Guide de l’étudiant égaré III : Ecrire sa propre histoire

Introduction

Il est très probable que vous vous souveniez de votre premier jour à l’université. Un nouveau départ, de nouvelles opportunités. Vous gagnez en autonomie, vous commencez à sortir du noyau familial, vous devez faire des choix comme celui de l’allocation de votre temps ou de la façon dont vous étudiez. Qu’est-ce qui manque ? Vous avez plus de temps pour vous et vous êtes plus productifs, ce qui vous permet de passer vos années Bachelor puis Master. Qu’est-ce qui vous manque ?

Dans cet article, vous allez découvrir la chose la plus importante à développer durant vos années universitaires : votre identité.

 

Pourquoi trouver une activité à côté de l’université

On vous l’a sûrement déjà répété maintes fois, avoir une activité à côté du Bachelor augmente vos chances de trouver le travail de vos rêves. Lors d’entretiens d’embauche, on parle souvent de soft skills, de compétences transverses, d’expériences complémentaires. À CV égal, c’est vrai qu’une entreprise aura tendance à embaucher quelqu’un qui a plus de compétences que les autres postulants, mais le raisonnement va plus loin.

Remettons en contexte ce concept, les activités en dehors de l’université, que ce soit du volontariat pour une associations caritative ou un club sportif, un travail partiel ou pendant les vacances, ces activités montrent vos intentions et vos passions. Faire du bénévolat pour des enfants de milieux défavorisés, ce n’est pas juste coordonner des activités pour des enfants. C’est aussi une preuve que vos valeurs et votre satisfaction personnelle découlent d’aider ces enfants, par exemple.

Attention, j’aimerais qu’un point soit particulière bien compris. Vous ne devez pas faire une activité JUSTE parce qu’elle montre aux recruteurs que vous êtes une bonne personne. Vous devez faire quelque chose car vous êtes intrinsèquement motivé par son accomplissement. Certains d’entre nous ont commencé à faire HEC sans idée exacte de leurs objectifs futurs. Dans ce cas, il n’y a pas de problème, car vous vous êtes sûrement rendu compte qu’HEC était le choix qui vous ouvrait le plus de portes, ou qui vous enseignait le plus de sujets différents pour ensuite trouver la bonne voie pour vous. Ce choix est légitime, car congruent avec votre envie d’apprendre des compétences utiles pour choisir un métier qui vous intéresse. À l’inverse, trouver un job étudiant dans le domaine de la santé à côté de son Bachelor HEC alors que vous n’aimez pas aider les gens serait une très mauvaise idée. Car, même si vous voulez peut-être travailler plus tard dans le domaine de l’économie de la santé, vous aurez consciemment fait quelque chose qui ne vous plaisait pas. Je n’ai pas besoin de préciser que ce type d’activité ne sera pas une source de plaisir pour vous. En faisant des choix d’activités qui ne sont pas congruents avec vos valeurs, vous devenez moins efficace et moins satisfait en faisant ces activités. Vous faites donc quelque chose, non pas parce que vous le voulez mais parce que vous sentez que ça pourrait sûrement être important pour votre futur.

 

Hackez votre cerveau

Lisez ce paragraphe avec attention car il n’est complexe qu’en apparence, et très important pour comprendre la suite. Voici la règle : être consistant dans ses choix est crucial pour renforcer son sentiment d’identité. En d’autres mots, être inconsistant menace notre intégrité, et être constant dans les valeurs qui définissent nos choix renforce la satisfaction qu’on a en faisant la tâche. Par exemple, admettons que chaque jour vous triez vos déchets ménagers et mettez chaque petite peau de banane dans un compost. Vous allez à votre travail, et on vous propose deux alternatives dont la deuxième comprend une solution qui protège l’environnement. Vous allez avoir plus de facilité à faire le deuxième choix car vous avez l’habitude de faire ce genre de choix. Vous trouvez que la durabilité fait partie de vos valeurs. Le cas contraire fonctionne aussi : le dirigeant d’une société qui promeut l’utilisation du charbon pour chauffer tout et n’importe quoi se demande s’il doit trier son compost chaque matin. Il serait illogique de sa part de faire cette petite action si derrière il a un fort impact négatif sur le climat, ou alors la personne fait ça pour se donner bonne conscience.

