliser une approche participative pour diminuer l’impact environnemental des activités sur les différents sites universitaires.
Le deuxième point clef est celui de la Santé & Environnement où l’objectif est de se focaliser sur une « santé durable » qui comprend la nutrition, l’environnement et l’activité physique, et ce pour toutes les personnes fréquentant le campus.
Un troisième enjeu traité concerne le Numérique et les nouvelles Technologies où nous constatons l’importante numérisation de l’enseignement depuis la pandémie de Covid-19. L’intention est d’utiliser ce qui a été appris pendant la crise du Covid-19 et de l’intégrer au domaine pédagogique. Attention toutefois à ne pas délaisser une présence physique sur le campus au profit de capsules vidéo, empêchant une meilleure collaboration entre les étudiant.e.s et chercheur.e.s. L’importance grandissante de l’intelligence artificielle dans le cadre académique affecte également la manière d’enseigner et d’étudier. La façon précise d’aborder ce bouleversement reste encore ambiguë pour le rectorat de l’UNIL.
L’enjeu suivant est celui de l’Égalité, Diversité & Inclusion consistant à garantir une parité totale entre hommes et femmes ainsi que l’inclusion des minorités dans la communauté universitaire. L’accent est particulièrement porté sur la prévention et répression des harcèlements et agressions.
Finalement, le dernier point clef consiste en la place et l’impact de la science dans la société. Cet aspect est particulièrement mis en avant par le hub entrepreneurial de l’UNIL permettant une collaboration accrue entre différents partenaires de la société civile et l’université.
Une université tournée vers le monde
M. le Recteur de l’UNIL mentionne également dans son discours la considérable augmentation du nombre d’étudiants en 10 ans (+40%) rendue notamment possible par l’introduction de nombreux cours en anglais. Cependant, le nombre d’espace dévolu à l’accueil de ces étudiant.e.s n’a quant à lui évolué que de 12% durant ce même laps de temps. La proportion d’étudiants étrangers à Lausanne se monte ainsi à 20% tandis qu’elle se porte à 54% pour les chercheur.e.s étrangers.
Concernant les étudiant.e.s de l’UNIL, ceux-ci sont 15% à partir en échange durant leurs études, ce qui n’atteint pas l’objectif des 25% de la convention de Bologne. Il est cependant important de noter que l’exclusion de la Suisse des programmes européens Erasmus rend plus difficile la mobilité étudiante. Celle-ci reste néanmoins possible grâce à la conclusion de partenariats individuels avec différentes universités européennes et mondiales. L’introduction du nouveau programme CIVIS regroupant onze partenaires académiques en Europe cherche également à augmenter le nombre d’échanges à l’étranger.
Prof. Berthet, Vice-recteur de l’Université de Genève
M. le Vice-recteur commence son discours en tenant quelques propos sur les institutions universitaires en général. Celles-ci ont en tout temps réussi à s’adapter aux environnements et à servir les sociétés dans lesquelles elles évoluent. Aujourd’hui, le monde est devenu global, très connecté et interactif et par conséquent, les universités doivent s’adapter avec rapidité aux changements de leur environnement.
Les solutions résident dans l’interdisciplinarité
D’ailleurs, on remarque que les défis planétaires dont les universités font parties, se résolvent par des approches interdisciplinaires. Ceci se fait par le croisement des savoirs entre les institutions. Il faut remarquer l’importance des institutions dans les enjeux globaux car elles préparent les étudiants à affronter les défis de demain. Le rôle des institutions est donc crucial et doit pousser les étudiants à contribuer dans la société pour agir face aux défis planétaires. L’interaction entre la société civile et académique est donc primordiale, comme c’est le cas pour l’université de Genève. De plus, de nombreux autres objectifs sont similaires pour l’UNIGE à ceux présentés par le prof. Hermann. Ceci se justifie par une volonté de cohésion entre les universités romandes voulu dans le cadre de l’alliance du triangle AZUR constitués des universités de Genève, Lausanne et Neuchâtel.
Le prof. Berthet note également que la part d’étudiants étrangers se monte à 60% dans le cas de Genève.
Finalement, en ce qui concerne les attentes générales vis-à-vis de l’UNIGE, il en ressort deux principales :
La première consistant à préparer les étudiants à sortir de leur zone de confort en tentant de quitter leur domaine de formation, sachant que beaucoup d’entre eux ne travailleront pas forcément dans celui-ci.
La deuxième étant de ne pas négliger la recherche fondamentale au profit de la recherche appliquée, même si cette première ne permettra pas d’apporter de solutions à des problèmes concrets dans le futur proche.
Elias Kerbage et Lucía Andrés Jiménez
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