Pour en revenir au premier discours, c’est pour cela que trouver les activités qui renforcent vos valeurs et votre identité est aussi important ; cela vous donne une stabilité infiniment plus grande que si vous ne faites rien, ou pire que si vous faites quelque chose qui ne vous plaît pas. Elle est une arme puissante dans vos prises de décisions, et elle donne un sens, une direction à prendre pour vos choix futurs.

 Life Hack 01 : Attention, à l’inverse, les discours internes comme : « je suis quelqu’un fait pour regarder le championnat de hockey toute la journée » peuvent devenir très dangereux. En effet, comme vu avant, cette réflexion va renforcer votre identité ; dans cet exemple, celle d’une personne paresseuse et qui ne veut pas sortir de sa zone de confort. Votre cerveau, par souci de cohérence, prendra de telles décisions dans d’autres parties de votre vie. « Vais-je enfin commencer mes révisions d’analyse de la décision ? – Mais non Nico, ton truc à toi c’est de regarder des matchs de hockey à la TV, tu ne vas pas commencer à travailler, non ? »

L’identité à travers les âges

Il n’y a encore pas très longtemps, les valeurs d’une personne étaient assez claires : religion, famille et travail. La religion donnait un sens à notre vie, elle dictait les valeurs essentielles à suivre pour être heureux, une ligne de conduite pour mener une vie de famille et un avenir professionnel clairement défini.

Aujourd’hui, il est beaucoup plus difficile de percevoir clairement nos valeurs. Nous sommes dans une société qui évolue rapidement et qui se détache de coutumes anciennes. Les anciens ne sont plus au milieu du foyer familial, mais envoyés dans les maisons de retraite et autres. Certains jobs n’ont plus de sens et l’argent que l’on dépense est destiné à des choses futiles. Nous pensons que c’est la consommation qui va nous rendre heureux, que ce soit de contenus vidéo ou d’objets matériels par exemple. Quand quelque chose ne va pas dans notre vie, plutôt qu’essayer d’en prendre conscience et d’améliorer la situation initiale, nous pensons qu’acheter la dernière nouveauté va nous donner une satisfaction qui compensera notre état de mal-être.

 

Qui êtes-vous ?

Dans ce chapitre vous allez imaginer trois étudiants HEC qui vivent des situations très différentes. Imaginez-vous à leur place.

Sulli, 24 ans, est un étudiant très costaud. Ses journées sont construites de façon très simple : il fait ses séries de microéconomie sans se poser de questions et il regarde des séries sur Netflix dès qu’il a fini. Sulli est très gentil et il est toujours prêt à aider un ami dans le besoin, mais il ne réfléchit pas très loin (normal, c’est Sulli) et ne sait pas ce qu’il fera plus tard dans la vie.

 Bob, 19 ans, part un peu dans tous les sens. Il a beaucoup d’énergie, qu’il consacre à des activités variées. Il aime la natation, la lecture, la peinture, la musique, le jardinage, travailler en maison de retraite. Mais il aime aussi beaucoup ses cours comme la comptabilité, le management et la finance. Le problème, c’est qu’avec ses dizaines de vies, Bob est un peu perdu. Il aime beaucoup de choses, mais il n’arrive pas à les relier à ses cours HEC. Ça l’embête beaucoup car il a vraiment envie de trouver un emploi qui lui plaît, mais il n’a juste pas d’idée de son orientation.

 Bouh a 22 ans. Contrairement à ses compères, elle sait exactement ce qu’elle veut faire dans la vie : elle veut être diplomate. Elle ne connaît pourtant personne qui fait ce métier, et se demande comment elle pourra réaliser ses objectifs. Elle est quand même active car elle a déjà rejoint une association universitaire, ce qui lui permet d’entraîner son travail d’équipe et sa prise de décision, tout en solidifiant ses bases culturelles et éthiques. Elle sait que ces atouts sont très importants pour la suite de sa carrière, mais elle veut trouver une autre façon de se rapprocher du métier de ses rêves.

Sulli 

Après une introspection, Sulli s’est rendu compte qu’une solution élégante s’offrait à lui : il s’est rendu compte qu’il aimait aider ses amis, mais aussi les gens en général. Il se dit que ses connaissances et ses contacts dans le monde du fitness peuvent lui permettre de créer son propre temple du fitness avec les compétences apprises à HEC. Il s’oriente vers des cours d’entreprenariat et de management, et ce qu’il étudie a maintenant un sens car il l’analyse sous l’œil d’un futur dirigeant d’entreprise. Il se rend compte que pour arriver à cet objectif, son habitude de regarder des films l’empêche d’être assez productif pour accomplir son rêve. Même si c’était un plaisir pour lui, ce n’était pas l’identité qu’il voulait se construire avec un mode de vie sportif, il diminue donc drastiquement sa consommation de séries TV (bravo Sulli !).

Bob

Tout d’abord, Bob devrait être conscient de l’existence du Centre de carrière HEC. Ensuite, il pourrait éventuellement regarder quelles sont les activités qui lui font le plus plaisir et en même temps qui peuvent lui apporter des compétences utiles dans le monde du travail. Peut-être que sa passion pour la musique peut l’amener à une carrière de producteur ou d’agent, peut-être que sa passion pour le jardinage lui donnera l’idée de monter son entreprise de paysagiste. Pour lui, tous les choix sont possibles, il peut même choisir une voie et changer après. Comme vous le voyez sur le schéma, la flèche rose indique que le passage entre ces deux états est dynamique : il peut être intéressant, après avoir changé de point de vue ou en récoltant de nouvelles informations, de remettre en question ces objectifs ou la façon d’y parvenir. Avoir des doutes sur ses objectifs arrive à tout le monde. On peut faire un mauvais choix ou juste changer d’avis, l’important, je pense, est de toujours avoir un objectif en tête, puis faire les choix qui poussent votre identité vers cet objectif.

Bouh

Pour Bouh, le problème est un peu plus simple. Elle doit s’informer sur ce domaine, rencontrer des gens qui ont la même passion et s’informer autour d’elle pour trouver des idées d’activités. Règle numéro 1 : oser poser des questions et discuter avec des étudiants, des Alumnis, le Centre de Carrière ou directement des compagnies privées.

Life Hack 02 : Ne négligez pas les associations étudiantes et le Centre de Langues dans les expériences que vous ferez à l’Université. Que ce soit en rejoignant une association ou en participant à leurs conférences (comme celle du Finance Club hier), vous aurez l’opportunité de réfléchir et d’apprendre avec d’autres collègues passionnés.

 

Exemples d’articles HEConomist qui ouvrent vos horizons

 Si vous êtes dans le cas de Sulli et que vous ne savez pas encore exactement quelles sont vos passions et vos intérêts, HEConomist rédige des articles qui mettent souvent en lien des cours ou alors des idées qui permettent de découvrir de nouveaux sujets. En voici une sélection.

Le triolet de Deborah qui met en lien le thème du sport et de la politique.

L’article de Sinan qui souligne la relation entre la création culturelle et les situations économiques dans le temps.

La compréhension de phénomènes politiques et sociétaux complexe avec l’exemple des USA par Sadjan.

L’art de la séduction de Sophie.

Conclusion

S’il devait y avoir un mot de fin pour ce triolet, il ressemblerait plutôt à ça : vivez votre vie d’étudiant comme une chance inédite d’apprendre. Sur les autres, sur les cours, sur soi-même. Avoir des bases saines maintenant, c’est pouvoir aborder la suite de votre aventure avec plus de force, plus de convictions, et plus d’intensité. J’espère que le titre de l’article fait plus de sens maintenant. Trouver qui vous êtes, avec vos valeurs et vos convictions, et créez l’histoire de votre vie. Tout ça peut commencer par un petit article d’un journal de l’université.

2020-Portrait-Nicola
Nicola De Paris
Cliquez sur la photo pour plus d’articles !

 

Dans la même thématique, la rédaction vous propose les articles suivants :

Retour sur la conférence de la GEW : « Du stress au burnout ; prendre soin de sa santé mental lorsqu’on est entrepreneur ! »
– Michaël Wegmüller –

New year, new me: how behavioral insights can help us achieve our goals
– Alejandra Fuentes –

Comment créer de la valeur dans un monde fini ? Table ronde de la soirée d’ouveture de la GEW
– Dilane Pinto –